En avant !

Poilu tagué, Lissieu, Rhône.

2 août 1914

J’ai embrassé mes camarades et le sergent tout à l’heure au départ. Combien reviendront ? Je suis écoeuré par ce que je vois. Un commandant absolument abruti : il perd ses gants et son carnet en cinq minutes et m’explique vaguement qu’il est très fatigué du voyage, pendant que je le conduis chez le tailleur changer d’écusson. Quel commandant ! On peut trembler en voyant cela et aussi tous ces réservistes, saoûls, qui se vautrent sur le trottoir en bas. Et pourtant : en avant ! Si je ne me battais pas, je souillerais à jamais toutes mes heures futures. Plus de joies pures, plus d’enthousiasme, plus d’exaltation pour le Beau. Car je rougirais d’avoir tremblé pour ma vie ! Pour oser regarder le soleil mourir sur la mer, il faut avoir osé soi-même regarder la mort en face.

Maurice Maréchal.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas visible. Les champs obligatoires sont marqués *

Vous pouvez utiliser HTML les tags et attributs: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.