Cracovie : la voie royale et le château

Après vous avoir « mis en appétit » avec mon premier article « Cartes postales de Cracovie« , il était temps de commencer à vraiment explorer cette ville superbe, ancienne capitale de la Pologne, accessible depuis Paris Orly grâce à Transavia, à petits prix. La localisation de notre hôtel Balthazar Design était parfaite pour explorer à pied les environs, il est situé rue Grodzka, presque en face de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul.

Je vous propose de commencer par un grand classique : la Voie Royale, parcours emprunté par les monarques (lorsqu’ils se rendaient à leur couronnement par exemple) et les hôtes illustres de la ville pendant des siècles, il nous fait passer par le Rynek puis mène à la colline du Wawel. Cette route nous fait découvrir les sites les plus pittoresques, et le plan en damier n’a pas changé depuis sa conception au Moyen-Âge.

Commençons par la porte Saint-Florian, qui est l’unique porte d’accès à la ville conservée parmi les huit que comportait l’enceinte médiévale. Celle-ci constituait la principale entrée de la Voie Royale et fut élevée en pierre au XIIIe siècle ; comme vous le voyez, elle est bicolore ! Elle fut en effet terminée à la fin du siècle avec des briques rouges, avant que son sommet crénelé ne soit recouvert  en 1694 par une délicieuse petite coupole baroque.

porte saint florian cracovie

Toute en rondeur, la Barbacane a la particularité d’être une forteresse militaire qui n’a jamais été prise d’assaut. C’est l’un des plus beaux bâtiments de l’architecture médiévale militaire d’Europe, très élégant avec ses sept tourelles. Il a été ajouté aux remparts d’origine à la fin du XVe siècle pour en renforcer la protection. Elle était jadis reliée à la porte Saint-Florian par un passage au dessus des douves, qu’on appelait « le cou ».

cracovie barbacane pologne

La rue Florianska prolonge notre promenade, c’est une voie commerçante bordée de demeures souvent précédées de portails Renaissance ou gothique tardif, parmi les plus belles de la ville. Si vous aimez les belles portes, vous allez vous faire plaisir et rapporter de belles photos ! N’oubliez pas le hashtag #ihavethisthingwithdoors pour vos partages sur les réseaux sociaux ! Elle doit son nom depuis déjà 700 ans à l’église Saint-Florian et ce fut l’une des premières rues à être pavées de Cracovie.

cracovie rue florianska

La Grande Place du Marché (ou Rynek Glówny) est un incontournable, avec plusieurs points d’intérêt. C’est le coeur de la ville, le centre de la vie religieuse, économique et politique du Cracovie médiéval, et c’est encore le point névralgique du Cracovie touristique d’aujourd’hui. Cette immense place fait 200 mètres de côté et sa création date de 1257, lorsqu’une charte municipale fut accordée par le roi Boleslas le Chaste.

cracovie rynek halle aux draps

Le bâtiment en photo ci-dessus, fameux pour ses créneaux ornés de jolis mascarons de pierre, est l’ancienne Halle aux Draps. Elle était affectée au commerce du drap lors de sa construction à la fin du XIVe siècle. Hélas elle fut détruite par un incendie, puis reconstruite aussitôt, dans le style Renaissance, et l’architecte italien en charge des travaux la rehaussa d’un splendide attique sculpté.

C’est plus tard, entre 1875 et 1879, qu’on lui ajouta les arcades latérales de style néogothique. En traversant la Halle, vous constaterez que la galerie centrale aligne aujourd’hui des étals d’artisanat traditionnel, la partie supérieure et le sous-sol abritent deux musées dont je vous parlerai plus tard.

halle aux draps cracovie pologne

J’étais bien tentée par les colliers en ambre … mais j’ai déjà pas mal de bijoux !!! Vous aimez ?

ambre cracovie pologne

J’ai eu un vrai coup de coeur pour l’église Notre-Dame, qui est la principale église de Cracovie. Elle domine l’angle nord-est du Rynek, et surprend un peu avec ses deux tours asymétriques. Elle est dédiée à l’Assomption de la Vierge (c’est la troisième à avoir été bâtie à cet emplacement !) et incarne la toute-puissance de la bourgeoisie cracovienne qui finança sa construction.

basilique sainte marie cracovie

Toute l’église est magnifique, mais il faut s’attarder sur le choeur, où l’autel principal se détache sur un fond de somptueux vitraux gothiques, et encadré de peintures de Matejko.

basilique sainte marie de cracovie

On peut y voir un gigantesque polyptyque de cinq panneaux aux sculptures exécutées en bois de tilleul peint et doré. C’est l’oeuvre du sculpteur de Nuremberg Veit Stoss. Ce vaste retable de 13 mètres de hauteur sur 11 mètres de largeur est l’un des plus grands maîres-autels du genre, avec 200 personnages, représentant un cycle essentiellement consacré à la vie de la Vierge.

cracovie église notre dame

Les fresques murales sont raffinées et colorées, beaucoup d’entre elles sont l’oeuvre de Jan Matejko, peintre polonais du XIXe siècle et maître du réalisme … le plafond bleu couvert d’étoiles est remarquable.

