Après vous avoir fait visiter Albi, nous voici à Montauban, pas très loin, dans le Tarn-et-Garonne. Elle fut fondée en 1144 par Alphonse Jourdain, sur un plateau dominant le confluent du Tarn, du Tescou et du ruisseau Lagarrigue. Le nom d’origine de cette ville fortifiée était Monte albanus (mont blanc), en référence aux saules argentés présents sur le site … ou pour signifier que celle-ci est établie sur une terre vierge de toute construction. La charte de coutume étant très avantageuse, Montauban attire de nombreux artisans et marchands ; rapidement, le bourg voisin de Montauriol se dépeuple au profit de la nouvelle cité prospère. La ville déborde ensuite de ses remparts, et continue à se développer, jusqu’à la Révolution française. Ses industries textiles, la faïence, la soie et le commerce de la farine expliquent les nombreux hôtels particuliers du XVIIe et du XVIIIe siècle qu’on peut voir, édifiés par les riches marchands et les nobles. C’est aujourd’hui la sixième ville d’Occitanie, attaché à la culture du ballon ovale, mais aussi ville de sculpture …
Comme souvent, je réserve ma première visite à l’Office du Tourisme, qui est situé depuis 2008 dans un ancien bâtiment de briques rouges, qui était l’ancien collège des Jésuites, 1 place Pénélope. Agrandi à plusieurs reprises, il servira même de fonderie de canons pendant la Révolution.
L’équipe pourra vous remettre un plan gratuit de la ville, un petit livret très utile qui s’appelle « Parcours Montauban » qui donne quelques informations sur le Montauban d’hier et d’aujourd’hui, et un résumé bref de chaque point d’intérêt. Une belle promenade d’un lieu à l’autre, conçu avec l’aide du CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine). Pour les geeks, une application existe aussi : Explore Montauban, disponible sur l’App Store et Google Play, en onze points d’étape.
Pour faire du sport ou pour pique-niquer, le cours Foucault accueille pas mal de monde le week-end. C’est l’intendant Nicolas Joseph Foucault qui a créé cette première promenade publique, en 1679. S’étendant sur cinq hectares plantés d’ormeaux, et à l’extrémité de l’allée principale, on voit ce monument érigé pour honorer les victimes de la première guerre mondiale, réalisé par Bourdelle.
Je vous disais plus haut que Montauban était une ville de sculpture … avec plus de 40 oeuvres dans l’espace public, on est bien tenté de partir à la recherche de celles-ci, il y en a dix du montalbanais Antoine Bourdelle. Hommages aux illustres Montalbanais, monuments aux morts, allégories féminines, ou abstractions contemporaines, il y a un peu tous les styles, en voici un aperçu :
Les temps sont difficiles pour l’Eglise et pour tout le monde … on ne pourra donc visiter ni la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption … (expertises sur des fissures en cours). Elle a été construite entre 1692 et 1739 par trois architectes royaux successifs. Dommage, on aurait pu y voir une oeuvre majeure d’Ingres, récemment restaurée (le Voeu de Louis XIII).
ni l’église Saint-Jacques, au si joli clocher ajouré octogonal, typique des églises du pays toulousain. C’est avec le Pont Vieux un des édifices les plus anciens de Montauban, puisqu’ils datent, tout au moins en partie, du Moyen-Âge. J’espère que lors d’une prochaine venue nous pourrons voir l’intérieur.
Autre bâtiment superbe, la Préfecture, édifiée à l’entrée du faubourg Lacapelle ; c’est l’ancien hôtel particulier du docteur Prat-Dumiral, acheté par la ville un peu après son décès, à la fin du XVIIIe siècle, pour héberger l’intendance (représentant du roi). C’est là qu’on y décidera par exemple la création du Tarn-et-Garonne ; l’hôtel devient ensuite la demeure du premier préfet de ce département. De nos jours, un bâtiment plus moderne accueille les visiteurs en bordure de l’allée de l’Empereur.
