Cela faisait trop longtemps que je ne vous avais pas parlé de Montréal sur mon blog voyage …. si je m’étais rendue au Québec pour assister au festival Juste Pour Rire, j’en ai bien entendu profité pour aller admirer les nombreuses fresques de street art qui jalonnent la capitale de cette province francophone du Canada.
On peut se demander pourquoi la scène street art est si dynamique à Montréal. La raison est relativement simple : deux gros évènements alimentent chaque année le paysage artistique : Le Mural Festival (qui se tient au mois de juin, essentiellement sur le Plateau), et le festival Under Pressure.
Le Mural Festival (qui doit tenir cette année sa 8ème édition) est un festival d’art urbain principalement axé sur le street art, mais pendant les onze jours pendant lesquels il se déroule, d’autres évènements parallèles ont lieu : concerts de musique, expositions, conférences, etc …. Les plus grands noms des murales se donnent rendez-vous au Québec depuis 2013 , pour produire au total une douzaine d’oeuvres chaque année.
Under Pressure est aussi un festival important, mais il ne dure que cinq jours, au mois d’août. Il est axé autour de tout ce qui est culture urbaine, ce depuis 1996, année de sa création, ce qui en fait le festival urbain le plus ancien d’Amérique du Nord. Street dancers, artistes graffiti, tattoo artistes …. se donnent rendez-vous sur la partie Est de la rue Sainte-Catherine (entre Saint-Dominique et Sainte-Elisabeth) pas très loin du bar Les Foufounes Electriques. A cette occasion chaque année une dizaine de murs est peinte dans le secteur.
Vous l’aurez compris, la grande majorité des oeuvres que vous verrez à Montréal sont légales et faites dans le cadre de manifestations officielles ; il y a peu de graffiti illégal.
Dans le quartier Sainte-Catherine
Juste en face de mon hôtel ZeroOne, se trouvait un très beau mur représentant une geisha sur fond rouge … j’avais beaucoup de plaisir à la croiser tous les matins ! Ce sont Gene Pendon et Bryan Beyung qui l’ont peinte en 2015 dans le cadre d’une réhabilitation d’un mur près du quartier chinois. Son titre invite à la réflexion : « May an old song open a new world » … Ce projet porté par MUmtl (comme Musée ou Murales) est représentatif de la rencontre de l’art et du citoyen, leur finalité, en plus d’embellir Montréal.
Les foufounes électriques est un bar underground mythique de la rue Sainte-Catherine à Montréal. Les fresques se renouvellent pas mal sur tous les contours de son local, et tout près, lors de mon passage j’ai pu voir cette peinture sur un des murs du restaurant vietnamien Phoh Thanh Long … mais je n’ai pu trouver le nom de l’artiste hélas.
Je reconnais immédiatement le travail de l’artiste Mateo (Mathieu Bories) que je trouverai sur le plateau le lendemain, pour une fresque bien plus grande.
Dans le village gai, j’ai pu voir un très beau mur de Kashink, de nombreux gâteaux habilement nommé « 50 cakes of gay » ; grâce à Aires Libres, l’art public est présent encore davantage dans l’artère principale (la rue Sainte-Catherine) de cette zone. Si vous aimez cette artiste venez à Vitry-sur-Seine où elle a peint quelques fresques. Vous avez d’ailleurs peut-être déjà vu ce tableau ailleurs, car elle l’a exécuté dans plusieurs villes, dans le cadre de son projet pour l’égalité des droits des communautés LGBT.
Dans un autre quartier, en descendant le boulevard Saint-Laurent depuis Chinatown (à l’angle de la rue Saint-Antoine), je suis tombée sur cette immense murale peinte sur Old Brewery Mission, qui est un foyer pour sans-abris depuis 1889, et qui représente le métro de Montréal. Elle a été peinte par Jasmin Guérard-Alie et Simon Bachand. Ils ont tous les deux créé un collectif nommé « Art du commun » en 2006, responsable de très belles créations à thème dans la ville. Je me souviens en avoir vu une sur le Boulevard Saint-Laurent vers Sainte-Catherine, appelée « Rétroprojection », qui représente des musiciens de jazz sur un fond brun orangé, et qui est très belle.
Sur le plateau
Sur ce pignon d’une maison en briques, Zoltanv a peint une fresque inspirée de la science-fiction « Le futur est ici » ; ses dessins sont inspirés de la science-fiction et des comics, visiblement. De son nom complet Zoltan Veevaete est né à Montréal où il a suivi des études artistiques, obtenant une maîtrise en arts visuels à Université de Concordia. Il fait relativement peu de fresques murales (celle-ci date de 2015) et se consacre plutôt à des peintures exposées en galerie. A voir à l’angle de la rue Guilbault Ouest et de la rue Saint-Urbain.