Autre élément remarquable de Notre-Dame : ce Christ en pierre sur fond de tôle d’argent décorée au repoussé figurant Jérusalem, dû également à Veit Stoss.

christ pierre notre dame cracovie

Bon à savoir : les volets du polyptyque sont ouverts chaque jour à 11 h 50 ; il est possible de grimper au sommet d’une des tours de l’église (82 mètres et 239 marches) mais il faudra acheter un billet séparé.

A chaque heure, ne manquez pas le hejnal, une mélodie de cinq notes jouée à la trompette du plus haut des tours de l’église, c’est une tradition qui remonte à plusieurs siècles, en souvenir du guetteur qui eut la gorge transpercée d’une flèche, mais qui a pu tout de même prévenir la population, avant sa mort, de l’invasion tatare en cours.

Toujours sur la place du marché, se trouve le beffroi de l’Hôtel de Ville . C’est tout ce qui reste de l’édifice du XVe siècle hélas … il fut démantelé au XIXe, sous l’occupation autrichienne. Par contre le portail gothique est toujours visible. Là aussi, il est possible de monter au sommet (à peu près 70 mètres de hauteur) et avoir une belle vue par les ouvertures de la coupole baroque qui a remplacé la fllèche gothique d’origine.

rynek beffroi cracovie

Je n’ai pas visité l’intérieur de l’église des Dominicains, mais la partie supérieure de sa façade a toujours attiré mon oeil, à chaque fois que je passais devant !! Elle fut plusieurs fois détruite par des incendies, son porche stylisé date de sa dernière reconstruction, il cache le portail original de style gothique. Promis, la prochaine fois je pousse la porte, car il paraît qu’elle recèle des trésors d’architecture.

église franciscains cracovie

Deuxième coup de coeur côté église, c’est la basilique des Franciscains, qui comme l’église Notre-Dame, arbore des peintures murales magnifiques. Ces fresques associent motifs floraux, géométriques, héraldiques, mais aussi quelques scènes figuratives.

Attardez-vous également sur les somptueux vitraux Art Nouveau, qui sont également du peintre Stasnislaw Wyspiański, qui était le principal représentant du mouvement « Jeune Pologne ».

cracovie église franciscains

cracovie église franciscains

Bon à savoir : si vous êtes fan des vitraux Art Déco, arrêtez-vous au 19 de la rue Grodzka, dans le Pavillon Wyspianski 2000 (il y a aussi au bout du couloir un point d’information touristique InfoKraków). Trois superbes vitraux s’y trouvent, au caractère plutôt lugubre ; ils représentent Saint-Stanislas, le prince, ainsi que le roi. Ces vitraux avaient été dessinés par Wyspianski pour la cathédrale du Wawel, mais ils ne furent jamais réalisés, l’artiste était sûrement trop en avance sur son époque !

Je ne suis pas entrée dans l’église Saints-Pierre et Saint-Paul, mais la façade à elle seule vaut le détour, elle est creusée de niches abritant des statues. C’est la toute première construction baroque de la ville, commencée en 1596, mais achevée seulement en 1619.

En parlant de statues, la particularité de cet édifice religieux repose aussi par la balustrade surmontée par de monumentales représentations des douze apôtres (par Dawid Heel) . Ce ne sont pas les originaux, qui étaient rongés par la pollution et donc remplacés. De nombreux concerts se déroulent dans cette église, vous pouvez consulter la programmation ici : apostolowie.pl

église saint pierre saint paul cracovie

En face de cette belle église se trouve la place Sainte-Marie Madeleine, du nom de l’église gothique Sainte-Madeleine qui s’y trouvait jusqu’en 1811. On y voit maintenant la statue du prêtre Piotr Skarga, perchée en haut d’une fine colonne, ainsi qu’une fontaine très contemporaine.

cracovie place madeleine prêtre

À la droite de l’église Saints-Pierre et Saint-Paul se trouve l’église des soeurs Clarisse dédiée à saint André, qui a vraiment des allures d’église forteresse, avec ses multiples fenêtres à simple colonnette centrale (qui attestent de la vocation défensive de cette construction). Sa façade en pierres et briques surmontée par deux tours à base carrée puis octogonale, recouvertes en 1639 de coupoles baroques se démarque des autres édifices religieux que j’ai pu voir dans la ville.

