Cela faisait quelques mois que je suivais avec attention ce qui se passait à Amiens dans la Somme, département où je m’étais déjà rendue il y a trois ans pour découvrir Transition Espace Ephémère à Abbeville. J’ai donc profité d’un voyage professionnel à Paris pour sauter dans un TER et passer une journée dans la ville natale de notre cher président 🙂
En effet, depuis 2021, le festival d’arts visuels IC.ON.IC. permet à des artistes de tous horizons de venir égayer quelques façades, mais ce n’est pas tout, l’évènement est complété d’expositions d’art contemporain, et dès 2022 de « video mapping« , des projections sur différents monuments, en plus de la venue de douze nouveaux artistes.
Premier réflexe, se procurer le petit guide à l’office du tourisme (tout près de la cathédrale), qui va m’aider à localiser les fresques … ensuite, sur place, c’est très bien fait, un petit cartel jaune indique le nom de l’artiste et de l’oeuvre, avec un QR code à flasher si on veut plus de renseignements.
J’ai trouvé intéressant que la marque Caparol se propose de fournir aux artistes peintures et accessoires de leur gamme pour réaliser leurs oeuvres. Un chouette partenariat qui offre de la visibilité à cette entreprise et permet d’alléger le budget d’Amiens métropole.
Dans le centre ville
Il y a assez peu de fresques dans le centre d’Amiens, mais celles qui sont présentes valent le détour !
Loraine Motti a parfaitement exploité la forme un peu bizarre de ce bâtiment électrique en béton, mêlant une couleur sable en fond et un rouge foncé, du blanc, du noir … il n’est pas très facile en prendre en photo dans sa totalité, j’ai choisi le grand angle et le full format pour englober un maximum du dessin dans l’écran. On la retrouve souvent à Lyon, par exemple sur les murs du terrain basket de la rue Thévenet. C’est un joli mélange de végétation et de neutrons / protons baptisé « Organique ». Un bel ajout en 2023 au parcours de fresques, en partenariat avec les peintures Caparol et PixoAsso.
Dans la rue commerçante des trois cailloux, c’est Alberto Ruce qui signe ce beau portrait qui évoque les hortillonnages, baptisé « Viddani », une belle oeuvre en transparence, ton sur ton.
À Saint-Leu et dans le centre, vous verrez les collages de Levalet, mais le papier étant fragile par définition, certains auront peut-être disparu … il va falloir se dépêcher !
« Notre » Ememem lyonnais n’a déposé en 2021 qu’un seul flacking à Amiens, c’est bien trop peu …
Cette jolie mosaïque se trouve près du 35 rue des Majots, en contrebas de la rue, le long du canal. Si vous vous y rendez, faites très attention où vous mettez les pieds car cet endroit est un véritable CACADROME, au vu des excréments le toutou doit être de bonne taille et son maître n’a visiblement pas compris le concept du ramassage. À ce niveau-là, Amiens Métropole, je pense qu’il faudrait vraiment VERBALISER car là c’est juste pas possible 😡 Bref, passons. Artiste soucieux de son anonymat, Ememem a sélectionné des petits bouts de carrelage chez Jeff Carpentier, directeur de Planète Carrelages à Dreuil-lès-Amiens (j’imagine que ce n’est pas facile de voyager avec son stock de carreaux).
J’avais déjà apprécié le travail de Bault, natif de Rodez, dans Transition Espace Ephémère, mais ici on peut saluer le travail d’équilibriste qu’il a dû falloir pour peindre ce mur à fleur d’eau ! Si vous aussi vous l’appréciez, venez à Sète où il a participé à l’enrichissement du parcours MACO de la ville (Musée À Ciel Ouvert).
Les artistes locaux
Cette exploration du street art en Somme m’a permis de voir des oeuvres d’artistes que je connaissais pas ou peu, comme Azael Treize qui dépose des portraits dans le quartier Saint-Leu principalement, mais j’ai pu également voir ce grand format dans le parc Saint-Pierre, toujours avec une palette de couleurs vives. Il mélange aussi du lettrage dans ses oeuvres inspirées de la culture hip-hop et graffiti.
Près de la friche Benoît, ou vers la rue des Archers, on pourra admirer d’autres portraits colorés, parfois avec Kofoh, un autre graffeur local.
C’est aussi le cas pour Juan Spray, dont les petits personnages joyeux à la tête surmontée d’un « cap » sont toujours un régal à croiser dans les rues. Ce sont les « Sprayitos », qui embellissent les murs et le mobilier urbain. Il a même publié en 2020 un livre illustré pour les enfants, « Les contes de Spray Love Island », qui parle du graffiti et du street art aux plus petits, à travers les aventures de ces petits lutins.
Très prolifique dans la rue, le coup de crayon de Guy Louis-Thérèse est reconnaissable entre mille, ce style proche de l’art afro-caribbéen.
Il a exposé en 2023 sur son île natale, la Martinique (Schoelcher) ; installé à Amiens depuis de longues années, il réalise ses dessins sur des supports variés (cartons, portes, tôles, bois, plots de chantier …) qui eux ne font pas partie de la programmation du IC.ON.IC. festival.
