Ce n’est pas un article « hôtellerie » que je vous propose ici, mais un article street art puisque c’est dans un hôtel du quartier de Bercy à Paris que j’ai découvert huit étages couverts de dessins d’artistes.
Ceux-ci sont intervenus en 2016, lors de la rénovation de l’hôtel, à la fois dans les parties communes et dans les couloirs des étages. Commençons donc par ce niveau-là, que vous pourrez peut-être explorer sans être client de l’hôtel, si vous êtes discret et profitez du va-et-vient constant de clients entrant et sortant de l’immeuble.
Dans le lobby, les grands piliers ainsi que le plafond sont ornés des calligraphies de Shoof. Je vous parlerai plus longuement des artistes lorsque je monterai dans les étages !
En face de la réception, une grande fresque de David de la Mano …
Chaque artiste a logiquement investi un étage (comme je vous l’ai dit, il y en a huit), je vous montre ça juste après !
Continuons notre tour du rez-de-chaussée, en montant quelques marches on accède à l’entrée de la salle de petit-déjeuner, décorée de part et d’autre de la porte d’un décor peint par Nebay, de quoi vous donner la pêche le matin !
Une carte grand format est placée sur un mur, permettant de situer facilement les arrondissements parisiens ainsi que les principaux points d’intérêt.
Ma pièce préférée est bien entendu de Dan23, un regard dont il est difficile de se détacher, près du bar. Ce travail est réminiscent de sa période « Open your eyes » entre 2012 et 2016. L’artiste nous invite à cultiver notre sens critique, mais surtout à se rencontrer pour amorcer le dialogue. C’est aussi un hommage aux lanceurs d’alerte, à ceux qui aident à nous ouvrir les yeux … Si vous avez eu la chance de voir les pièces de la tour Paris13, alors vous connaissez déjà ce regard !!!!
Près des toilettes ou dans la salle de petit-déjeuner, on peut découvrir des dessins créés par l’intelligence artificielle. La première ci-dessous est baptisée « onde de son » ; il s’agit d’une oeuvre d’art exclusive qui met en valeur la créativité et et le thème de l’hôtel. La marque Ibis Styles du groupe Accor a d’ailleurs lancé en 2022 un concours « Open to creators » avec des créateurs numériques du monde entier. Les artistes tikkywow et Beatriz Ramo (naranjalidad) en sont les ambassadeurs. On peut voir cette galerie en utiisant l’application « Spatial » disponible sur Google Play ou Apple Store et on peut même récupérer une NFT de ce dessin via son téléphone. C’est une initiative qu’on retrouve également dans les établissements de Bangkok ou de Séville.
Il suffit ensuite d’emprunter l’escalier ou l’ascenseur pour se rendre au premier étage. C’est là que Nilko, membre du crew Loveletters, a réparti ses dessins, qui sont de deux styles assez différents il me semble. Sachez aussi que face aux ascenseurs se trouve en général un panneau résumant la bio de l’artiste, ce qui est fort utile et intéressant, c’est une belle initiative.
Il participe régulièrement à des jams graffiti où il impressionne par sa capacité à représenter fidèlement n’importe quel objet, décor ou animal, sans croquis préalable. Sur les murs du couloir, on observe avec attention les maisons ou immeubles un peu déformés, agrémentés de textes poétiques. J’ai appris qu’il était fort attaché à la cause animale, et qu’il était impliqué dans l’organisation WWF.
Si vous aimez les oeuvres de Nilko, vous pouvez relire mon article sur Djerbahood , car je l’avais découvert à Djerba avec grand plaisir.
Je vous avais déjà montré ses yeux près du bar, mais le strasbourgeois a continué au deuxième étage, avec une profusion de portraits … Dan23 peint maintenant beaucoup d’animaux et d’insectes, mais ce n’était pas le cas ici. Il s’agit de portraits de chanteurs, chanteuses, ou musiciens, comme il l’a fait pendant sa période « Music is the key« , entre 1997 et 2013. Daniel a effet toujours été passionné de musique et on retrouve ici les grandes icônes populaires françaises ou internationales : James Brown, Marvin Gaye, Gainsbourg, Ray Charles … il partage même sa playlist Deezer sur son site, si ça vous dit !
C’est au 3ème étage qu’on retrouve Shoof, qui avait aussi peint dans la Tour13, ou à Djerbahood). Il a été sollicité en 2017 pour dessiner le décor de la résille métallique qui recouvre le Pavillon Habib (Bourguiba). C’est une belle collaboration avec le cabinet d’architectes franco-tunisien « explorations architecture » et la Galerie Itinerrance. Hosni Hertelli a choisi le blaze « Shoof » qui signifie « regarde » en arabe, et cela lui va très bien !
Là aussi, il a décliné cette calligraphie arabe de manière répétitive, parfois sur une portée de musique comme illustré ci-dessous. Venu en France au début des années 2000 pour finir ses études de droit, il n’en est jamais reparti … la rencontre avec Mehdi Ben Cheikh, directeur de la Galerie Itinerrance, l’a conforté dans son choix ; ce dernier a pu lui offrir des opportunités d’exposition et le faire ainsi connaître. Il travaille uniquement en improvisation, sans faire de croquis ou de « black book« .
