Il y a comme cela parfois des villes qui sont dans ma liste de lieux à visiter pour leurs atouts de fresques murales et bien entendu lors de mon précédent voyage à Lisbonne au Portugal, il fallait absolument que je fasse un détour par la ville de Cascais pour admirer son street art.
Dans cet article je vous montrerai une sélection des murales admirées, principalement à deux endroits. Certaines d’entre elles sont assez anciennes, créées lors du tout premier festival Muraliza en 2014. Le festival Infinito a ensuite pris le relais, via l’association « Somos Torre« .
Hélas, l’élan semble bien s’être essoufflé et la dernière publication sur la page facebook de Muraliza remonte à 2020 … On espère que le flambeau sera repris prochainement et qu’un festival se déroulera très vite à Cascais !
Dans le centre ville
Il y a relativement peu de fresques dans le centre hélas, mais c’est mieux que rien …
Impossible de manquer l’immense oeuvre d’EdisOne, qui couvre les deux niveaux au-dessus du bâtiment moderne où se trouve la Farmacia Cordeiro. C’est dans l’allée centrale de Cascais, bordée de palmiers et parterres de pétunias en fleurs, appelé « Largo Cidade de Vitória ». Cette oeuvre est parmi les plus récentes puisqu’elle date de 2020.
Vous connaissez sans doute AddFuel, artiste portugais mondialement renommé, et souvent croisé sur les différents articles street art de ce blog … il a même réalisé une fresque à Lyon, pour l’action RED. Dommage qu’un wc de chantier se soit invité sur la photo, on lui pardonne car il est raccord au niveau des tonalités azur …
Ce même artiste AddFuel a collaboré avec l’italien Francisco Bosoletti pour ce portrait féminin où il a apposé quelques petites touches d’azulejos bleus … celui-ci n’a pas tellement vieilli, pour selon qu’il a été peint pour Muraliza 2015 !
Comme on est ici en bord d’Atlantique, on voit forcément pas mal de goélands … cette fresque, hélas toyée par un imbécile Aimok, lui rend hommage, par l’artiste Nuno Palhas aka Third, qui fait partie du collectif Colectivo Rua … la tour sur la droite rappelle que dans la cité se trouve une forteresse médiévale. Pourquoi « Cascais 1364 » ? Parce que c’est cette année que la ville s’est vue libérée du contrôle de Lisbonne et Sintra, par le roi Pedro I.
Vision un peu triste que cette maison à moitié détruite, mais que j’ai voulu vous montrer … il semble que le projet immobilier en cours prévoit de conserver sa façade, mais sûrement sans le dessin qui s’y trouve, peint par l’enfant du pays Paulo Arraiano, un motif abstrait, en vagues de couleurs qui déferlent, sur Avenida Valborm.
Dans l’hyper centre, où se trouvent bon nombre de cafés et de restaurants, vous remarquerez sous vos pieds les immenses poissons et coquillages de l’artiste Fedor. Comme toute oeuvre au sol elle a vieilli assez vite, cela devait être bien plus joli en 2020 (pour le festival Infinito).
Toujours dans le centre, une vieille mamie qui tricote et un pêcheur, sur fond rose. Mario Belém est fort connu dans le monde du street art, et c’est une des plus vieux dessins qu’on peut encore voir, puisqu’il date de dix ans en arrière … (juin 2014)
En se dirigeant vers la Marina, vous tomberez sur cette oeuvre particulière de Gonçalo Mar, qui date de début 2023. Dans les tons de bleu-vert, on y reconnaît un homme (un pêcheur ?) et des goélands, ainsi que des feuilles … l’ensemble est plutôt poétique et habille le mur avec talent.
Au pied de la citadelle, on aperçoit une drôle de voiture garée … plutôt curieux, car c’est strictement interdit à cet endroit ! En s’approchant on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas d’une vraie voiture, mais d’une oeuvre de VHILS « Tangible », qui a fait en 2018 une collaboration avec la marque Seat à l’occasion du 15e anniversaire de Seat Portugal.
Je suis toujours fort déçue de constater que le musée d’art urbain et contemporain de Cascais (MARCC) présenté en grande pompe (la maquette, lol) au public en septembre 2017, n’a toujours pas vu le jour. Il devait rassembler, sur 1700 m², environ 250 oeuvres de la collection de l’artiste VHILS … quel dommage ! Un projet trop ambitieux et dur à assumer financièrement par la municipalité ?
