Cela faisait longtemps, très longtemps que la ville de Montpellier était sur ma liste de lieux à explorer sur ma liste street art ! En complément de ma visite de Sète dont je vous ai déjà parlé ici : street art à Sète , voici donc un aperçu des oeuvres que vous pourrez découvrir dans la préfecture de l’Hérault.
Au cours de cette exploration, nous allons voir les différents quartiers :
- Méditerranée
- Centre ville
- Halles du Lez
- Quais du Verdanson
- Malbosc
J’ai eu la chance de visiter les locaux de l’association LineUP, dans la résidence Ernest Michel. Créée par l’artiste Franck Noto (aka Zest) et Keini Liguagua, celle-ci a pour but de soutenir les street artistes de différentes façons : certains sont hébergés dans le local, où ils peuvent travailler en atelier. Ils donnent également leur aide pour les faire connaître, leur ouvrir des lieux d’exposition (évènements, festivals, réhabilitation de lieux publics ou privés …). Quelques fresques monumentales ont vu le jour dans le panorama montpelliérain : fresque sur un mur d’hôpital, résidence, gare Saint-Roch … L’autre but de l’asso c’est aussi de faire découvrir l’art urbain au grand public, et je pense qu’on peut dire qu’elle réussit très bien ! Parmi les artistes qu’elle a pu compter (ou compte encore) dans son collectif LineUP Urban Art, citons SozyOne, Nubian, Polar, Zest, Asto, Maye, Arkane ou Momies.
Par ailleurs, j’ai fait l’expérience d’une très intéressante visite avec Xavier Laurent, guide-conférencier qui travaille pour Montpellier Tourisme ; renseignez-vous auprès de l’Office pour vous inscrire à l’une de ces visites ! Celle-ci nous a fait traverser différentes parties de la ville.
Quartier Méditerranée
Ce quartier est celui où le street art est le plus développé ; j’y ai vu entre autres de nombreux collages, certes éphémères, mais qui grâce à Françoise from the block, habitante de cette zone, qui a fait venir le street art ici, Hands On Urban Art, ont une place plus que méritée et pérenne parfois. Hands on Urban Art est un projet porté par N’Jinga Simone, pour soutenir et rendre hommage aux droits des femmes à disposer de leur corps à travers l’art Celle-ci a organisé cette année l’évènement « Tous droits dans le mur« . C’est ainsi que de nombreux collages ont été posés non seulement à Montpellier (je vous en montre quelques uns ici) mais aussi à Bristol (UK) et à Lagos en Algarve (Portugal). En parallèle, des ateliers et conférences se sont déroulés, à destination d’étudiants, patientes de centre de santé, …
Vasco Gargalo signe le pochoir de gauche, qui montre une multitude de femmes voilées, et parmi elles, une seule ayant la tête nue, les cheveux libres. Cet artiste a un regard très pointu, juste et cynique sur l’actualité, consultez son profil instagram. À droite, une silhouette féminine qui cache son visage, un bras dans le plâtre, ce collage montre que toutes les femmes sont différentes, ne veulent pas être réduites à des canons de beauté ou à un stéréotype … ce montage bleu et orange est signé Audrey Roen.
Cet évènement a aussi été l’occasion de réinterpréter une oeuvre de Germaine Richier, par Cléo Germain. L’original de cette sculpture en bronze est visible au musée Fabre.
Difficile de passer à côté des oeuvres de Sunra et ses petits coeurs qui sont sa signature, avec une de mes préférées : « love always wins« . Combattre la guerre par l’amour est son credo … si par hasard vous voulez voir un dessin bien plus grand de l’artiste, rendez-vous à Saint-Jean-de-Védas (ou aussi à Sète) ! Ancien graphiste d’origine tunisienne, Sunra a imaginé son « pseudo » en inversant tout simplement les syllabes de son prénom (Ghassen). On le retrouve également à Djerbahood, un vrai régal !
Très graphique et habilement composée, j’aime beaucoup l’oeuvre d’Al Sticking (artiste qu’on retrouve un peu plus loin), et surtout les couleurs utilisées qui tirent vraiment parti de l’habillage de cette construction récente : il utilise le noir, l’or, le blanc, et des gris pour ce portrait d’un jeune garçon portant une casquette. Démarrant sa carrière comme collagiste à Caen, il arrive à Montpellier en 2006 où il finit par s’installer, pour déployer son univers toujours attachant, avec des personnages émouvants.