L’hôtel Lefranc de Pompignan (XVIIe siècle) se trouve au 10 de la rue Armand Cambon, mais hélas il ne se visite pas. On peut admirer la cour depuis le beau portail monumental richement orné. Le poète et fondateur de l’Académie des Sciences, belles-lettres et arts, est le père naturel d’Olympe de Gouges ! Juste à côté au numéro 12 se trouve l’ancien collège protestant, fondé en 1579.
Vous avez remarqué sans doute déjà que Montauban est une ville de brique, comme Toulouse qui n’est pas très loin. Enrichis par les crues successives, les sols argileux de la cité ont permis l’établissement de nombreuses tuileries. Elles ont fabriqué, depuis le Moyen-Âge, les briques dont la plupart des bâtiments sont constitués.
On a pu tout de même se promener sous les arcades des bâtiments longeant la place Nationale, qui était en travaux, ça va être superbe ensuite ! C’est vraiment le coeur de la ville, et c’est là que se trouvent de nombreux cafés et restaurants, et quelques boutiques également. Les rues du centre ancien convergent vers cette place qui est l’une des plus anciennes de France. Elle a longtemps abrité les pouvoirs municipaux (maison consulaire, borne des proclamations) et judiciaire (pilori). A l’origine, la place était entourée de maisons de bois ;deux incendies l’ont détruite en 1614 et 1649, mais elle a été entièrement reconstruite, avec des maisons en brique. Les couverts abritaient au Moyen-Âge les différents commerces, qui leur donnaient leur nom : couvert des drapiers, couvert des fruits, couvert des sabots, couvert du blé. Cet ensemble harmonieux a été restauré en 2009, et si vous en avez la possibilité, faufilez-vous dans l’une des portes pour découvrir les cours intérieures et les différents corps de logis.
Le voûtement des couverts (le nom des galeries) sur croisés d’ogives unifie l’architecture et facilite la circulation de l’air, et rend les habitations moins vulnérables au feu.
Lors de votre visite à l’office du tourisme, prenez quelques minutes pour pousser la porte de l’église Saint-Joseph, juste à côté. C’est en fait l’ancienne chapelle du collège des Jésuites, j’ai trouvé le plafond peint très beau.
Un peu frustrés par la fermeture de l’église Saint-Jacques (apparemment en travaux actuellement), nous étions ravis de pouvoir visiter l’église Saint-Orens, réputée pour ses vitraux. Elle se trouve sur l’autre rive du Tarn, cela vous donnera l’occasion d’emprunter le pont Vieux ou le pont Neuf. Cet édifice de style néo-gothique attire surtout les visiteurs pour ses magnifiques vitraux de style art déco réalisés par le maître-verrier André Rapp.
L’un des vitraux, au-dessus du porche principal, représente le sacrifice d’un jeune industriel montalbanais Adolphe Poult, lors de l’inondation catastrophique de mars 1930. Celui-ci arrivera à sauver une centaine de personnes, sur son frêle canoë, mais, à bout de forces, il finira par se noyer après une journée et une nuit de combat. Non loin de l’église, un quai porte d’ailleurs son nom.
Eglise Saint-Orens – Place Saint-Orens – Accès libre
Je ne suis pas allée au spectacle, mais j’ai admiré l’élégant théâtre Olympe de Gouges près du pont des Consuls. Ces derniers avaient déjà décidé de doter Montauban d’une salle de spectacle au milieu du XVIIIe siècle, mais elle s’est vite avérée trop petite, aussi on la reconstruit en 1849 dans cet esprit de théâtre à l’italienne. En vous approchant, vous verrez les autre bas-reliefs sur la façade, du sculpteur Abbal, représenant la danse, la comédie, la musique et la poésie.
Théâtre Olympe de Gouges – 4 place Lefranc de Pompignan – ouvert les lundi, mercredi et vendredi de 11h à 12h et de 13h à 18h et les mardi et jeudi de 11h à 12h et de 13h à 17h
Tout comme à Albi, Montauban se targue d’avoir un pont très ancien, le pont Vieux, véritable prouesse technique que cet ouvrage qui relie sur 205 mètres de long deux rives d’inégales hauteurs. Il était déjà prévu dans la charte de fondation de la ville, mais il ne fut construit finalement qu’au début du XIVe siècle, avec le soutien du roi Philippe le Bel. Il était autrefois protégé par deux tours, et abritait même, au centre, une chapelle dédiée à Sainte-Catherine (détruites depuis pour faciliter la circulation). En tous cas, c’était du solide, car ce pont a résisté aux plus terribles crues du Tarn.
