Vous le savez probablement si vous lisez depuis longtemps mes articles street art sur ce blog, je suis friande des évènements éphémères, lorsque des artistes s’approprient des lieux voués à la destruction ou à l’abandon. Il était donc inconcevable de passer à côté de l’exposition du moment, le festival Planète Périphérique, proche de la Porte de Bagnolet dans le 20e arrondissement de Paris.
Cette fois-ci c’est carrément un immeuble entier qui a accueilli les artistes qui pendant environ un mois de résidence, ont recouvert de street art la plupart des murs du lieu, sur plus de 3000 m² ! Il s’agit de la cité Python-Duvernois, un HLM qui appartient à la ville de Paris et qui était confié en location au bailleur RIVP, qui sera détruite cet été, pour laisser place à une partie du grand projet de réhabilitation visant à renforcer cette « ceinture verte parisienne » en intégrant différents équipements sportifs ainsi que des espaces verts. C’est le collectif Rouge Rouge 3 (qui est aussi une agence de spectacles) et le l’association RAS qui pilotent l’organisation du projet et la mise en place de ce entreprise culturelle d’envergure ; bravo à eux !
Je vous propose de commencer la visite par l’extérieur du bâtiment (il s’agit de la barre « I ») où il y a déjà pas mai choses à voir, en façade, dans les cages d’escalier, terrasses ou paliers.
Si vous patientez avant d’entrer, vous aurez tout loisir d’admirer la grande fresque peinte par Nash Artworks avec, en featuring, quelques éléments de Funky Monkiz.
Que se racontent le Crowrona de MSBeja et la jolie créature de DemoiselleMM ? Ces deux-là sont des habitués du LavoMatik et du Spot13, la galerie d’art à ciel ouvert dont je vous ai déjà parlé ici.
Sur un rideau de fer, une belle demoiselle à la chevelure pourpre, par Thomas Debatisse aka OTOM, street artiste niçois qui a défrayé la chronique judiciaire l’an dernier. Il est à l’origine de la fondation de l’association Whole Street, destinée à promouvoir le street art sur la Côte d’Azur.
Juste à gauche de l’oeuvre de Otom, trois renards dessinés par Nicolas Perruche, qui peint des animaux un peu partout en France
On se régale aussi, toujours à l’extérieur, des dessins du très sympathique Rémi Cierco (avec qui on avait bien échangé lors de l’évènement #les25) et de Gionata Gesi, aka Ozmo, natif de Pise en Italie. Il a déjà oeuvré à Paris, entre autres avec le centre d’art urbain Fluctuart. Suivez bien le fil rouge et vous verrez les deux statues de chaque côté … Apollon et Daphné !
et pour terminer les extérieurs (pas exhaustif du tout, désolée !), je vous montre cette réalisation de Mathieu1976, qui s’est bien éclaté sur le site 27Pantin. sympa cette voiture qui fait un strike sur des quilles ! J’ai retrouvé ensuite d’autres fresques signées de lui rue de Tourtille à Belleville. Il est vraiment très prolifique en ce moment … pssst : ouvrez l’oeil car en empruntant la sortie, vous en verrez un autre !
Après avoir passé l’accueil, nous montons au premier étage où une série d’appartements, sur la droite d’un très long couloir, nous attendent sagement. Ouf, il n’y a pas encore trop de monde, car nous sommes venues un jour dans la semaine. (merci à Elisabeth de m’avoir accompagnée, suivez son compte street art ici ⇒ https://www.instagram.com/elisabeth_cruz_streetart/
Chaque niveau a sa thématique, et je ne peux tout vous montrer dans cet article, c’est juste une toute, toute petite sélection de ce que j’ai vu … (j’y ai passé presque trois heures, on peut le faire plus vite mais j’avais le temps). Ce 1er étage est donc axé sur le « street art en version 100% féminin« . Et ça envoie du lourd !
On n’attend pas longtemps avant la première grande claque, celle que provoque l’anamorphose réalisée par EmyArts … woaw !!! Dragon hyper-réaliste, sensation du vide, tout y est ! (et en plus on vous aide pour prendre la meilleure photo, avec un repère marqué au sol). C’est aussi une habituée du Spot13, et son art évolue tellement, je suis bluffée de ses progrès.
La cuisine engloutie interprétée par le collectif Magmaô est assez surprenante … les artistes qui en font partie ont choisi de réaliser un espace aquatique, imaginant ce que deviendrait cette pièce si elle était envahie d’eau, et comment la nature (ici des poissons, otaries, entre autres) reprendraient leurs droits. Bravo à Magali Berdaguer, Marie Désert, Aude Mouillot !
J’ai beaucoup aimé les pièces envahies par les yeux de l’artiste plasticienne MELN … qui m’ont fait un peu penser au placard du fond dans l’appartement peint par Veks van Hillik à Rillieux … un peu oppressant comme sensation d’être observé !
Si vous traînez dans les rues de Paris en exploration de street art, vous avez sûrement déjà croisé les personnages aux yeux très clairs de Génia Akoulova aka AkeloArt … cette artiste a choisi de représenter une aviatrice géante, sentinelle de la nature …
Ces appartements sont en duplex, aussi après avoir vu les pièces du premier niveau, il faut monter un escalier en colimaçon fort étroit pour voir la mezzanine et d’autres pièces. Pas évident de se croiser, il faut parfois de la patience pour que l’escalier se dégage.
