Jardin du Luxembourg

Malgré plusieurs voyages à Paris je crois que je n’étais jamais allée au Jardin du Luxembourg. Quelle lacune ! Descendus au métro Odéon, nous observons l’hôtel du Petit Luxembourg (où réside le président du Sénat), et le Sénat de derrière les grilles situées rue de Vaugirard, en admirant aussi de bien beaux immeubles rue de Vaugirard et rue de Garancière ; puis nous pénétrons dans le jardin par la Porte du Sénat.

On ne peut pas parler du Jardin du Luxembourg sans raconter l’histoire du Palais, construit à la demande de Marie de Médicis, qui, après l’assassinat de son mari Henri IV, souhaite quitter le Palais du Louvre. Catherine est d’origine toscane, et souhaite un beau palais lui rappelant ses racines, de style florentin, avec un jardin comme ceux de Boboli à Florence. Elle va donc acheter dès 1612 l’hôtel de François de Luxembourg, puis petit à petit les terrains jouxtant, pour avoir assez de place et lancer la construction de ce Palais et l’aménagement du Jardin, sur 23 hectares.

Si la construction n’a pas été si facile que cela (Marie aurait bien aimé déplacer le Couvent des Chartreux qui gênait les plans qu’elle avait en tête, mais en vain)., le Palais connaît également de nombreuses péripéties après la mort de celle-ci. Il fut même utilisé comme prison pendant la Révolution …  Et vous savez sûrement que c’est ici que siège le Sénat, depuis 1879.

Ce jour-là il fait très beau, les petits bateaux sont de sortie, pour la plus grande joie des enfants … Cela fait déjà 80 ans que ces voiliers à coque peinte naviguent sur le bassin du Jardin du Luxembourg. C’est Clément Paudeau qui fabriquait ces miniatures (et sa femme cousait les voiles) ; pour deux sous, en 1927, on pouvait en louer un pour quelques minutes. Aujourd’hui c’est un collectionneur qui a repris l’affaire … mais ce sont toujours les mêmes bateaux, qu’on appelle d’ailleurs « les Paudeau ».

Je m’attarde assez longuement devant la fontaine de Médicis, d’abord appelée « Grotte du Luxembourg ». D’inspiration italienne, elle est très ombragée en été grâce au feuillage des platanes tout proches. Des canards viennent faire trempette devant Polyphème surprenant Acis et Galatée (niche centrale) ; dans les deux autres niches, un faune et une chasseresse. Elle est à cet emplacement depuis 1862, quand on perça la rue Médicis. C’est à ce moment-là que le bassin fut rajouté. Je vous conseille de faire le tour de cette fontaine car il y a aussi des sculpture à l’arrière.

Ce qui séduit avant tout il me semble dans ce Jardin, ce sont les statues … il y en a 106 en tout, la plupart classiques, mais aussi quelques unes plus modernes. Elles sont même répertories sur le site du Sénat : une carte indique les emplacements des statues d’animaux, de reines, de saintes … c’est très utile !

Cette sculpture en marbre (à droite) représente des enfants soutenant une vasque au centre du bassin provient du Hameau de Chantilly, elle fut achetée par le Sénat en 1802.

Tiens, voici justement la fameuse Catherine de Médicis, à l’origine du Palais … Drôle de robe me direz-vous ? La statue était en cours de restauration lors de mon passage au mois de mai, aussi elle était « habillée » par l’artiste Gérald Pestmal ; ces drôles de cônes sont en papier, on dirait un peu des filtres à café en fait !

Au loin, on distingue l’Observatoire et sa coupole.

Par beau temps beaucoup de personnes pique-niquent dans le parc, ou discutent, lisent, sur les chaises vertes estampillées au logo du Sénat. Il y a des courts de tennis, sous les marronniers … vous préférez peut-être jouer aux échecs ? Pourquoi pas ? On est davantage ici dans un jardin « à l’anglaise », incitant à la rêverie, bien loin des motifs géométriques du jardin à la française près du Palais.

J’ai eu la surprise de découvrir qu’il y avait des ruches dans les jardins ! Le premier rucher-école de la Société Centrale d’Apiculture fut installé en 1856 dans la pépinière du jardin du Luxembourg. Il y avait à l’époque une vingtaine de colonies d’abeilles. Avec les travaux du baron Haussmann qui ont remodelé le quartier en 1866, la pépinière fut détruite. Elle fut installée à son emplacement actuel en 1872 ; ici on peut se former aux techniques apicoles modernes, et le miel produit est vendu dans l’orangerie au moment de l’exposition d’automne.

J’ai trouvé assez peu d’informations sur le Pavillon Davioud, que j’ai trouvé bien séduisant avec ses murs en brique rouge, et ses carreaux de couleur. C’est ici que les parlementaires du Sénat ont du s’installer pendant la deuxième guerre mondiale, les autorités allemandes ayant réquisitionné le Petit Palais et une partie du Palais du Luxembourg, en 1940. Ils emménageront ensuite dans un vaste appartement de la rue Guynemer. Je vous invite à vous rendre sur le site internet du Sénat, qui commente largement cette triste période d’occupation, avec des documents d’époque et davantage d’explications.

Un petit space invader nous salue alors que nous ressortons déjà, par la porte Guynemer … j’y serais bien restée plus longtemps !!

J’espère que cette promenade dans un des plus beaux jardins de Paris vous a plu, bonne journée où que vous soyez !

JARDIN DU LUXEMBOURG
75006 Paris

Des visites guidées existent, faites par un des jardiniers du Jardin du Luxembourg (une fois par mois). Tous les détails sur le
Site Web : http://www.senat.fr/