Si vous avez lu mon article street art à Málaga, alors vous avez peut-être remarqué un dessin de l’artiste espagnole BToy dans celui-ci. Spécialisée dans les pochoirs, ses personnages envahissent le 4ème étage, pour mon plus grand bonheur. On peut retrouver pas mal de ses beaux portraits à Barcelone, mais aussi à Covilhã en Portugal, mais aussi dans le XIIIe à Paris, Place Pinel.
Spécialisée dans le portraits de personnalités féminines, Andrea Michaelsson nous livre ici une belle brochette de représentations et c’est excitant d’essayer de les reconnaître. On y retrouve les stars du Hollywood de la première moitié du XXe siècle, du cinéma muet aux comédies musicales des années cinquante (Louise Brooks, Judy Garland, …). À cet étage, elle a ajouté quelques personnalités plus contemporaines et divas de jazz comme Billie Holliday, Sarah Vaughn, Nina Simone, Peggy Lee ou Anita O’Day, en s’inspirant d’anciennes photographies. Elle mélange ceux-ci à quelques traits géométriques obliques pour plus de dynamisme.
C’est au 5e étage que se trouvait notre chambre, et le hasard a bien fait les choses puisque c’est un artiste que j’aime beaucoup qui a envahi ce niveau : Pantónio, dont j’ai souvent vu les oeuvres, que ce soit sur le DéDalE à Vannes, ou encore à Covilhã au Portugal.
Dans notre chambre, une reproduction est placée au-dessus du lit … la même est visible au rez-de-chaussée. J’aurais bien aimé que les murs des chambres soient eux aussi peints par les artistes, mais cela aurait été trop de travail.
J’ai été un peu déçue par les dessins du 6e étage … c’est sensiblement toujours le même dessin qui a été peint par David de la Mano sur les murs des couloirs, comme au rez-de-chaussée. C’est beau … mais répétitif. Je vous avais montré une de ses fresques monumentales dans mon article Street art à Gdansk, ville où il avait participé au Monumental Art Festival, dans le quartier de Zaspa. En Pologne également, il avait peint à Gdynia en collaboration avec Seikon en 2015. On peut également voir à Paris, rue Jenner, un immense mur peint par lui pour Boulevard Paris 13 .
Comme en équilibre sur une branche … ou une vague … des personnages progressent doucement … Qu’en pensez-vous ?
Je me rappelle avec émotion ses vieux dessins vus à Erriadh dans les anciens abattoirs, avec Tinho, presque effacés. Je vous conseille vivement de visiter Djerbahood sur l’île de Djerba en Tunisie.
Au 7e étage, Nebay a plaqué ses dessins colorés et funky, des hymnes à la couleur chargés d’une énergie particulière. Il taggue les murs depuis 1987, posant son blaze ici et là, surtout à Paris ; fut un temps membre du collectif « JCT100% » (je cours toujours à 100%), puis a continué en solo sa carrière. Nebay est en fait le diminutif de son prénom, Benoît. Vous vous rappelez peut-être qu’il a été invité à Lyon pour une édition « ZOO XXL » en 2020, mais aussi à Montauban pour une expo au Parc Aussonne. Cependant, il se sent un peu en dehors du circuit des grands festivals et manifestations de street art. Il travaille donc dans son atelier (et expose en galerie), mais aussi beaucoup dans la rue … On l’a quand même vu au District Art Fair en 2022 !
On peut dire que Victorien Liria aka Maye s’est vraiment investi dans le 8e étage : une multitude de ses personnages filiformes recouvre les couloirs … parfois des hommes, parfois des femmes, parfois des couples … une belle découverte ! Je dirais que c’est cet étage mon préféré, avec celui de Dan23.
L’artiste né à Sète s’est passionné pour le dessin dès son plus jeune âge, et si vous venez admirer le street art à Montpellier, vous verrez aussi ses personnages, car il a grandi et vécu dans cette ville. Comme vous le verrez, il aime ajouter aussi feuillages, papillons ou oiseaux ; il expose régulièrement à Toulouse, en collaboration avec l’expo Mister Freeze.
En guise de conclusion, j’aurais aimé remercier la directrice de l’hôtel mais hélas elle n’a pas daigné répondre à mon message sur LinkedIn où je manifestais mon intérêt, et n’a pas non plus collaboré lors de ma venue à l’hôtel un peu plus tard, où je demandais si je pouvais prendre des photos pour faire un article … une fin de non-recevoir pas très cool ! « Street art is not a crime » !! Chère madame, cet article, comme tous les autres présents sur le blog, sont purement à titre d’information et j’ai à coeur comme toujours de mentionner tous les artistes cités, avec un lien vers leur site ou réseau social, ce qui n’est pas le cas de tous les media hélas.
8 réponses sur « Street art Ibis Paris Bercy »
magnifique décoration, tu as dû t’éclater !
oui, c’est pas le grand luxe mais rien que pour tout le street art qu’il y a de partout, ça vaut le coup d’y rester une nuit, pas davantage …
…mais cet hôtel de folie !!!!
On peut voir ça même si on n’est pas client de l’hôtel ?
ah non, je pense que ça va être difficile … (voir mon commentaire en fin d’article) …
Ça valait la peine de prendre une chambre ! Top la diversité des artistes et quantité de pièces
oui, j’ai beaucoup aimé découvrir cet hôtel pour cette diversité de styles !
[…] n’étais familière qu’avec la calligraphie de Shoof (déployée largement à l’Ibis Bercy), Falko (ci-dessous à gauche) ou encore Sitou Matt (en photo aussi) et ses portraits réalistes. […]