On continue avec ma sélection de fresques favorites …. et Kaldea Nakajima bien entendu, beaucoup photographiée et relayée sur instagram. Couleurs acidulées, donuts et esprit asiatique … même l’escalier est assorti. On peut voir une de ses fresques à Morlaix dans le Finistère par exemple, peinte pour le MX29 Graffiti Tour.
La pièce se prolonge sur la droite avec les merveilleux tigres de Dune Carle aka CROS du collectif Whosthatgirl qui rassemble 35 graffeuses. Étudiante de la Gerrit Academy à Amsterdam, elle est par exemple intervenue sur le mur des Trois Couronnes, avec Lask qu’on retrouve aussi sur le festival Pyth.
Graphiste et muraliste, Maca Dessine signe ce portrait un peu mystérieux où le visage est couvert partiellement …. d’ailleurs, un petit conseil, prenez avec vous votre smartphone pour profiter du grand angle de la fonction appareil photo. il n’y a pas forcément beaucoup de possibilité de recul dans certaines pièces, et c’est toujours un peu frustrant d’avoir une oeuvre en plusieurs morceaux.
DemoiselleMM nous ravit également, avec cette immense « demoiselle », accompagnée d’un « big yellow duck » … et de nombreux arums roses !
Il n’y a pas vraiment de fil rouge pour la thématique il me semble, comme la mémoire peut l’avoir été pour l’invasion des appartements street art Rillieux-la-Pape, par contre oui c’est le féminisme qui est ultra présent et c’est très rafraîchissant. Trois appartements sont investis sur le parti pris de la « non-mixité ». Sur un mur, Carole B , spécialiste du pochoir, du collage et du paper art a réalisé un portrait de Gisèle Halimi, invitant les visiteurs(ses) à noter sur un papier le nom d’une femme importante à leurs yeux dans ce combat … dans un coin de la mezzanine, j’immortalise un bout de la moquette usée jusqu’à la corde, d’un autre âge. Sur la porte de ce même appartement, elle a réinterprété un portrait de Hedy Lamarr, une femme qui a posé les bases du wifi, mais n’a jamais été prise au sérieux !
Un peu partout, ouvrez l’oeil, vous découvrirez les petits collages de Mélanie Body, j’adore ces femmes féministes et leurs slogans …
Au 3e étage, les oeuvres sont axées sur l’art politique et l’art contemporain …. j’ai moins aimé, mais cela vous plaira peut-être ?
Enfin, au 5e étage, on retrouve un peu de street art à thématique « vandal » et « art visuel ». Beaucoup de révolte ici, et Macron en prend pour son grade, ainsi que les policiers ! Plusieurs dessins de cette série « blacklines« , le collectif d’artistes au service des luttes, où la force du trait illustre l’actualité récente des manifestations. On y retrouve VenenoOne, Lask, Cedric Da Marms …
Venir ici était l’opportunité de voir peindre « en live » l’artiste Ernesto Novo, qui terminait cette statuette Dogo (Mali) sur une porte … on a pu aussi voir Lask et papoter avec Andrew Wallas … très sympa ! Ici on voit la vie en bleu …
A gauche, ci-dessous, on retrouve Vinci Vince qui avait participé au festival Wall Street Art de Corbeil-Essonnes ; des lettrages du début de sa carrière, il a évolué vers un style plus figuratif et à vocation sociale.
Du noir et blanc ? Il n’y a qu’à demander ! Cet appartement fourmille de personnages et de détails, on y passerait des heures … plusieurs artistes y ont participé : Fuvious Fiv5 , Martin Peronard, Sylencieux93, Lask du crew Twe, originaire de Sevran, et Nicolas Perruche , en majorité au feutre noir.
Quel changement de voir des fresques d’Andrew Wallas avec plein de couleurs … et des fleurs ! Perso j’adore, et vous ?
Alors, toi aussi tu voudrais voir ce festival de street art XXL ? Dépêche-toi, ça se termine le 7 mai prochain ! Et il n’y a pas que l’expo, il y a aussi des évènements, (live painting, DJ set, light show …) l’agenda est à consulter sur le compte de Le Pyth ici ⇒ https://www.instagram.com/le_pyth/
Festival Planète Périphérique
Jusqu’au 7 mai 2023 – Entrée à prix libre.
19 rue Henri Duvernois – Paris 20e
Métro : Porte de de Bagnolet
Ouverture les jeudis et vendredis de 15h à 19h et les samedis et dimanches de 12h à 19h.
7 réponses sur « Festival Planète Périphérique »
Bravo pour ton article qui donne vraiment envie de visiter le festival! Il faut dire qu’on y trouve de magnifiques réalisations et c’est toujours sympa d’échanger avec les artistes qui font les live painting! C’était cool de faire cette visite avec toi et j’espère qu’il y en aura d’autres, à Paris, Lyon ou tout autre ville en France. Les festivals street art sont de plus en plus nombreux, pour notre plus grand plaisir!
merci Elisabeth ! oui c’était sympa de discuter, surtout avec Andrew Wallas que j’admire beaucoup !
en effet ça a l’air top, faut que je me dépêche de voir ça
oh oui car comme indiqué, ça se termine le 7 mai !
`que de belles couleurs, j’adore
C’est l’expo à voir en ce moment à Paris c’est sûr
dommage, pas pu y aller …. seulement grâce à tes photos !