Ces dix dernières années, la ville de Nîmes est devenue incontournable pour les amateurs de street art et j’étais ravie que l’office du tourisme m’invite à venir le constater par moi-même, en me joignant à une visite guidée à travers les différents quartiers où les fresques murales sont légion, grâce entre autres à l’Expo de Ouf! , festival renommé qui a déjà soufflé ses dix bougies et a lieu chaque année.
C’est donc en compagnie de Cécile Coustès , guide de l’Office du Tourisme et spécialiste d’art urbain, que j’ai arpenté les rues du petit Berlin nîmois !
Depuis 2012, « Locomotiv Association » de Nîmes organise chaque année par le biais du collectif Bullshit ce festival dans les petites rues des quartiers populaires Gambetta et Richelieu. Tout a commencé par une soirée dans un grand appartement de 300 m² du quartier Gambetta pour fêter la sortie de leur fanzine « Sarcasme » ; ce lieu correspondait à ce que cherchaient les organisateurs : la défense de la culture alternative. Il a permis d’exposer le travail de dizaines d’artistes et petit à petit le projet a encore évolué, et c’est un bâtiment entier qui fut ensuite mis à leur disposition : le Spot.
Mais ce n’est qu’en 2014 que le street art a envahi les rues de la ville, avec l’accord de la municipalité bien sûr, et à ce jour on compte environ 80 fresques sur les façades de Nîmes.
J’ai eu beaucoup de mal à sélectionner quelques photos pour cet article … vous pouvez voir l’essentiel des murales dans deux quartiers au nord de la ville :
Commençons par le Quartier Richelieu, fait de rues parallèles, aux trottoirs étroits et de petites maisons alignées les unes contre les autres.
Comment résister aux couleurs chaleureuses de cette fresque du brésilien Nhobi Cerqueira, qu’on retrouvera de nombreuses fois au cours de notre visite ? Végétal et animal se mêlent sur ce mur un peu fou …
Nous continuons notre découverte très éclectique, avec à gauche, le graphiste Grafakie , et à droite un portrait double, par le colombien Arturo Volatil (que nous avions eu la chance de recevoir pour la 3ème édition de Peinture Fraîche Festival à Lyon) et Nadège Féron .
Rue Richelieu, je suis ravie de retrouver Y?not le lyonnais, qui signe ici « Tu montes sur tes grands chevaux » … Les chevaux peints me font penser à la fontaine de Bartholdi située place des Terreaux … encore un mélange avec le lettrage très réussi.
Un des artistes souvent rencontrés ici ou dans le quartier Gambetta est Adec, aux personnages articulés, facilement reconnaissables … et très souples !
Voici trois dessins proches les uns des autres, par des artistes différents ; de gauche à droite : Adec, Arkane, ARDPG. Difficile de dire mon préféré …
A l’ouest du quartier Richelieu, se trouve cette agence immobilière, que Foa a recouverte d’un dessin représentant de très grandes clefs au-dessus d’une ville … une façon peut-être d’exprimer qu’il est de plus en plus difficile de trouver un logement ? J’aime beaucoup le ciel dégradé placé en arrière-plan.
Pour voir la majorité des oeuvres, je vous conseille de parcourir la rue Richelieu et la rue des Bons Enfants.
Quartier Gambetta
J’ai trouvé cette zone un peu plus agréable que le précédent, avec ici ou là quelques points de verdure ; les habitants du quartier ont en effet décidé de fleurir les rues, en fabriquant des petites jardinières, comme par exemple dans la rue Robert, avec les moyens du bord : briques, palettes … Il suffit de peu pour embellir une rue c’est vrai !
J’étais ravie de revoir ce grand dessin de Tito & Mulk, ce duo que j’avais pu admirer dans un des appartements du Festival Planète Périphérique dernièrement. « Fate doesn’t with your plans » est un peu pessimiste, mais réaliste, et peut-être inspiré par la crise du Covid, où tout le monde a vu ses plans chamboulés à cause de la pandémie. Préférez-vous la version bleue … ou rouge ? (cette dernière couleur a été choisie car l’immeuble abritait l’ancien siège du parti communiste).
