Lors de mon dernier séjour à Edimbourg au mois d’avril , j’ai voulu voir autre chose que le quartier historique que je connaissais déjà, et explorer Leith , le port de la ville, ainsi que Stockbridge. Il faut remonter en 1128 pour trouver les premières mentions de Leith, dans les registres de l’Abbaye Holyrood ; la ville est fortifiée dans les années 1500, alors même qu’elle est assiégée (par les français !). Au fil du temps et de son histoire, notons un évènement important (pour moi) : l’hôpital de Leith fut le premier à accepter des étudiantes, en 1886.
Dans cet article je vais donc vous raconter ma petite journée à Leith, que l’on rejoint en bus facilement par exemple depuis la gare Waverley ; prendre le bus 22 en direction de Ocean Terminal. Je suis d’ailleurs descendue au terminus car j’avais prévu de commencer ma journée par une visite du Royal Yacht Britannia .
Ce magnifique bateau à bord duquel la reine Elizabeth II a navigué sur les mers et océans du monde entiers (Australie, New York, Hong-Kong, Caraïbes …) a fêté ses 20 ans d’ouverture au public l’an dernier, mais cela fait 65 ans qu’il a quitté les chantiers navals John Brown à Clydebank, Ecosse (en 1953). Ayant dévoré les saisons 1 et 2 de la série The Crown , j’étais ravie de découvrir celui qui a transporté la reine et le prince Philip pendant plus de quarante ans, comme un nombre considérable de visiteurs puisque le record a été battu en 2018 avec près de 391 000 personnes accueillies sur l’année. C’est un véritable voyage dans l’histoire qu’on fait à bord, et un jour bien triste quand il fut déclassé le 11 décembre 1997.
Il faut donc se rendre à l’intérieur de l’immense centre commercial Ocean Terminal (70 magasins, restaurants et cinémas) et emprunter les escalators pour accéder au deuxième étage où se trouve l’entrée, où l’on contrôlera votre ticket. Avant de grimper à bord, on progresse sur un parcours qui retrace le contexte historique de l’époque et une exposition d’objets, photographies, posters de l’époque, un préambule très intéressant et riche.
J’étais surprise d’apprendre que Royal Britannia est exploité par une société caritative, le Royal Britannia Trust , qui en conséquence ne reçoit aucune subvention publique. Tous les bénéfices sont réinvestis dans la maintenance et l’entretien de celui-ci, sur le long terme.
Par la fenêtre, on aperçoit le bateau sagement à quai … il est finalement très sobre, blanc avec une coque bleu foncé (c’est la Reine elle-même qui a choisi cette couleur d’ailleurs, au lieu du noir habituel).
Après ce corridor, on récupère son audio guide (le personnel le règle pour vous selon votre nationalité) et hop c’est parti pour la visite des cinq ponts du Royal Britannia ! Juste avant, un coup d’oeil sur l’original de la barre de gouvernail du yacht :
Outre une Land Rover série 1 bleue, le bateau avait aussi à bord (dans le royal garage) une Rolls Royce Classic Phantom V , (qui pèse plus de deux tonnes) même si elle a été rarement utilisée, la reine était assise sur ses confortables sièges lors de sa visite d’état en Italie en 1961. Comme de nombreux véhicules motorisés royaux, il n’y a pas de plaque d’immatriculation 😊 Elle est garée sur le quai, juste à côté du navire, ainsi que la vedette magnifique en bois de teck que l’on admire en fin de visite.
On attendait tous impatiemment de voir la cabine de sa Majesté : voici donc l’endroit où elle dormait (et travaillait). Les touches « féminines » se retrouvent juste au niveau des rideaux et du dessus de lit, qui sont à motif floral. La cabine du prince Philip est plus sobre dans les tons, et somme toute assez ordinaire, on est pas du tout dans le luxe à mon avis. Il y a aussi sur ce pont d’autres cabines réservées à la famille royale, sachez par exemple que Diana et Charles ont passé leur lune de miel ici en 1986 ! On verra aussi la cabine de l’amiral, superviseur des 19 officiers et 220 yachtsmen ; il avait une très lourde responsabilité, ce n’est pas un yacht comme les autres !
En cours de visite j’ai fait une petite pause gourmande au Royal Deck Tea Room pour prendre un thé et des scones . Cela m’a rappelé mon voyage dans le Devon, cette clotted cream était vraiment délicieuse … A l’époque où le Royal Britannia était en service, le royal deck était l’endroit où les officiers se divertissaient, s’adonnaient à des jeux sur le pont.