église saint andré cracovie

La plus pittoresque des rues de Cracovie est sans doute la rue Kanonicza ; chaque maison a une longue et riche histoire datant souvent de la première moitié du XIVe siècle. Pour vous repérer, sachez qu’elle est parallèle à la rue Grodzka. Elle fut heureusement épargnée par le terrible incendie qui ravagea une bonne partie de la ville en 1850.

C’est un plaisir pour les photographes : façades recouvertes d’armoiries, portails somptueux, lourdes portes cochères, et même parfois magnifiques cours ou jardins.

cracovie rue Kanonicza

rue kanonicza cracovie

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Nous arrivons enfin à la colline du Wawel. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas très haut (c’est plutôt une butte) et bientôt apparaîtra devant vos yeux le sublime château du même nom. C’est le plus précieux ensemble architectural de la Pologne : résidence historique des rois depuis le XIe siècle, c’est un véritable joyau de l’art roman, gothique et renaissance, renfermant des collections inestimables.

chateau du wawel cracovie pologne

Sur votre droite, passez quelques instants pour étudier la maquette des différents bâtiments qui composent cet ensemble, c’est plutôt instructif je trouve, pour avoir une vue globale du site.

cracovie chateau royal wawel

Sur un des bâtiments près du château, surprenante végétation rouge ardent de lierre qui semble représenter un dragon … hasard heureux ou petit coup de main de l’homme ?

chateau du wawel cracovie pologne

Nous pénétrons d’abord dans la vaste cour intérieure, formée sur trois côtés par la superposition de trois superbes galeries à colonnes et arcades, qui rappelle les palazzi italiens de la Renaissance. Après restauration, la décoration de Hans Dürer qui couvrait le haut des murs extérieurs des galeries a été restituée. Au XVIe siècle, les appartements privés du Roi se trouvaient au premier étage, tandis qu’au second (le piano nobile) étaient situées les salles d’apparat.

cracovie chateau du wawel cour

Nous avons eu la chance unique de pouvoir admirer, juste avant sa fermeture, l’exposition complète des tapisseries du roi « All the king’s tapestries : homecomings 2021-1961-1921« . Comme son nom l’indique, c’était seulement la troisième fois qu’elles étaient exposées dans leur totalité ; elle a été vue pendant six mois par plus de 100 000 visiteurs.
pour en savoir plus, clic clic : https://wawel.krakow.pl/en/exhibition-temporary/all-the-king-s-tapestries-homecomings-2021-1961-1921

On commence par admirer, tels des livres, des tableaux vraiment narratifs : l’histoire d’Adam et Eve, du déluge biblique, la construction de la Tour de Babel, etc …. il y a également de superbes tableaux représentant des scènes où la faune (parfois un peu imaginaire) et la flore ont la vedette.

C’est le roi Sigismund le vieux et la reine Bona Sforza qui ont commandé les premières tapisseries. Mais c’est leur fils, Sigismund Auguste, qui a créé la véritable collection en commandant plus de 250 tapisseries dans les manufactures flamandes. Comme le veut la tradition, c’est le roi lui-même qui a choisi les thématiques des séries illustrées ainsi que les dimensions des tentures pour les adapter aux chambres du château.

A sa mort, la collection comptait 350 pièces … aujourd’hui on n’en a conservé que 137 … mais quel témoignage de ce savoir-faire ! On y apprend beaucoup sur les techniques de tissage de ces chefs d’oeuvre, la teinture qui était à l’époque uniquement végétale ….

cracovie chateau tapisseries roi

Néanmoins, ne vous inquiétez pas, même si l’expo est terminée, si vous venez au château du Wawel, vous pourrez en admirer une sélection (une trentaine) qui sont magnifiques. Je ne vais pas vous raconter ici leur histoire en détails mais il a longtemps déjà, elles avaient été transférées en Russie après la troisième partition de la Pologne en 1795, revenant à Cracovie dans les années 1920.