Le style de Pyrate a pas mal évolué (en bien) et ses dessins sont de bien meilleure qualité technique maintenant qu »il y a quelques années … on peut le constater notamment quand il peint des mains ! S’il est basé à Nîmes, il intervient dans toute la France, comme par exemple aux festival Mister Freeze de Toulouse. Mais pourquoi Georges Brassens ? Le propriétaire de la maison, et du mur d’enceinte, Alain Merle, est un passionné du chanteur, et collectionne de nombreux objets le concernant ; le choix du thème était donc tout trouvé ! Pyrate a réalisé ce mur en 2015 avec le sculpteur et graffeur Alésien Souredj. La pipe en bois a été intégrée au dessin pour ajouter un élément en relief. Vous reconnaîtrez aussi les noms de certaines des chansons du poète à la pipe, écrits sur les deux pans du mur, sur fond jaune.
Voici deux de ses dernières réalisations, pour ExpodeOuf #9 et #10, en 2020 (à gauche) et en 2022 (à droite) ; ce dernier mêle très habilement lettrage et portrait en deux tons, j’aime beaucoup !
Surnommé le « walk of fame » du quartier Gambetta, sur des murs situés en renfoncement de la rue Clérisseau.
Victorien Liria, un artiste originaire de Sète mais vivant à Montpellier, aka Maye, s’est déplacé à Nîmes pour réaliser un de ses personnages très minces et contorsionnistes … reconnaissez-vous les fameuses arènes de Nîmes en guise de chapeau ? Je l’avais retrouvé avec plaisir sur les murs du DéDalE à Vannes, lieu maintenant détruit. A proximité, vous verrez de grands murs de Nhobi, Grumo, Brokovich, Adec, Pablito Zago … je ne vous les montre pas, vous aurez la surprise !
Rue de la Baume, voici une très belle fresque de Loraine Motti, mais ce n’est pas la seule, celle-ci ayant en effet participé plusieurs fois à l’Expo de Ouf. Elle sait très bien mêler le végétal et les personnages humains, dans un style qu’on reconnaît aussitôt ! La lyonnaise est maintenant très demandée et peint dans le monde entier … parfois avec Cobalt.
Quelle est la plus grande fresque du parcours ? Celle-ci, sans conteste ! La maison des Mistons est une maison de retraite, que Maria Orovio a complètement transformée, (on se croirait à Santiago du Chili, non ?) avec l’aide de Foa. Chacun des balcons a une couleur différente, que le pensionnaire a pu choisir. C’était la première participation de l’artiste madrilène au festival, mais elle avait déjà peint un mur début 2022 au Vaisseau 3008.
Le long de cet immeuble, ne manquez pas la petite rue bien raide, étroite, qui monte : de chaque côté, des dessins qui changent régulièrement ! Le sol a été embelli par des motifs de Mehdi Cibille aka LeMoDuLeDeZeeR.
Sur la droite au début, l’immense copie du tableau très connu « les tournesols » … et cet épitaphe de Supocaos « Vincent était fou, pas moi » …
Le Spot
Lieu stratégique du street art, Le Spot est un tiers-lieu où je vous recommande de vous arrêter.
Lors de mon passage, j’ai pu admirer l’exposition Linda Kocher dont j’ai vraiment beaucoup aimé les oeuvres, représentant des femmes aux formes généreuses, toutes en couleur.
Vous pourrez y demander un plan gratuit des fresques, si vous n’en avez pas déjà obtenu un à l’office du tourisme près des arènes.
Il est bien agréable d’y admirer les expos régulières, mais aussi de se délasser sur le patio, où quelques fresques assez anciennes de Bault, sont encore présentes. Bières à la pression ou en bouteille, mais hélas plus de restauration, c’est bien dommage. J’y ai dégusté ma boisson bien fraîche avec plaisir ….
