Vivienne Westwood : art, mode et subversion

Je suis ravie de revenir sur le blog avec un article mode et culture, et après vous avoir parlé de la sublime exposition Christian Louboutin à Paris (dépêchez-vous encore quelques mois pour la voir), c’est aujourd’hui d’une exposition inédite qui se déroule à Lyon dont je viens vous parler : Vivienne Westwood : art, mode et subversion qui s’est installée au Musée des Tissus pour quatre mois. J’ai pu la visiter en avant-première et c’est vraiment à ne pas manquer les amis !

Faut-il encore présenter Vivienne Westwood ? Elle me rappelle mes souvenirs d’adolescente, en plein mouvement punk : les Sex Pistols, Malcom McLaren, Siouxsie et ses Banshees, les Clash … S’inscrivant dans cette démarche « no future » mais davantage pour son aspect rebelle et anti-conformiste que pessimiste, cette styliste britannique a pour le moins bousculé les podiums depuis cette fin des années 70. Son succès lui vaut d’être anoblie par la Reine (on peut l’appeler « Dame Westwood ») en 2006, et elle fut consacrée trois fois « British Designer of the Year ».

C’est grâce à un passionné de mode anglais installé dans la capitale des gaules que nous pouvons profiter de cette exposition. Lee Price , qui fut son collaborateur, a en effet accumulé avec amour de nombreuses pièces de cette icône incontestée de la mode, ce depuis trente ans. On peut dire que c’est un vrai gardien de l’oeuvre de la créatrice, en plus d’être un simple collectionneur. C’est la première fois que des pièces de sa collection sont présentées en France (des expos ont déjà eu lieu au Royaume-Uni par le passé).

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L’exposition est articulée en cinq parties, et ce sont plus de 200 pièces textiles, accessoires, objets d’art, tableau et dessins qui nous sont dévoilés rue de la Charité, pas très loin de la place Bellecour. Elle occupe la totalité du rez-de-chaussée de l’hôtel de Villeroy. Vous avez peut-être fait partie des chanceux qui ont vu la rétrospective qui a été consacrée à la styliste à Londres, au Victoria & Albert Museum, en 2004.

De King’s Road aux podiums des défilés

Dans cette première partie, on voit les débuts de Vivienne Westwood, de la période punk à son premier défilé en mars 1981, « Pirate ». Dès 1976, avec Malcom McLaren (qui fut membre du groupe Sex Pistols), elle habille le mouvement punk depuis leur boutique, Seditionaries, située sur King’s Road à Londres.

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Historicismes

Vivienne Westwood a toujours été passionnée par les costumes et par l’histoire. On retrouve par exemple dans sa collection Portrait de nombreux corsets imprimés d’après un tableau du peintre Boucher (représentatif du style roccoco) et des motifs de marqueterie Boulle. En 1995, une autre de ses collections, Vive la Cocotte, comprenait plusieurs modèles basés sur la coupe du pourpoint de Charles de Blois. Elle est fascinée par les costumes des XVIIIe et XIXe siècles, et a même imaginé des créations mettant à l’honneur la Toile de Jouy.

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Anglomania

La styliste faisait souvent référence à la culture britannique dans ses vêtements, et c’est avec cet humour inhérent aux grands bretons qu’elle a détourné le célèbre rituel du « tea time anglais » ou s’approprie les typiques tartans ou tweeds des créations classiques des tailleurs de Savile Row à Londres. Anglomania est aussi le nom d’une de ses collections.

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Dans l’atelier

Comme dans l’expo consacrée à Louboutin, un espace convie le visiteur à plonger dans les secrets de l’atelier de la créatrice. Même si elle est allée quelque temps à l’Harrow School Art, elle n’a pas vraiment de diplôme de stylisme et a développé une technique originale toute seule …. je ne savais pas qu’elle était autodidacte, s’inspirant comme je l’ai dit plus haut de costumes historiques, qu’elle transforme en modèles ancrés dans la modernité.

Dans les vitrines, on retrouve de beaux exemples du travail du denim / de la maille / du velours …

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Parfois coquins, une collection des boutons utilisés sur les vêtements sont rangés dans un casier :

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Fashion activist

J’avoue que c’est une facette de Dame Westwood que je connaissais beaucoup moins : son engagement politique, qui occupe une place croissante dans sa vie et son oeuvre, dès le milieu des années 2000. On découvre dans cette partie de l’exposition ses positions par rapport au modèle économique de la marque, et comment elle a parfois utilisé ses défilés comme vecteur de diffusion de ses idées en faveur des droits humains ou de l’écologie. Elle est devenue une « fashion activist« , je l’ai vue par exemple se faire enfermer dans une grande cage à oiseaux suspendue en l’air, devant le public à Londres devant le Old Bailey (la Cour Centrale de la couronne britannique) au mois de juillet cette année, pour demander la libération du lanceur d’alerte Julian Assange, porte-parole de WikiLeaks. Je peux vous dire qu’à 79 ans, elle a encore la pêche ! Côté écologie, elle a même publié un manifeste qui est consacré au sujet : Active resistance to propaganda.

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Un peu partout, des « focus » (« A la loupe ») permettent de s’attarder sur le modèle économique de la marque, ou les souliers iconiques de l’enfant terrible de la mode. J’ai beaucoup aimé le catwalk (podium) qui permet au visiteur de s’immerger dans l’ambiance d’un défilé de mode. Tout au long de la découverte de cet univers, des extraits vidéo et musicaux de l’époque apportent du rythme et font vivre les vitrines.

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Des visites commentées sont mises en place, d’une durée d’une heure, je vous les recommande. Je suis vraiment ravie de voir ce dynamisme du Musée des Tissus, musée qui a failli disparaître, et qui une nouvelle fois, après l’exposition consacrée à Yves Saint-Laurent, qui avait attiré près de 80 000 visiteurs, poursuit son ambitieuse politique d’évènements, avec le soutien de la région Auvergne Rhône-Alpes.

⇒ Bon à savoir : pour les Journées Européennes du Patrimoine, les samedi 19 et dimanche 20 septembre il y aura des visites commentées toutes les heures.

VIVIENNE WESTWOOD : ART, MODE ET SUBVERSION
du 10 septembre 2020 au 17 janvier 2021
sur réservation
Musée des Tissus – 34 rue de la Charité – 69002 Lyon
du mardi au samedi de 10 h à 18 h – entrée plein tarif : 12 € / réduit : 10 €
Site web : https://www.museedestissus.fr/

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argone

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