Aux petits allumeurs de réverbères, et aux créateurs de lumières
Parfois sur des poubelles, parfois sur des compteurs électriques, j’ai croisé à plusieurs reprises ces visages souriants tout ronds, aux grands yeux. (ci-dessous à gauche). incontournable dans la ville, c’est Loko, diplômé de l’école nationale supérieure des arts plastiques, et représenté aussi par la galerie AtDown. Celui-ci a connu quelques années de galère, et pendant cinq ans, les poubelles sur lesquelles il peint parfois maintenant, ont été une façon de se nourrir, et de s’habiller aussi. Il vit désormais de son art mais n’a pas oublié la rue et ces moments difficiles.
A droite sur la photo, un style très différent, pour ce côté d’immeuble : il s’agit de la reproduction d’une partie de tableau de l’impressionniste Frédéric Bazille par Raphaël Chabassol, aka Mokë, illustrateur très talentueux. Bazille était un peintre natif de Montpellier, mort à 28 ans pendant le conflit franco-prussien. C’est un bel hommage qu’on lui rend ici, et d’ailleurs si vous voulez voir l’original, allez au Musée Fabre !
J’ai retrouvé avec plaisir l’univers fantastique et joyeux de Nubian, vu récemment à Nîmes … ici c’est un caméléon géant, entouré de poissons … une vieille fresque qui date de 2018, mais qui nous ravit encore !
Originaire de Paris, Ose a vite été séduit par le soleil et l’ambiance de l’Hérault, assez pour s’installer à Montpellier en 2008. Il découvre la technique du pochoir à travers un livre de l’artiste Banksy, « Wall & Piece », et c’est le déclic … Il représente ici l’ermite de Saint-Guilhem-le-Désert , d’après une photographie d’Olivier Scher. On peut voir d’autres pochoirs du même auteur dans les environs.
Si tu rencontres quelqu’un de vertueux, et ne le chasse pas loin de toi, honore-le, de façon qu’il n’ait pas à te fuir et être réduit à se cacher comme un ermite, à se réfugier dans une grotte ou un autre lieu solitaire à l’abri de la perfidie
Centre ville
Je connais peu Pomme de Boue, dont on peut voir une de ses mosaïques collées à Lyon, rue de la Martinière. Cette oeuvre est pour le moins originale, elle montre une chaise du designer Michael Tonet créée en 1860, la « 14 », ou la fameuse « chaise de bistrot ». D’autres oeuvres abstraites sont visibles dans le même quartier, avec des tonalités différentes.
Bien connu pour ses accrochages urbains de vélos, Monsieur BMX fait désormais partie du paysage local … si les moitiés de vélos ont été « décrochés » par la municipalité au début, il y a quelques années, l’artiste est désormais reconnu et s’épanouit également en dehors de la ville. Il accroche aussi des caddies, en signe de solidarité envers les plus démunis, dans les rues de Paris.
Mist (ce nom vient de mistake) signe une très grande fresque aux couleurs acidulées près de la poste (il était présent au Festival Peinture Fraîche cette année) ; c’est un artiste représenté par la galerie AtDown. Il a découvert le graffiti au cours de ses trajets en RER pour aller à son école d’art graphique à Paris. Artiste polyvalent, il excelle en sculpture aussi, il a même édité sa propre gamme de jouets, « Bonus toyz », en 2001.
Un an après la fresque de Mist, c’est celle de Franck Noto (dont je vous ai parlé au début de cet article) aka ZEST qui a vu le jour, rendant cette place du Rondelet un lieu incontournable pour l’art urbain à Montpellier ! Zest maîtrise parfaitement le spray, mais il utilise beaucoup d’autres techniques : rouleaux, marqueurs, pinceaux, et même projections ! Il représente une femme, très stylisée, et si vous prêtez vraiment attention, vous distinguerez les quatre lettres de son blaze ! les couleurs étaient un peu plus vives en 2015 mais j’aime la tonalité pastel qu’elles ont pris. Merci à l’association « autour du Rondelet » qui nous permet de jouir de ces deux belles oeuvres.
Au 14 rue du Plan d’Agde, voici, au-dessus d’un restaurant, ce portrait à l’oiseau de Sanckoblack (14 rue du Plan d’Agde) … si vous avez le temps et que vous aimez ces artistes, allez à Saint-Jean de Védas, où ils ont peint un autre très beau portrait, ou encore dans les Cévennes, pour enrichir le parcours du MI.A.O.U. Il s’agit en effet d’un duo : ils se sont rencontrés en 2015 sur un projet associatif et inclusif pour le « mieux-vivre ensemble ». Bien que différents sur la forme, ils décident de collaborer ensemble, dans plusieurs disciplines : muralistes, collagistes, on trouve dans leurs oeuvres à la fois figuration et abstraction géométrique.