Pêle-mêle, d’autres dessins visibles sur cette chouette terrasse : Leonore Equoy, Brokovich, Adec …
Bon à savoir ⇒ le lieu est ouvert du mardi au samedi de 10h00 à 19h00
Non loin du spot, au bout de la rue, on trouvera entre autres une belle fresque de KogaOne, dans ce style déstructuré de visages si particulier. Si vous avez le temps, faites un crochet par Uzès, toujours dans le Gard, pour voir un autre de ses murs. Sur le blog, je vous avais montré son travail dans mes articles sur le Street art à Moûtiers (pour Eternelles Crapules) et sur le ZooArtShow 3 à Lyon.
En tournant tout à gauche, quelle joie de retrouver un des portraits de SwedOner, et à sa droite sur le même mur, un dessin de RNST , artiste très actif dont je vous avais montré les oeuvres, entre autres lors de ma visite à Roche-la-Molière.
Comme souvent, par exemple à Montévrain au Clos du Chêne, il signe là encore un personnage masqué provocateur qui nous fait une grimace … un beau souvenir de l’Expo de Ouf #4 …
Connaissez-vous Sismikazot ? Moi pas du tout !!! C’est grâce à ce « cheval de trois » (oui, vous avez bien lu, ce n’est pas une coquille …) que je l’ai découvert. Il s’agit en fait d’un duo composé de Paul et Rémi, deux amis de collège originaires du Lot. Le bâtiment sur lequel se trouve cette grande fresque mêlant diverses phrases et ce cheval blanc est très important et sentimental pour le Spot, car c’est là que se sont déroulées les premières « expos de Ouf », réunissant des artistes qui avaient carte blanche pour décorer les neuf appartements. Et finalement c’est en fait une oeuvre collaborative puisque les habitants ont participé en écrivant ces textes !
Très ancien aussi, cet « homme volant » de Grumo et Supo Caos, qui date de 2013 ; ce sont eux qui ont fondé le collectif « La Ruche » qui se réunit de temps en temps à Nîmes pour travailler ensemble dans un grand atelier. Cette fresque fut la première de l’expo de Ouf, réalisée à la demande du propriétaire, et qui est à l’origine du festival. Comme il y a un petit parking juste devant, il est difficile d’éviter la présence de voitures sur la photo …
Un de mes murs « coup de coeur » est celui-ci, mais il n’est pas facile à photographier car il s’étale sur toute la longueur de cette maison. Bravo à Tom Bragado Blanco aka Braga Last One pour cette fresque végétale et animalière, ainsi qu’à NyotaOne pour cette réalisation très bucolique.
Je suis arrivée trop tard pour voir les fresques du Vaisseau 3008, tiers-lieu où les artistes se sont pas mal exprimés également …. mais les lois de l’immobilier ont fait que la destruction des bâtiments était déjà faite lors de mon passage. Plus rien donc à voir dans ce quartier du sud de la ville, vers le Quartier de la Placette. Dommage, il y avait un florilège d’oeuvres d’artistes que j’aime beaucoup : Kashink, Y?Not, Shab, Loraine Motti, etc …
En centre ville, j’ai remarqué un nombre impressionnant de quetzalcoatl de l’artiste caennais Oré … en voici un petit montage ! Alors, pensez-à regarder en l’air en vous promenant ! 😉
et également quelques photographies sous verre de « Back to the street« , artiste que j’aime beaucoup, qu’on retrouve entre autres à Arles ou à Lyon.
Un grand merci à Cécile pour cette visite passionnante ! Pensez à vous renseigner auprès de l’office du tourisme pour connaître les jours et heures des prochaines visites guidées !
N’hésitez pas à me suivre sur mon compte instagram @atasteofgraffiti pour en voir encore plus !
La 11e édition de l’expo de Ouf se déroulera en septembre 2023 … et l’asso est actuellement à la recherche de murs ! Donc si vous êtes propriétaire d’un immeuble qui a besoin d’un petit relooking, contactez-les !!!
Plus d’infos
NÎMES TOURISME
Site Web : https://www.nimes-tourisme.com/fr/
LE SPOT NÎMES – 8 rue Enclos Rey
Site Web : https://lespotnimes.com/
2 réponses sur « Street art à Nîmes »
merci pour la découverte, je connaissais bien Nîmes et ses arènes, mais pas du tout ce street art, c’est magnifique !
Fan de Brassens, je kiffe le dessin sur le mur jaune 🙂