Si je venais bien sûr à Aberdeen pour voir le festival de street art Nuart , j’ai bien entendu visité la ville de long en large et je suis ravie de partager avec vous quelques idées à la façon d’un city guide .
Je publierai ensuite bien entendu quelques adresses gourmandes comme c’est mon habitude ici 😋 Rappelez-vous je vous en avais livré pas mal pour préparer votre voyage à Dundee.
Sentir l’atmosphère du Old Aberdeen
Dès mon arrivée, j’ai rejoint le nord d’Aberdeen, bien à l’écart du centre, en bus, et j’ai découvert la vieille partie de la ville, où le temps semble s’être arrêté. Ce quartier avait auparavant une grande importance politique, religieuse, et culturel à la fin du Moyen-Âge. Fort bien entretenue et restaurée, on y trouve de nombreux bâtiments historiques de cette époque, mais aussi du XVIIème siècle, en granit gris, qui sont en majorité propriété de l’université. C’était un bourg indépendant jusqu’en 1891 et la zone a su conserver son atmosphère, avec des rues pavées (College bounds, High street, Don street, The Chanonry) charmantes, qui sont bordées de quelques cottages ou manoirs. Contrairement au centre ville, Il y a peu de commerces ou restaurants, sachez-le !
L’édifice principal à voir est King’s College , très imposant, vous ne pouvez pas le manquer ; on le reconnaît de loin à l’immense couronne en pierre qui coiffe la tour de la chapelle. C’est la plus ancienne université, fondée en 1495 ; on peut remarquer à gauche de l’entrée principale une sculpture en bronze et marbre, qui renferme la tombe du fondateur, l’évêque Elphinstone. Elle se trouvait auparavant dans la chapelle mais elle y tenait un peu trop de place et a été installée ici en 1946. Tout autour du tombeau sont figurées les vertus (prudence, justice, compassion, etc …). Cet évêque a joué un grand rôle dans la création de ce bourg indépendant.
Le « nouveau » bâtiment de King’s College sur cette photo ci-dessous à gauche (« new » signifiant qu’il est un peu moins ancien que l’autre (il date de 1913), mais pas forcément moderne !). On y trouve des salles de réunions et de lecture. Devant, une statue représentant un jeune homme semi-allongé, près de Elphinstone Hall, baptisée « Youth With Split Apple » (il a en effet une pomme coupée dans la main ; l’auteur est Kenny Hunter.
Quand je vous disais que c’était calme …. la preuve ci-dessous ! A droite vous pouvez distinguer entre les arbres les tours du Powis Gate , sortes de minarets d’inspiration turque, qui gardent l’entrée de ce qui était la propriété de Hugh Leslie de Powis en vers 1800. Vous pourrez voir que les tours sont surmontées d’un croissant, symbole qui faisait partie de l’emblême de la famille Fraser, qui étaient les propriétaires avant les Powis.
Un peu plus loin il faut s’engager dans une petite allée nommée Wrights’ and Coopers’ Place, pour voir Grant’s Place et le mémorial MacRobert . C’est ravissant, avec un petit bassin avec à la surface de l’eau quelques pétales de fleurs. Ce mémorial rend honneur à des victimes de la guerre, les trois fils de Lady Mac Robert, morts entre 1938 et 1941 (deux étaient officiers à la Royal Air Force). Les maisons qu’on peut y voir dates du XVIIIème siècle (voir la deuxième photo) et ont été restaurées en 1965.
Au numéro 81 de High street , cette maison massive avec une jolie porte rouge attire mon attention. Celle-ci date de 1771 et appartenait à la famille McLean de Coll . Hugh McLean était un homme influent, étant le chef magistrat de Old Aberdeen à la fin du XVIIIème siècle. (attention c’est une propriété privée)
En continuant à marcher sur High street, on arrive à Old Town House , qui était en quelque sorte l’hôtel de ville, où se réunissaient les conseillers du bourg. Devant vous remarquerez une colonne, la Mercat Cross (qui atteste que la ville où elle se trouve a le droit d’organiser des marchés, vous en verrez dans de nombreuses villes d’Ecosse). On voit d’ailleurs que la rue est plus large à ce niveau, pour accueillir le marché hebdomadaire qui s’y tenait.