Un des téléphones utilisés par le personnel …. un mini standard en quelque sorte !
Décorée de nombreux clichés de l’époque, voici la salle à manger réservée aux dîners des officiers.
Très shabby chic, voici la « State Drawing room« , un très joli salon fleuri où la famille royale pouvait se détendre, où recevoir les personnalités (la pièce peut accueillir jusqu’à 250 personnes), qu’on peut encore privatiser pour des réceptions ! (le prix doit être assez élevé) Il est même possible de louer la totalité du yacht pour un évènement, seulement en soirée.
Le yacht est une vraie ville flottante : on y trouve tous les services nécessaires à la vie de plusieurs centaines de personnes : blanchisserie, hôpital, épicerie, service de courrier, …. j’ai pris une bonne quantité de photos, je ne peux pas toutes les mettre ici hélas ! J’ai adoré le petit clin d’oeil au toutou de la reine, patient installé dans un des lits. Le personnel travaillant dans la blanchisserie avait un travail considérable (et pénible) : les marins et officiers avaient une tenue blanche et en conséquence très salissante, les 240 officiers ou yachtsmen se changeaient jusqu’à six fois par jour. Vous imaginez la chaleur qu’il faisait dans cet espace où on lavait, séchait, repassait, empesait, les vêtements 24 h sur 24 h avec des produits pas très clean à l’époque.
Je ne résiste pas à vous livrer quelques faits amusants avant de terminer cette partie …. le saviez-vous ?
- la reine se déplaçait avec cinq tonnes de bagage pour ses voyages officiels : vêtements, bijoux, mais aussi bouteilles d’eau de source de Malvern pour préparer le thé de la reine
- c’est seulement et uniquement ICI que vous pourrez voir la chambre d’un monarque britannique
- c’est le dernier navire de la Navy où les marins dormaient dans des hamacs (jusqu’en 1973)
- le Royal Yacht Britannia avait été configuré de manière à pouvoir être un hôpital en période de guerre, mais il n’en eut jamais l’occasion
Avant de repartir vous passerez obligatoirement par la boutique de souvenirs, fort bien achalandée d’articles royaux mais aussi d’autres plus spécifiques au Royal Britannia. J’aurais bien craqué pour une petite peluche de chien corgi ! 🐶
Royal Yacht Britannia – Ocean Drive – ouvert tous les jours – Guide audio disponible inclus, en plusieurs langues – Prix entrée adulte : £ 19.50
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J’ai rejoint ensuite à pied le quartier de « the shore » , près de la rivière « water of Leith » que je longerai plus tard.
Leith est très différent de la partie du Old Aberdeen, qui a beaucoup d’escaliers assez raides, des « close« , ces passages voûtés charmants. Ici c’est tout plat, plus facile à explorer pour des personnes ayant des difficultés pour marcher.
A droite sur la photo, on distingue à peine, le long de Bernard street, un morceau de façade d’un pub très ancien, le King’s Wark (1706) qui est construit à la place d’un autre bâtiment encore plus ancien puisqu’il datait de 1438, que le roi James 1er avait fait ériger un bureau de douane, pour stimuler le commerce dans le secteur. On y trouvait en effet, sur les quatre éléments qui le constituaient à l’époque, un hébergement pour les marchands, des entrepôts, des ateliers de constructeurs de navires, et des tavernes. A l’époque également, s’y situait l’arsenal de l’Ecosse, et on y soignait les convalescents atteints de la peste.
Les ancres posées à terre et les poulies sur les façades font également un clin d’oeil au passé …
C’est le long de ces docks que la visite est la plus intéressante car de nombreux bâtiments ou éléments rappellent le passé du port de Leith … je vous encourage à vous y attarder quelque peu. Il est difficile (mais il faut essayer) d’imaginer l’activité intense qui régnait ici au début du XIXème siècle : des bateaux qui arrivaient et repartaient, des manutentionnaires qui chargeaient du charbon, du poisson, des semences, des peaux … pour les exporter …. et d’autres qui déchargeaient les marchandises qui arrivaient comme les épices, les fruits, le vin, le tissu … Les bateaux étant ensuite plus imposants l’activité s’est déplacée plus au nord mais les constructions ici en gardent le souvenir.