Baptisée ironiquement « Purple reign« , la fresque de Five Eight représente un cosmonaute flottant dans l’espace … vous verrez un autre de ses dessins plus bas dans l’article, mais qui est d’un style légèrement différent à mon avis.
Pas sur les murs mais sur les trottoirs, Botkin (Jason de son prénom) a déposé dix dessins pour le Mural Festival de 2016. Je ne les ai hélas pas toutes vues … Comme Labrona, c’est un artiste qui est installé à Montréal, mais il est né à Denver dans le Colorado aux USA ; il est le co-créateur et le directeur du collectif En Masse dont je vous parle un peu plus bas dans l’article.
Sur le mur de L. Berson & Fils (un marchand de pierres tombales israélien) : Phlegm et à droite voici un beau tableau de Nychos « Screaming for vengeance« , réalisé en juin 2015 pour le festival Mural où 9 artistes étaient invités. Celui-ci rend hommage à son amour pour la musique heavy metal puisque le décor s’inspire de la pochette d’un album de Judas Priest qui porte ce nom. La fresque de Phlegm est en rapport avec l’activité du propriétaire du mur, on y voit des personnages en train de sculpter un bloc rectangulaire … qui est peut-être une pierre tombale.
Drôle de couple sur ce mur, peint par Troy Lovegates aka Other ; les deux comparses semblent jouer aux cartes. La fresque a encore de belles couleurs vives, pourtant elle date de 2013 ! Né à Ottawa, il a cependant passé la majeure partie de sa vie à Montréal, et a « décoré » pas mal de trains … Maintenant il vit en Californie et expose beaucoup en galerie.
Une des fresques les plus vues sur internet lorsqu’on illustre le Mural Festival est celle de A’Shop , qui représente une mamie bien sympathique, aux bras maigres, qui tient une bombe de peinture spray, repeignant en orange les maisons violettes derrière elle. Les gens la surnomment « la vieille femme » et elle est là depuis 2013. La A’Shop Crew est en fait une société de production de murales de grande taille montréalaise ; elle regroupe de nombreux artistes habitués à cet exercice : on peut faire appel à eux pour un évènement ponctuel, des opérations de marketing … ils peignent autant en plein air qu’en intérieur.
Les personnages dégoulinants et colorés du new yorkais Buff Monster s’étalent sur la façade de cette maison. Il a travaillé pour de grandes marques comme Apple, Coca-Cola ou Converse. J’ai même appris qu’une de ses toiles se trouvait exposée dans le Bristol City Museum ! Une belle reconnaissance …. je vous avais parlé de ce musée dans mon article Bristol côté culture .
On voit trop peu d’oeuvres de Pantone en France … j’avais eu la chance d’en voir dans un parking souterrain transformé en galerie d’art, le 2km3 à Saint-Gervais. Cet artiste argentino-espagnol est précoce, puisqu’il pratique l’art du graffiti depuis l’âge de 12 ans ! Ce vaste parking plutôt moche s’en trouve du coup radicalement transformé …
Présent dans les villes du monde entier, à Brooklyn Bushwick, à Miami Wynwood, vous aurez sûrement reconnu la patte de Dean Stockton aka D*Face … Ce britannique est actif depuis maintenant dix ans et a même lancé son application « DFace ARt » , qui permet de profiter de ses dernières oeuvres en réalité augmentée … je n’ai pas encore pu tester mais ça doit être top ! Dommage qu’elle ne soit disponible que dans l’App Store … ayant maintenant un smartphone Androïd, j’en suis privée hélas.
Si vous ne pouvez pas aller à Montréal ou à Miami, pas de souci, ne manquez pas les deux grandes fresques qu’il a réalisées près du Boulevard Auriol à Paris XIII, elles sont magnifiques. (« Turncoat » et « Love will tear us apart »)
Restons dans l’esprit comics ou bandes dessinées avec XRAY , voici sa façade, faite en collaboration avec la galerie d’art Station16. Créée en 2008, cette galerie d’art contemporain met en avant des street artistes de Montréal et des environs. Son univers pop est très gai … venu de Floride, il a été si séduit par Montréal qu’il s’y est installé pour de bon.
Reconnaissable entre tous, le style de Inti , présent dans le XIIIème arrondissement de Paris comme maintenant à Lyon grâce au festival Peinture Fraîche, met en scène des personnages inspirés des cultes religieux latins, en y intégrant son héritage indigène et espagnol. Né à Valparaiso au Chili, il participe désormais à de nombreux festivals dans le monde entier, pour notre plus grand bonheur à tous !