Autre natif d’Amiens et d’origine franco-libanaise, Rémi Zaarour aka Pozla, que je ne connaissais pas du tout. Il est tout à la fois illustrateur, coloriste et scénariste, car en effet il lui arrive de réaliser des dessins animés. « Problème de connexion » montre un personnage qui a l’air un peu dépité devant son smartphone … si vous aimez son style, sachez qu’il a peint une autre fresque sur la Halle Fressinet.
Les abords de l’ancienne vinaigrerie G. Brulé et de la friche de l’ancienne teinturerie Benoît (qu’on repère de loin avec sa grande cheminée) sont un lieu de prédilection pour les street artistes, en mode non-institutionnel, donc en dehors du festival, avec des oeuvres plus petites qui se renouvellent régulièrement. J’espère que le projet de construction de plus de 200 logements ne nuira pas trop à la créativité ambiante … Vous verrez aussi non loin les vestiges de l’ancienne église Saint-Sulpice, bien mal en point mais qui reste en l’état.
C’est toujours avec grande joie que je croise les murs si colorés de Jibé … ici sur deux rideaux de fer.
Parmi les grands noms d’artistes français, citons Astro et cette peinture en trompe-l’oeil dont il est spécialiste.
Je ne peux vraiment que vous montrer une sélection, sinon cet article serait bien trop long, il faut faire des choix, et cette immense fresque de JoBER m’a vraiment impressionnée, aussi j’ai décidé de l’inclure dans cet article. Il est partenaire comme souvent avec Poes pour ce tableau « historique » où l’on retrouve des détails très librement inspirés d’un bas-relief néo-assyrien qui s’intitule « l’épopée de Gilmamesh, un grand homme qui ne voulait pas mourir ».
Plus au nord, je recommande d’aller faire un tour à la Cité Carter, un lieu dédié aux musiques actuelles, un espace moderne et urbain où on peut apprendre la musique, enregistrer, répéter en groupe ou de faire des concerts.
J’avais vraiment adoré les dessins de Fanny aka Kb2Graff sous la promenade des Sables d’Olonne il y a deux ans (avec le crew AMC-PMW-TGC-CM), et c’est aussi au Spot 13 qu’elle peint régulièrement. Originaire du Tréport, elle a vraiment un talent fou pour ses portraits réalistes, et Amiens n’est pas une ville inconnue pour elle, puisqu’elle a suivi des études à la faculté d’Arts ici-même, hélas brièvement puisqu’elle a commencé un cursus de droit ensuite pour devenir avocate. Heureusement pour nous l’appel des sprays a été plus fort et c’est une artiste maintenant très demandée, en France comme à l’étranger. Le bull terrier représenté s’appelle « Kheops » 🙂 L’arrière-plan qu’on distingue avec la calligraphie est de Naja Neurotoxic.
Elle n’était pas venue seule puisqu’une fresque collective Cache Misère Crew sur le thème « Sale gosse » à laquelle ont participé Naja Neurotoxic, Rokad, Kopak, Drick, Rino, Kwes, Psaume, Juce, Soka, Golf … est visible aussi sur place.
Les artistes étrangers
Outre Alberto Ruce mentionné plus haut, on retrouve des grands noms du muralisme dans cette commune de la Somme.
Direction l’Espagne avec Taquen qui signe ce portrait fait de lignes continues, qui s’intitule « Refugees and migrants, enter or exit », sur un immeuble d’habitation Amsom Habitat. Ce madrilène voyage beaucoup car il est très demandé, en Europe ou ailleurs dans le monde. En France nous avons eu la chance de l’accueillir à Orléans, en Corse ou à Boulogne-sur-Mer … et bien sûr dans un des appartements de Rillieux-la-Pape pour Space Junk.
Fintan Magee a installé ce dessin monumental sur la façade arrière du gymnase de la Veillière, c’est un peu dommage car on ne le voit pas depuis la rue plus passante. Il s’agit d’un partenariat avec CURB et le festival 10ème art d’Aurillac. L’artiste australien signe ici une oeuvre qui mélange savamment la violence du réel avec la douceur du rêve. On a l’impression d’assister à la scène derrière une vitre opaque, un flou dont il a fait sa spécialité. J’ai déjà croisé son travail, toujours sur de très grands immeubles, à Ostende ou à Böras.
Les stickers et collages
Je n’ai hélas pas identifié les auteurs des différents collages croisés, mais il y en a beaucoup dans le quartier de Saint-Leu, ouvrez l’oeil !
J’espère que cet article vous a donné envie de découvrir Amiens et son street art ! N’hésitez pas à sauvegarder ce post dans Pinterest en cliquant sur l’image ci-dessous !
4 réponses sur « Street art Amiens »
en effet ça envoie du lourd, je ne savais pas qu’Amiens avait des fresques comme ça
coup de coeur pour la fresque de Fintan Magee !
Je ne savais pas qu’il y avait autant d’oeuvres de street art sur Amiens ! J’avais vu la grande fresque de Gilmamesh que j’avais aussi beaucoup aimé ! Il me faudra prévoir d’y retourner pour découvrir les autres !
oh oui, il y en a pas mal maintenant !