Plusieurs musées à découvrir
Voici une belle idée de visite en famille, qui ravira les enfants mais aussi les grands nostalgiques … le musée du jouet est un peu excentré mais il vaut tellement le détour ! C’est grâce à l’association « La cité des enfants » que l’on découvre ces jouets, parfois insolites, mêlant la grande Histoire à celle des jouets.
Les bénévoles présents se feront un plaisir de vous faire une visite guidée avec une multitude d’histoires et anecdotes, c’est vraiment passionnant … mais il faut avoir un peu de temps devant vous ! Il est possible néanmoins de faire cette visite de façon autonome si vous êtes pressés. Impossible de vous montrer ici tous les fabuleux jouets et collections des siècles derniers, il y en a de toutes les époques et de tous styles. Poupées, ours en peluche, trains électriques, petites voitures, figurines, maquettes de cirque … si vous allez à Figueras en Catalogne, ne loupez pas un musée similaire qui s’y trouve.
Amateurs de petits trains, vous trouverez des circuits qui font rouler des locomotives dont les plus anciens modèles ont 90 ans ! J’ai vu que maintenant une maquette de la Sagrada Familia réalisée en Meccano sera visible prochainement … à suivre !
Musée des jouets – 70 Boulevard Blaise Doumerc – Ouvert les mercredi, samedi et dimanche de 14 h à 18 h – Tarif plein adulte : 6 € – enfants de 4 à 16 ans : 3 €
L’incontournable musée de Montauban, c’est bien entendu le musée Ingres-Bourdelle bien sûr ! Restauré récemment, il est installé dans ce qui était le Palais Episcopal, lui-même établi sur les ruines d’un ancien fort anglais qui datait de 1360. Ce vaste hôtel particulier se déploie autour d’une cour fermée par un mur écran percé d’un portail majestueux. Après la Révolution, ce bâtiment devient hôtel de ville, il accueille aussi le premier musée municipal ainsi que l’école de dessin.
Le peintre néo-classique Jean-Auguste-Dominique Ingres, né ici, et connu pour ses portraits peints ou dessinés, lègue à sa ville natale l’ensemble des oeuvres de son atelier dont 4500 dessins préparatoires ainsi que sa collection d’antiques …. et son fameux violon ! Les expositions temporaires s’y succèdent aussi, au rez-de-chaussée : lors de mon passage, j’ai pu voir « Ferdinand Philippe d’Orléans, images d’un prince idéal« , et j’ai appris que l’artiste Speedy Graphito, pionnier du street art, y serait exposé tout l’été. Une bonne excuse pour revenir à Montauban, c’est sûr ! Aux premier et deuxième étages, on admire donc cette collection ainsi que ses tableaux et dessins.
Un peu comme la Joconde de Léonard de Vinci, la Source est le tableau phare d’Ingres. Si vous avez vu mon article sur le street art à Montauban, vous aurez sans doute remarqué que certains artistes ont repris ce modèle pour leurs oeuvres.
Autre oeuvre assez connue, « Jésus au milieu des docteurs« , un tableau monumental peint en 1842 à la demande de la reine Marie-Amélie. Quelles couleurs !
mais Ingres n’était pas seulement un peintre, c’était également un grand collectionneur. On peut voir ainsi de nombreux tableaux qu’il a amassés au fil des années, dont une collection remarquable de peintures italiennes.
Ingres partage ce magnifique lieu avec un autre enfant du cru, Antoine Bourdelle, dont je vous ai parlé en début d’article. C’est au premier sous-sol qu’on peut admirer bon nombre de ses oeuvres, comme cet Héraklès archer, dont on peut voir une autre version en ville. On y voit aussi exposées les allégories, les portraits, et dans une autre salle, une collection de faïences.