Traversant ensuite la très passante School road, on arrive à la magnifique cathédrale Saint-Machar, qui est entourée d’un cimetière. Elle a été construite en plusieurs phases, dont le début remonte à 1300 environ, puis interrompu par les guerres d’indépendance, repris ensuite sous la houlette de différents évêques. On notera surtout le plafond héraldique en bois que l’on doit à l’évêque Dunbar, également chancelier d’Ecosse ; on y voit aux intersections les 48 blasons des notables de la région (XVIème siècle). J’ai trouvé les vitraux très beaux et aux couleurs vives, ils sont de William Wilson, Daniel Cottier et Douglas Strachan.
La cathédrale sert toujours d’église paroissiale pour Old Aberdeen, les offices ont lieu le dimanche à 11 h et à 18 h, riches en musique et liturgie.
Dans le cimetière, quelques personnages connus sont enterrés : la famille Glover, Robert Brough, le fameux Gavin Dunbar, Robert Laws.
Toujours dans Old Aberdeen, arrêtons-nous un peu dans le jardin botanique Cruickshank . On y accède en principe par The Chanonry ou rue des Chanoines, qui part de la cathédrale. Il est rattaché au département d’étude des plantes et des sols de l’Université, et il occupe ce qui était au XVIIème siècle le jardin Cluny, une fusion des jardins de deux manoirs. On le créa à l’initiative de Anne Cruickshank qui souhaitait rendre hommage à la mémoire de son frère Dr Alexander Cruickshank. On y trouve plus de 2500 espèces de plantes. Si vous prêtez attention vous verrez ici aussi ce qui était le Mitchell hospital, fondé par le philanthrope du même nom en 1801.
Si le jardin botanique vous semble trop petit, allez à Seaton Park , immense, et jonché de jonquilles mi-avril.
C’est une très belle balade à faire et cela vous permet de rejoindre notre prochaine étape, le Brig O’Balgownie, un pont médiéval (le plus ancien d’Ecosse) qui enjambe la rivière Don. Il date de la fin du XIIIème siècle mais il a été partiellement reconstruit au XVIIème siècle. C’était un passage obligé pour rejoindre le nord de la ville d’Aberdeen (et inversement) avant que ne soit construit le Bridge of Don en 1831. Sous le pont, cette piscine profonde porte le nom de Black Neuk.
Pour bien le voir il faut descendre un peu sur la berge (attention ça glisse !) … je vous conseille d’admirer ensuite la rangée de petites maisons troooop mignonnes et fleuries juste à côté. Leurs jardins sont parfois de l’autre côté de la rue, le long de la rivière, et ils valent le coup d’oeil.
Enfin, en repartant de ce quartier atypique, vous pouvez faire un saut dans le temps et revenir au XXIème siècle, en pénétrant dans la superbe bibliothèque universitaire Sir Duncan Rice . Elle est bien sûr réservée aux étudiants de la fac, mais en vous présentant à l’accueil, l’hôtesse vous délivrera un petit pass pour monter aux étages et prendre quelques photographies. L‘atrium en particulier est très beau, en spirales décalées ; c’est un cabinet d’architectes danois basé à Aarhus, Schmidt Hammer Lassen, qui a remporté le concours international qui avait été lancé, et le lieu a ouvert ses portes en 2011. Elle est aussi très jolie vue de l’extérieur, avec ces panneaux en verre irrégulier ; on y trouve des milliers de livres manuscrits dont certains très anciens, à partir de 1460 (ceux-ci sont consultables dans la Wolfson Reading Room, fermée les week-ends) . Lors de mon passage j’ai pu voir au rez-de-chaussée une petite exposition sur les arts traditionnels d’Asie de l’Est (elle se termine le 22 août 2019).