À l’intérieur de la citadelle, sur la place d’armes, j’ai repéré le dessin (qu’on ne distingue qu’à peine) signé «LEN » … je n’ai pas d’infos sur cet(te) artiste hélas. (à droite sur la photo ci-dessous)
Dans le quartier Torre
Nous avons ensuite marché le long du littoral pour rejoindre le « bairro da Torre », et cet ensemble de logements construit dans les années soixante pour reloger des familles de pêcheurs, venant du centre ville. C’est ici qu’à partir de 2016 le festival a migré, pour faire réaliser des fresques de grande taille sur les pignons des nombreux immeubles de cette cité qui a été un peu chaude dans le passé. À aucun moment nous ne nous sommes senties en insécurité, en pleine journée cependant.
Comme vous avez pu le constater, il y a essentiellement des oeuvres d’artistes portugais ici à Cascais, mais pas que … Tamara Alves a signé ce « we can be heroes » en 2018, drôle de portrait qui me fait penser au travail du lyonnais Agrume ou de Hopare. Elle est également illustratrice ….
Quel bonheur de retrouver James Cochran aka JimmyC (à gauche sur la photo ci-dessous), cet australien né en Angleterre et qu’on croise souvent à Londres (Camden, Shoreditch …) . Si vous voulez voir son portrait de David Bowie, rappelez-vous qu’il se trouve à Brixton, au sud de la capitale anglaise.
À droite, cette scène où deux jeunes garçons jouent au football est de l’artiste brésilienne Shay, qui vit dans la ville voisine de Cascais, Estoril. Cette fresque date de fin 2017 et elle est encore très belle …
Muraliste française, Jacqueline de Montaigne est présente aussi dans ce quartier de Torre à Cascais. J’avais pu voir à Lisbonne dans LX Factory un très beau portrait de David Bowie qu’elle a réalisé récemment. En fait j’ignorais qu’elle vivait désormais à Lisbonne, ce qui explique également sa présence ici !
Voici encore deux artistes portugais, Meso (à gauche), dont je sais peu de chose, avec son oeuvre qui montre un couple et la phrase « on ne peut pas aimer, ne tardez pas » et João Samina à droite. Ce dernier utilise la technique du pochoir mêlées à d’autres techniques venues de sa formation de graphiste, peintre et architecte. Si vous passez par Roubaix, vous verrez une de ses fresques, sur un des murs du Conservatoire de Musique. Je me rappelle avoir vu un beau portrait aux caractéristiques bandes rouges, noires et grises dans la ville de Viseu au Portugal.
Toujours fan de Diego Machado aka AddFuel que je vous ai déjà montré dans la première partie de l’article … sur un fond de grand carreaux d’azulejos bleus,, il signe une porteuse « Avarina ». Les femmes de pêcheurs, les avarinas, vendaient en effet le poisson pêché par leurs maris. Ce tableau imposant rend donc hommage à ces femmes, mais aussi à une tradition, à un métier qui se perd … Il a d’ailleurs appris, une fois la fresque terminée, qu’une avarina vendait du poisson, à cet endroit, il y a plus de quarante ans … drôle de coïncidence !
Le duo néerlandais Telmo Miel ne m’est pas étranger, forcément ! Ils ont participé entre autres au festival The Crystal Ship à Ostende, et peignent ensemble depuis 2012. Venez au Locle en Suisse et vous verrez aussi un très beau mur dans l’ExoMusée. La fillette au chapeau illustrée ici est la représentation caractéristique de leur travail : les parties du personnage sont comme découpées pour former un ensemble finalement très harmonieux.
Si la majorité des oeuvres ici sont monumentales, j’ai aperçu quelques éléments de taille moindre, comme ce pochoir d’un chaperon rouge par Adres, ou de bull terrier dont j’ignore l’auteur, avec la mention «Welcome to my hood » (Bienvenue dans mon quartier).
Nous arrivons à la fin de cet article et je suis ravie de partager avec vous mes murales préférées, celle de Jusep de Ribera aka Skran, originaire d’Almada (2018) (à gauche), et un autre portrait, très puissant également (à droite sur la photo ci-dessous), par Smile, qui est né à Lisbonne en 1985. Il a collaboré avec de grandes marques comme New Era, Canon, ou Casio …
Sur l’école du quartier, ou plutôt de la crèche collective, un dessin très joyeux et poétique où un petit garçon et une petite fille sont perchés sur des branches, au milieu d’un feuillage multicolore … de quoi donner envie d’aller étudier ! Bravo à Mário Belém pour cette oeuvre. N’hésitez pas à relire mon article sur Djerbahood en Tunisie pour voir ses personnages en mobylette bleue.
Enfin, cette fresque intitulée «gender diversity » par Medianeras, que je connaissais peu. C’est parmi l’une des plus récentes du quartier Torre, puisqu’elle date de 2020. Il s’agit en fait d’un duo d’artistes argentins qui aime peindre ces personnages androgynes à travers le monde, mais ils sont maintenant basés à Barcelone.
Si cet article vous a plu, je vous encourage à le sauvegarder dans vos tableaux Pinterest, et ainsi le retrouver plus facilement !