N’oubliez pas de descendre au deuxième sous-sol ! Cette impressionnante Salle du Prince Noir, magnifique cave voûtée avec cheminée monumentale aux armes de Cahors, tomettes peintes au sol
J’ai pu y voir une installation éphémère de l’artiste Georges Rousse : Espace, Couleur, Epiphanie, une anamorphose composée de formes géométriques peintes en blanc.
Musée Ingres-Bourdelle – 19 rue de l’Hôtel de Ville – Fermé le lundi – Horaires suivant saison – Plein tarif adulte : 10 € (tarif couplé avec le musée d’histoire naturelle)
Voici un petit musée « à l’ancienne » qui se trouve tout près du musée Ingres Bourdelle : il s’agit du musée d’histoire naturelle Victor Brun, ouvert dans l’ancien Palais de la Cour des Aides. Les collections sont tout de même très vastes, présentant un bel ensemble de mammifères, poisson et insectes, mais aussi une imposante collection de 2661 oiseaux naturalisés, remarquables par leur état de conservation.
Victor Brun était un naturaliste accompli qui a constitué la base de ces collections, qui représentent l’essentiel du fonds du Muséum ; il lui a consacré d’ailleurs une bonne partie de sa vie. C’était aussi un préhistorien, qui a fait de nombreuses recherches dans la vallée de l’Aveyron entre 1864 et 1866. Il y a découvert un squelette de femme paléolithique (la Dame de Bruniquel) vieux de 15 200 ans.
J’ai pu y faire la connaissance de la nouvelle venue dans le musée : l’ours Nénette (ci-dessous), qui était la plus ancienne pensionnaire du parc animalier de Gramat ; elle était âgée de 28 ans.
On y trouve aussi des coquillages et des minéraux, ainsi que des fossiles. J’ai passé un très bon moment à admirer les vitrines !
⇒ Fun fact : vous pourrez y voir un fragment de la météorite d’Orgueil, tombée près de Montauban en 1864.
Musée d’histoire naturelle Victor Brun – 2 place Antoine Bourdelle – Fermé le lundi – Horaires : de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h (le dimanche, de 14 h à 18 h)
Plein tarif adulte : 4 € (gratuit pour les mineurs)
N’oubliez pas de lire ou relire mon article sur le street art à Montauban ! C’est un régal de partir à la chasse des différentes fresques posées dans tous les quartiers ; outre mon blogpost, le plan fourni par l’Office du Tourisme vous sera très utile.
Pour vous mettre au vert, je vous conseille d’aller au Jardin des Plantes, un jardin paysager inauguré en 1861, et qui s’étend sur 3 hectares de part et d’autres du Tescou. Il est inspiré des jardins romantiques, avec allées courbes, terrasses, sculptures et rocailles. Vous trouverez bien un coin pour chiller, parmi les 400 arbres présents !
⇒ Funfact : un Séquoia géant d’Amérique s’y trouve, évoquant les liens qui unissent les Montalabanais aux tribus Osages et Cherokee.
Jardin des plantes – Accès libre – Ouvert toute l’année
Découvrir une ville c’est aussi déambuler dans ses marchés, je vous recommande le marché des producteurs qui a lieu le samedi matin sur les allées de l’Empereur et Mortarieu. On y découvre toutes les couleurs et les saveurs du sud-ouest, c’est un endroit idéal pour ceux qui sont adeptes des circuits courts et du « consommer local » … c’est ici l’occasion rêver de remplir votre panier, il y a 190 maraîchers, viticulteurs, fromagers …
Marché des producteurs – tous les samedis matin – allées de l’Empereur et Mortarieu
Où manger ?
J’ai beaucoup aimé les poke bowls de chez Olla, sur la rue piétonne de la Résistance ; on compose soi-même son poke avec des ingrédients frais et très gourmands. Seul bémol, l’absence de tri au niveau des poubelles (on mélange carton et plastique, dommage !)
Olla poke bowls – 45 rue de la Résistance
J’espère que cette découverte de Montauban vous a plu, n’hésitez pas à conserver cet article dans vos épingles Pinterest !
MONTAUBAN TOURISME
Site Web : https://www.montauban-tourisme.com/
Une réponse sur « Montauban »
Sympa la visite, je ne connaissais pas !