Aux Halles du Lez
Lieu tendance et branché, les Halles du Lez attirent les gourmands … mais il faut y venir aussi pour voir les fresques peintes sur les différents murs du lieu, en collaboration avec l’asso LineUP. On reconnaîtra le travail de Al Sticking avec ce petit garçon au volant d’une vieille voiture, les tracés fins et précis de Little Madi, les figures abstraites de Zest … sans oublier Supakitch et Koralie.
Halles du Lez – accès en tramway L3 – restaurants ouverts du lundi au dimanche
Sur les quais du Verdanson
Une partie du Verdanson, ce ruisseau qui est un affluent du Lez, a été bétonnée pour former un canal et c’est sur la partie où il est très étroit que les murs l’entourant ont été couverts de fresques et graffiti. Les oeuvres sont évidemment très éphémères, et se renouvellent rapidement. Il est conseillé de venir de jour et accompagné, pour votre sécurité.
⇒ Bon à savoir : pour y accéder sans voiture, prenez le tramway 4 jusqu’à l’arrêt « Les Aubes » (au niveau du carrefour Rimbaud) – derrière l’arrêt, il y a un petit chemin goudronné qui permet de descendre au niveau inférieur.
En périphérie, vous verrez de loin, très loin même, la fresque monumentale d’Al Sticking, sur la face sud de la Tour d’Assas, dans le quartier de La Paillade. Ce projet, baptisé « Souffles », est original puisqu’il a révélé en fait deux personnages, au fur et à mesure du temps et du vent, sur 252 bâches ; l’immeuble sera en effet détruit en 2024. Il est réalisé avec l’association Plumes et plusieurs des anciens habitants de la tour. Après un personnage en imperméable, vu de dos, au mois de mai, c’est une femme au poing levé, signe de force et de solidarité, qui l’a remplacé, au mois de septembre.
Malbosc
J’étais ravie de découvrir le nouveau temple du street-art à Montpellier, Parcelle 473, situé à Malbosc dans un ancien chai viticole.
Près du parking extérieur, plusieurs artistes nous souhaitent la bienvenue, à commencer par MARA, dont j’avais vu l’atelier chez Line-Up. Il s’adonne habituellement au collage, mais ici c’est une peinture d’un groupe de personnes qui est faite sur le mur, duplication du personnage sans visage qu’on retrouve à différents endroits de la ville. Une épaisse croix noire remplace les traits de la face, qui le rend finalement universel. Mara expose d’ailleurs en ce moment (et jusqu’au 28 novembre) son travail réalisé avec Ador à l’Espace Feuillel de Lunel. Les tigres d’Alexandre Froment (aka Fragments) sont aussi présents sur un mur à l’entrée (voir ma photo en page d’accueil du blog).
Je vous ai déjà montré une oeuvre de Sanckoblack plus haut dans l’article (elle se trouve dans le centre ville), on le retrouve ici avec ce portrait très pop sixties !
Et en effet,à l’intérieur, en lieu et place des cuves, des installations artistiques sont déployées à la fois une collection d’oeuvres (environ 100 pour le fonds permanent), et des expositions temporaires … une évolution qui a lieu environ trois fois par an. C’est Laurent Rigail, qui est déjà à la tête de la Galerie Brugier-Rigail avec son associé Eric Brugier, qui a eu l’idée de convertir l’ancien chai viticole de sa famille, (qui n’est plus en activité depuis 1989) il y a environ cinq ans. Il a fallu du temps … et 200 000 euros d’investissement familial pour concrétiser ce beau projet. Outre sa vocation de centre d’art urbain et contemporain, le lieu souhaite également être une demeure d’artistes et organiser des ateliers créatifs pour les enfants.
J’ai pu y voir l’exposition des artistes Sandrot, une artiste contemporaine animalière (qui est aussi muraliste), et Elisabeth Daynès , une championne de l’hyperréalisme (si vous aimez, jetez un coup d’oeil à mon récent article sur Bâle !).
De nombreuses oeuvres de Jérôme Mesnager ponctuent la visite, sur des supports différents : bois, toile de couleur, on en voit même une à l’extérieur.
Parcelle473 – 425 avenue des Frères Buhler – Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h (le dimanche de 14 h à 18 h) – Fermé le lundi – Visite libre : 4 € – Visite guidée : 6 €
Cet article fait suite à une invitation de l’Office du Tourisme de Montpellier, mais je garde toute liberté éditoriale.
6 réponses sur « Street art à Montpellier »
un bel aperçu, quelle ville plein de murs peints
magnifique article, je. ne connaissais pas ce musée parcelle à Malbosc
oui, cela a ouvert assez récemment … mais c’est un lieu vraiment inspirant avec de très belles oeuvres à voir !
merci pour cet aperçu du street art à Montpellier, ça a l’air canon
C’est marrant ces vélos dans le mur 😀
[…] https://atasteofmylife.fr/2023/11/13/montpellier-street-art/ […]