A gauche de ce garage « George Brown & Sons » se trouve la Signal Tower, un ancien moulin à huile de colza reconverti en 1805 pendant les guerres napoléoniennes. Après avoir enlevé le toit du moulin et les pales, on l’utilisait pour faire des signaux aux navires, à l’aide de drapeaux : indication sur la profondeur de l’eau au niveau d’un banc de sable, qui se trouvait à l’entrée du port. Désormais c’est le restaurant Fishers qui occupe les lieux.
Mon amie la mouette prend à nouveau la pose sur ce harpon, qui nous rappelle à quel point Edimbourg et l’Ecosse en général dépendait de l’activité de chasse à la baleine . C’était à l’époque une importante ressource de nourriture, de production d’huile, qu’on utilisait pour faire des savons ou de la margarine (!). Entre 1616 et 1842 les baleiniers voguaient jusqu’au Groenland, dans les eaux arctiques, avec de gros risques d’être écrasés par des blocs de glace, ou capturés par des bateaux de guerre ennemis. Après 1908 c’est davantage en antarctique que se passaient les activités de pêche, jusqu’à son arrêt complet en 1963.
Il reste un peu de place pour s’asseoir aux côtés du poète Sandy Irvine Robertson tout près de l’hôtel Malmaison … j’avoue que je ne me sentirais pas très à l’aise, qu’en pensez-vous ?
Juste derrière cette statue se trouve l’ancien phare de Leith, dans l’angle nord-ouest de la place. Je l’ai trouvé bien petit, et hélas il n’éclaire plus rien du tout hélas … j’espère qu’un aménagement différent le mettra plus en valeur prochainement.
Voici d’ailleurs l’ hôtel Malmaison , sur Tower Place, face aux rives de la Forth . J’ai déjà séjourné dans des hôtels de ce groupe, à Glasgow et à Dundee. C’est d’ailleurs le premier hôtel Malmaison qui a ouvert ici, en 1994, dans un ancien foyer pour marins. Ce genre d’auberge était un lieu précurseur pour son époque : outre des chambres, il y avait un réfectoire, un magasin de vêtements bon marché, et une chapelle.
Et sur cette place, un mémorial en forme de colonne, honorant la mémoire des marins de la marine marchande, tout récent car inauguré en 2010.
M’éloignant ensuite des quais j’ai remonté Bernard street, qui se nomme Baltic street après avoir croisé la très passante Constitution street.
Je ne sais pas quel usage avait cet immeuble, mais cela ressemble à d’anciens entrepôts, ou peut-être une usine ?
Les » Assembly Rooms » de Leith ont été créées en 1785 ; au milieu du XXème siècle c’était un lieu prisé pour les réceptions, bals, mariages, et en dans les années 50 on y dansait beaucoup !
Maintenant occupée par la société informatique « UniTech » , ce bâtiment très élégant de deux niveaux hébergeait la banque de Leith créée en 1792 et installée ici en 1806, la plupart des associés étant de riches marchands. Après une crise dans les années 1830, elle finit par fermer en 1842 et la Edinburgh and Leigh banking company lui succéda avant de fusionner avec la banque Clydesdale.
Ce majestueux monument d’époque géorgienne n’est plus en fonction, il a été reconverti en appartements et bureaux. Les « Exchange buildings » en fait une extension des Assembly Rooms, faite en 1810 ; c’était vraiment le centre d’activités commercial de Leith , avec à l’intérieur un hôtel, une salle de lecture, et des salles de vente.
Pile à la croisée de Baltic street et Constitution street se trouve une grande statue de Robert Burns , que je vous montre ici avec le Corn Exchange en arrière-plan.
Comme son nom l’indique c’est là qu’on négociait les échanges de grain de maïs et des céréales en général ; après un certain nombre d’affectations au fil des années, le lieu a été reconverti en espace de travail créatif (Creative Exchange) par le cabinet d’architectes Patience and Highmore.
La décoration de la façade du Corn Exchange côté Baltic street est vraiment magnifique et vaut le coup d’oeil.
Je passe devant le Rocksalt rooms Cafe ; je n’y suis pas rentrée pour consommer mais je trouve ça très bien qu’ils aient gardé la jolie façade d’origine, avec ces arches et colonnes, et surtout l’enseigne en lettres dorées William Nimmo & Co Ltd (une société qui imprimait des étiquettes). Dans les années 50 de nombreuses sociétés d’impression et de publication de livres ou presse existaient à Edimbourg.