Flâner dans Duthie Park
On retrouve de nombreux habitants de la cité de granit dans ce beau parc situé près de la rivière Dee : des mamans avec une poussette, des promeneurs de chien(s), … sur un terrain plat, il est très agréable avec une grande pelouse pour jouer au ballon, élégant avec ce kiosque qui accueille de petits groupes musicaux en été.
Là encore il s’agit d’un don à la ville, par Lady Elizabeth Duthie of Ruthrieston , en mémoire de son oncle et de son frère ; le parc a ouvert en 1883. Sur la grande mare, on peut monter à bord de petits bateaux à la belle saison, une coutume réintroduite en 2013.
En 1900 on y avait ajouté de très belles serres, les David Welch Winter Gardens, mais hélas des vent extrêmement violents les ont tellement abîmées en 1969 qu’on a décidé de les raser.
On les a remplacées par celles qu’on peut voir actuellement, qui sont magnifiques aussi. Plantes tropicales, ou espèces des zones arides (c’est la plus grande collection de cactées du pays !), on en prend plein les yeux, voyez plutôt :
Rêver d’habiter une petite maison à Footdee
La majorité des maisons et immeubles du centre d’Aberdeen est construite en granit, et tout ce gris peut être pesant peut-être … un petit tour dans le charmant quartier pittoresque de Footdee (prononcez « Fittee » avec votre meilleur accent écossais !) près de la baie, vous fera oublier tout ça. Les maisons, très simples et pourtant fort décorées à l’extérieur pour certaines, s’alignent le dos à la mer (pour se protéger des bourrasques). Ce programme immobilier pour reloger des familles de pêcheurs a été initié par John Smith en 1808 a vu sa surface considérablement augmenter au fil des ans (au départ il n’y avait que 28 habitations).
Après avoir vu les quelques maisons, vous pouvez observer le va-et-vient des gros bateaux qui passent dans le chenal, dont ceux qui font la liaison entre Aberdeen et Lerwick sur les îles Shetland très au Nord, ou des plus petits qui transportent du personnel des plateformes pétrolières qui sont au large. Il y a une plage de 3 kilomètres de long, mais en ce mois d’avril je n’ai vu personne se baigner ; un peu plus au nord en marchant sur la promenade on arrive à un grand parc d’attractions et un complexe de cinéma, apparemment populaires, mais je ne suis pas allée les voir.
Si vous avez le budget je vous conseille un arrêt dans un très bon restaurant qui se trouve ici, le Silver Darling, dont je vous parlerai dans mon article Aberdeen gourmande .
Découvrir le Maritime Museum
Voilà une visite qui va plaire aux familles, car elle décline l’activité maritime d’Aberdeen et la région sous toutes ses facettes …. des bateaux anciens du XIXème (il y a des maquettes qui datent de 1689) qui chassaient la baleine de manière intensive (les baleines étaient une ressource prépondérante dans l’économie de ce siècle, hélas). On ne s’en rend pas compte en pénétrant dans celui-ci, mais en fait il est situé dans deux maisons du XVIème siècle (on peut en voir l’intérieur de celle du prévôt Ross d’ailleurs dans une partie de la visite), sur une des rues qui remonte du port.
Au rez-de chaussée, on voit une grande maquette de la plateforme pétrolière Murchison (8,50 mètres de haut), et on la découvre petit à petit en changeant d’étage au cours de la visite.
Au premier, c’est la mer du Nord (milieu naturel et géologie) qui est à l’honneur, et la démonstration de l’évolution du port d’Aberdeen : de la création du quai nord en 1781 au port pétrolier qu’on voit maintenant, et aussi les périodes d’expansion de la pêche, que ce soit celle du hareng ou celle de la baleine. Comme à Dundee, c’était une chasse très importante, les bateaux allaient très loin pour leurs campagnes, comme on l’a vu en visitant le musée Discovery Point.