Labrona est un artiste montréalais donc si vous ouvrez l’oeil vous verrez plusieurs de ses dessins dans la ville, d’autant plus que son style de dessin est plutôt reconnaissable : il s’agit la plupart du temps de visages colorés, aux traits assez durs car renforcés en noir, on le sent en effet inspiré par l’expressionnisme allemand. Cependant ici sur cette porte de garage, Labrona n’a fait que les visages, les chats ayant été dessinés par Gawd , qui est assez peu connu mais qui collabore souvent avec Labrona.
Toujours le long de l’interminable boulevard Saint-Laurent, je suis par contre tombée complètement par hasard sur l’entrée du théâtre Espace Go , complètement orné par le collectif En Masse , en noir sur fond blanc, même au plafond … A l’origine de ce projet fantastique, Tim Barnard et Jason Botkin, qui l’ont créé en 2009 et qui rassemble plus de 250 contributeurs. L’ensemble couvre 140 m² et a été peint en 2011.
Je vous avais dit en préambule qu’on trouvait peu d’oeuvres illégales, j’ai déniché quelques petits dessins tout de même, comme ce pochoir de Mateo à droite et qui a été fait sur une porte dans le Mile End (signé Bobo). On trouve beaucoup de ses oeuvres à Montréal car il y est venu pour ses études ; il a été très actif en Amérique du Sud également.
Le singe faisant du vélo, à gauche, est amusant, il est signé de MN6 LE KRAK mais je ne suis pas sûre de l’ortographe … rien trouvé à son sujet hélas.
« Personal topography » de Klone Yourself, un artiste ukrainien que j’ai eu peu l’occasion de voir. Il vit maintenant à Tel Aviv en Israël mais a passé son enfance en URSS. J’aime beaucoup son style très graphique !
La fresque ci-dessous a été faite à deux, les portraits de femme par l’artiste montréalais Five Eight … et la partie à droite par Astred . Il est membre du collectif En Masse . Il a la particularité de ne pas se limiter à la pratique du spray ou de la peinture, il crée également des oeuvres en néon, sous formes de lettres ou de panneaux lumineux. Il est intervenu pour les deux principaux festivals, Mural et Under Pressure.
Kevin Ledo signe le portrait d’une amérindienne, le visage buriné par le soleil … depuis 2013, elle enchante cette rue du plateau. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais c’est lui qui a réalisé pour le Mural Festival la grande murale représentant Léonard Cohen. Il peint bien sûr beaucoup au Canada où il vit, mais il lui arrive de venir en Europe (Amsterdam, Barcelone) et également aux Etats-Unis, où il a participé entre autres au Raw Project sur l’école élémentaire Cheltenham de Denver au Colorado. Si vous voulez en savoir plus sur ce projet, vous pouvez relire ici mon article : Où trouver du street art à Denver
J’espère que cet article sur le street art à Montréal vous a fait rêver … n’hésitez pas à épingler ce post dans Pinterest ! Une application permet de vous guider parmi les fresques réalisées pendant le Mural Festival, à télécharger pour Androïd ou Iphone .
Sites utiles :
ART PUBLIC MONTRÉAL
Site Web : https://artpublicmontreal.ca
MURAL FESTIVAL (juin)
Site Web : https://muralfestival.com/fr/
UNDER PRESSURE (août)
Site Web : http://underpressure.ca/
8 réponses sur « Street art à Montréal »
Merci pour tes sublimes photos. Cela donne très envie !
merci beaucoup pour ta visite Guillaume, Montréal est un incontournable de la scène street art mondiale !
woaw, trop canon ces fresques ! j’espère voir ça un jour 😉
Une raison de plus pour découvrir la ville Kashink a fait une fresque similaire avec des gâteaux et un ogre à Wynwood, j’aime beaucoup son travail !
oh ça devait être canon ! j’aime aussi beaucoup ce qu’elle fait !
C’est super qu’il y ait autant d’oeuvres de street art dans la ville, cela me donne encore plus envie de découvrir Montréal… Je trouve que cela manque un peu à Paris…
ce n’est pas comparable, mais dans le XIIIème arrondissement il y a tout de même un très beau parcours, avec des fresques monumentales … ça vaut le détour !
[…] la ville. J’admire beaucoup cet artiste de Sheffield, déjà croisé à Walthamstow, Bristol, Montréal ou encore, plus récemment à […]