L’école d’anglais Mackenzie est installée dans cette ancienne église en grès du XVIIIème siècle … mais il paraît que l’intérieur est moderne, heureusement !
Voici le poste de police qui est installé dans un bâtiment imposant en 1837, bâti pour être un tribunal. Peu d’années après, Leith devenant un bourg indépendant, la mairie s’y est installée (on voit les mots « Town Hall » sur la partie supérieure) ; néanmoins le tribunal s’y trouvait toujours, ainsi que quelques cellules, ce qui était bien pratique pour les transferts des accusés, qui étaient déjà sur place.
En 1920 Leith a rejoint la ville d’Edimbourg, donc plus de mairie, le bâtiment est propriété du City of Edinburgh Council. Police Scotland occupe désormais tout l’édifice.
J’aurais adoré pouvoir pénétrer dans cette petite église catholique qui semblait fermée (en tous cas entourée de barrières) était-elle seulement en travaux ? …. St Mary’s Star of the Sea a été construite en 1854, dessinée par le duo d’architectes, les frères Pugin, qui ont conçu de nombreuses églises de style néo-gothique en Ecosse.
Autre témoin du passé, ces pavés et entrées de passages avec deux parties métalliques … prévues pour des livraisons ?
Marcher le nez en l’air pour apprécier l’architecture …. et les fleurs du printemps écossais !
J’arrive à la fin de mon exploration du quartier de Leith et je termine par un personnage que vous reconnaissiez sans doute : la reine Victoria ! Cette statue fut inaugurée en grande pompe en 1907, et en 1913 on a ajouté les panneaux que vous pouvez voir sur les côtés du piédestal, qui commémorent sa venue à Leith en 1842.
Où prendre un café ?
Voici deux adresses où vous pouvez faire une pause : Le Hideout Café, immanquable avec sa jolie devanture bleue …
The Hideout Cafe – 40-42 Queen Charlotte street
Ou le café Cassia, où j’ai dégusté un bon latte chaud , sans craquer pour les pâtisseries mais il y avait un bon choix ainsi que des snacks salés. L’accueil y est très chaleureux et il y a quelques tables sur le trottoir.
Cassia – 106 Leith Walk
Où dormir ?
J’ai été hébergée dans le Old Edinburgh, près de la gare Waverley, au MotelOne Royal. Pour moi c’était vraiment très pratique car j’arrivais en train, et l’arrêt de bus pour se rendre à l’aéroport est à une minute seulement. L’accueil y est vraiment très sympathique et la décoration moderne, je dirais juste que les chambres basiques sont un peu petites (mais très bien équipées) et je n’avais pas une très jolie vue, donnant sur un immeuble en face vraiment tout proche.
Si vous souhaitez un hôtel de luxe dans le quartier de Leith, regardez le site internet du Fingal, un cinq étoiles de 23 chambres. J’avais déjà connu l’expérience de dormir à bord d’un bateau, lors de mon séjour à Rotterdam, c’est très agréable !
Motel One « Royal » – 18-21 Market Street – https://www.motel-one.com/fr/hotels/edimbourg/hotel-edimbourg-royal/
J’espère vous avoir fait découvrir le quartier de Leith à travers cette promenade et que cela vous a plu …. mon prochain article sur Edimbourg sera consacré au quartier de Stockbridge , patientez un peu il est dans les tuyaux !
Ce voyage en Ecosse est le fruit d’une collaboration avec Visit Britain France. Les choix éditoriaux des articles qui font suite à ce voyage me reviennent librement.
VISIT BRITAIN FRANCE
Site Web : https://www.visitbritain.com/fr/fr
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8 réponses sur « Leith à Edimbourg »
Quelle belle découverte, je n’avais jamais entendu parler de ce quartier ! Je ne suis allée qu’une fois à Edimbourgh donc je n’ai vu que le quartier historique du centre-ville. Cela donne envie de retourner en Ecosse !
c’est sûr que Leith gagne à être connu !
Merci pour cette très belle découverte.
merci de m’avoir lue Guillaume
La visite du yacht de la reine me tenterait carrément bien ! il faut compter combien de temps à bord ?
il faut bien compter 2 h à 2 h 30 minimum.
Quelle belle ville qu’Edimbourg, c’est un quartier moins connu que tu me fais découvrir aujourd’hui !
Je vais à Edinburgh fin Décembre et ce quartier est sur ma liste de chose à visiter.