Le deuxième étage retrace l’histoire de la construction navale, passant par les bateaux en bois et en fer, à ceux entièrement en fer depuis 1860 environ.
J’ai trouvé très intéressante la partie située au troisième étage qui montre les contraintes humaines et techniques de la vie sur une plateforme en haute mer (« life offshore« ) en revenant sur la tragédie de l’incendie de Piper Alpha au large de l’Ecosse en 1988, qui a marqué les esprits. Une catastrophe due à un manque de communication entre les équipes, et qui a beaucoup fait progresser a posteriori la sécurité sur celles-ci, heureusement on apprend de ses erreurs. On peut y voir exposés des objets du personnel, leurs lits, casiers … On apprend aussi comment se déroule l’extraction du pétrole et du gaz en eau profonde dans la mer du Nord. C’est de cet étage qu’on a la meilleure vue sur le port également et d’ailleurs à ce niveau il y a aussi la « Harbour Gallery » qui nous dévoile son histoire du Moyen-Âge à nos jours.
Frémir au Tolbooth Museum
Dans cet édifice qui est l’un des plus anciens d’Aberdeen (début du XVIIème siècle), on voit un aspect sombre de la ville, le tolbooth était non pas une prison mais un endroit où on gardait les personnes qui allaient être jugées. Il y avait un tolbooth ici depuis le XIVème siècle semble-t’il d’ailleurs. Très sombre et pas très confortable, et des escaliers pas faciles à emprunter, attention ! On découvre au cours de la visite le cas de quelques personnes incarcérées ici en attendant leur procès, retranscription faite sur de grands posters faite d’après les registres. Etat-civil, type de délit, … et surtout quel fut le verdict et la sentence, tout y est et cela rend plus concrète la visite ! (« Crime and punishment »)
Partir à la chasse au street art
Si le sujet vous passionne je vous rappelle que j’ai consacré un article complet au festival Nuart Aberdeen ; vous y trouverez beaucoup de photos qui vous donneront une idée des merveilles qu’on peut y trouver. Cette manifestation s’y déroule chaque année au mois d’avril.
Où dormir à Aberdeen ?
J’ai séjourné dans un hôtel pas très loin de la rue commerçante Union street, mais malgré tout au calme (et juste en face du bar à cocktails Orchid, mais chuuuut !), à un prix raisonnable. Il s’agit du Bauhaus hotel – mais j’ai appris le 1er juillet qu’il avait fermé ses portes, l’activité du gaz et du pétrole ayant ralenti ces derniers temps cette crise touche hélas plusieurs établissements de la ville.
Ce voyage en Ecosse est le fruit d’une collaboration avec Visit Britain France. Les choix éditoriaux des articles qui font suite à ce voyage me reviennent librement.
VISIT ABERDEEN
Site Web : https://www.visitabdn.com
VISIT BRITAIN
Site Web : https://www.visitbritain.com/fr/fr
7 réponses sur « Que faire à Aberdeen ? »
Ton article me rapelle pleins de souvenirs de mon séjour en Écosse où j’étais restée quelques jours à Aberdeen. C’est une destination que je trouve sous côté j’ai pris enorment de plaisir à decouvrir le Old Aberdeen, le jardin botanique et le musée Maritime. Je ne me souviens pas qu’il y avait du street art mais c’est un voyage qui commence à remonter maintenant !
Le festival n’existe pas depuis très longtemps à Aberdeen (c’était la 3ème année en 2019) … j’espère que tu auras l’occasion d’y revenir !
J’ignorais qu’il y avait tant à faire dans cette ville, je craque pour les maisons de Footdee et les serres …
Nice post! I go to Aberdeen every year to attend Nuart Festival, it’s a really cool city! 🙂
oh really ? it was my first time … I hope to go to Stavanger another time !
[…] promener ! Le Silver Darling se trouve à Footdee, dont je vous avais parlé dans mon article Que faire à Aberdeen […]
merci pour les conseils de visite, ça me servira sûrement car je planifie un petit roadtrip en Ecosse prochainement !