En raison de l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, nous avons failli ne pas les voir du tout … c’est grâce au courage et à l’entêtement de quelques personnes qu’elles ont pu être sauvées, et par différents moyens, bateau, rail, etc … et traversant différents pays petits à petits occupés par l’ennemi, elles ont pu être mises à l’abri au Québec pendant plusieurs années, et ne furent rendues à la Pologne communiste qu’en 1962.

cracovie exposition tapisseries

tapisserie royale cracovie chateau

Le saviez-vous ? ⇒ en polonais, tapisseries se dit « arras » (la ville d’Arras en France est le berceau d’origine de la tapisserie médiévale) ?

Nous poursuivons l’exploration du château et des appartements d’État ; plusieurs des salles tirent leurs noms des frises figurant au-dessous des plafonds peints : salle des Tournois, salle de la Revue militaire, salle des Députés … Cette dernière est l’une des plus spectaculaires avec son remarquable décor de têtes sculptées en bois jaillissant des caissons du plafond. (voir photo ci-dessous)

salles chateau wawel cracovie

Dans la salle des Députés (appelée aussi « sous les têtes » :Pod Glowami) il ne reste que 30 têtes sur les 194 têtes d’origine sculptées par deux artistes de Breslau, Sebastian Tauerbach et maître Hans Snycerz. C’est l’élément le plus original du château, mais on ne sait pas de façon certaine pourquoi elles sont là, à part en tant qu’élément décoratif.

chateau wawel cracovie plafond têtes

Je ne vais pas vous montrer toutes les salles … mais regardez attentivement les murs de la salle aux Oiseaux, remodelée après l’incendie de 1595 en style baroque, avec des murs tendus de cuir de Cordoue du XVIIIe siècle. Voici un détail ci-dessous.

château wawel cracovie

Dans la cathédrale gothique furent sacrés et inhumés les rois polonais pendant 400 ans ; sans surprise, elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (depuis 1978). Elle est richement décorée, pas mal de dorures et ses chapelles renferment de très beaux trésors de l’art baroque, comme la très belle chapelle Saint Sigismond, près du portail sud. (quand vous regardez la cathédrale de l’extérieur, c’est celle qui a un dôme doré). Intrigués par ces grands os à l’entrée ? Il s’agit d’un os de baleine et de rhinocéros laineux, qui témoignent d’anciennes croyances (ils étaient censés protéger du mal).

baleine cathédrale cracovie

Les portes principales sont recouvertes de panneaux de fer qui datent du XIVe siècle, avec le monogramme de Casimir le Grand (Kazimierz Wielki).

cathédrale cracovie pologne wawel

La chapelle de la Sainte-Croix (ci-dessous) m’a vraiment émerveillée, avec ses fresques murales d’influence byzantine réalisées en 1470 par des artistes de l’école russe. C’est la seule chapelle médiévale de la cathédrale à avoir conservé sa décoration originelle. On y distingue dans l’angle nord-ouest le sarcophage du roi Casimir Jagellon. La statue au centre représente l’évêque Cajetan Soltyk.

wawel cathédrale cracovie stanislas

cracovie cathédrale stanislas venceslas

Comme je vous l’ai déjà dit, c’est dans cette cathédrale que reposent les souverains de Pologne, certains tombeaux (sur lesquels reposent leurs gisants) se trouvent dans la grande nef et les nefs latérales (ci-dessous, celui de Casimir le Grand mort en 1370). D’autres tombes royales se situent dans des cryptes qui furent bâties au XVIe siècle.

tombeau casimir le grand cracovie

Bon à savoir : Nous ne sommes pas allés voir les cryptes, mais si vous voulez les explorer, l’entrée se trouve dans l’angle nord-ouest.

Accessible par un escalier au départ de la sacristie (payant) la tour Zygmuntowska conduit à travers une impressionnante charpente en bois du XVIe siècle … vers les cinq plus grosses cloches de la cathédrale.

Celle du dernier étage est la plus célèbre de Pologne puisqu’elle porte le nom du fondateur du pays, Sigismond 1er l’Ancien. Elle pèse 11 tonnes, fait 2,5 de diamètre et 2 mètres de hauteur !

Arrivés au sommet on profite bien sûr de la très jolie vue pour prendre des photos … heureusement, on redescend par un autre côté, sans avoir à croiser les personnes qui montent.

cloche cathédrale cracovie

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cracovie voie royale visite

Ce voyage fait suite à une invitation de Transavia et l’Office National du Tourisme de Pologne. Les choix éditoriaux des articles qui font suite à ce voyage me reviennent librement.

Transavia
Site Web : https://www.transavia.com/

Office National du Tourisme de Pologne
Site Web : https://www.pologne.travel/fr

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