Heidelberg

Mon article du jour nous emmène en Allemagne, dans une très belle ville installée de chaque côté de la rivière Neckar, Heidelberg. Ville romantique à souhait, c’est également une ville très jeune puisqu’environ un quart de la population est étudiante ; et son université réputée, fondée en 1386, est la plus ancienne du pays. C’est une étape de choix si vous prévoyez un voyage dans le Land du Bade-Wurtemberg , je vous indique ci-dessous quelques idées de visite là-bas, où vous pouvez séjourner deux ou trois jours pour en profiter pleinement. Si la cité a été fondée officiellement au XIIème siècle, il va de soi que les Celtes et les Romains avaient déjà réalisé les atouts de cette position au bord de la rivière.

Se promener dans le centre historique

Pour s’imprégner de l’ambiance baroque de la ville, rien ne vaut une promenade à pied dans le centre historique, sans forcément visiter, mais en admirant l’architecture des différents bâtiments ou maisons bourgeoises ; il y a beaucoup de rues piétonnes, ce qui est bien agréable … Par chance, Heidelberg a été relativement épargnée par les bombardements des alliés pendant la deuxième guerre mondiale.

On arrive forcément sur Kornmarkt ou place du Marché du blé, au centre de laquelle trône une très belle statue de Madone, portée par des anges. Vous verrez plusieurs madones dans la ville, comme celle sur la photo un peu plus bas, située dans une niche à l’angle d’une maison la façade rose orangée.

Toutes les places étant en enfilade, vous ne pouvez en manquer une ; voici maintenant Karlsplatz construite en 1805 sur la rue principale, et qui porte le nom du grand duc Karl Friedrich de Baden .

Vous remarquerez au centre une fontaine assez moderne, la fontaine Münster, érigée en 1978 par le sculpteur Michael Schoenholtz , et qui rend hommage à l’ouvrage « Cosmographie » de Sebastian Münster, un des premiers ouvrages décrivant le monde. Celui-ci était un savant humaniste du XVème siècle, qui n’est pas natif de la ville, mais il y a étudié l’art et la théologie.

Cette place est très agréable et nous avons déjeuné à la terrasse du café-restaurant, sous les arbres, il s’agit du Gasthaus Zum Seppl.

La plus belle façade de la cité est à mon avis celle de la Maison du chevalier de Saint-Georges (maintenant l’hôtel zum Ritter St.Georg). Sous chaque fenêtre des animaux ou des personnages sont sculptés dans la pierre, hélas je n’ai pas pris de photo plus rapprochée, c’est bien dommage. Cette maison à pignon comportant six étages, en grès rouge, a été construite en 1592 pour Charles Bélier, un marchand huguenot. C’est la plus ancienne maison de ce style à Heidelberg et son nom provient du buste du chevalier Saint-Georges qui surmonte le pignon.

Une place très animée est sans conteste la Place du marché (Marktplatz) . On y trouve à l’Est l’hôtel de ville, de style néo-classique, et à l’Ouest l’église du Saint-Esprit. Comme pour les autres places, il y a bien sûr …. une fontaine ! C’est la fontaine d’Hercule (Herkulesbrunnen) ; elle commémore les efforts considérables qu’a demandé la reconstruction de la ville après la guerre de trente ans.

Quelques rues perpendiculaires à la place ….

Voici donc l’imposante église du Saint-Esprit (Heilliggeistkirche), elle aussi en grès rouge, et comme vous pouvez le voir, les étals du marché tout autour. Construite dans le style gothique entre 1398 et 151, on y célèbre désormais le culte protestant, mais à une époque (entre 1706 et 1936) , l’intérieur était séparé en deux parties par un mur, et on célébrait d’un côté le culte catholique et de l’autre le protestant ! Très curieux non ?

Goûter les pâtisseries régionales

Visiter c’est bien joli mais ça creuse ! Une petite pause gourmande ne fera pas de mal, on trouve un peu partout le célèbre gâteau Sachertorte au chocolat (eh oui c’est d’origine viennoise, mais bon), mais si vous voulez goûter une pâtisserie typique de Heidelberg, il faut déguster le Kurfürstenkugel , à la Gundel bakery, qui est l’une des plus anciennes de la ville. Cette boule de pâte fourrée à la crème de nougat , une création du pâtissier de Fredrick V , et l’un des ancêtres de la famille (c’est déjà la quatrième génération de pâtissiers). On s’est bien régalés, je vous conseille d’y goûter … mais ils ont de nombreuses autres pâtisseries.

Traverser le vieux pont

On trouve beaucoup de monde ici, mais moins que sur le pont Charles à Prague, rassurez-vous. Impossible de louper l’entrée du vieux pont, avec ses deux tours qui en fait marquaient l’entrée de la ville, la seule et unique au Moyen-Âge. Il est surtout connu par ce nom (en allemand Alte Brücke), mais son vrai nom est le pont Karl-Theodor, du nom de son commanditaire prince-électeur, qui l’a fait construire en 1788 … c’était le neuvième pont au même endroit, tous les autres ayant été emportés suite à de fortes crues.

Comme vous le voyez peut-être sur la photo ci-dessous, la porte du pont, qui date du Moyen-Âge, est toujours équipée de sa herse, qui servait à en fermer l’accès.

Heidelberg accueille environ 11 millions de visiteurs chaque année, un chiffre considérable … mais j’ignorais que la grande majorité de ces touristes provenait des bateaux de croisière fluviale, qui font une halte ici. Le Neckar est l’un des affluents du Rhin, comme la Moselle, le Main, ou la Sarre.

A l’entrée du pont, vous remarquerez sur l’une des piles ce curieux singe ; il paraît en effet qu’il y a très longtemps, une sculpture de singe existait déjà, qui souhaitait la bienvenue aux visiteurs arrivant par celui-ci, confirmé par un écrit du XVème siècle. La ville a donc décidé de replacer cet animal comme par le passé, et en 1979, suite à un concours, le sculpteur Gernot Rumpf a installé ce singe malicieux en bronze, tenant un miroir à la main. Le pont a été quelque peu endommagé en 1945, mais il fut réparé et remis en circulation deux ans après.

Parmi les croyances, frotter les doigts du singe vous garantira un deuxième voyage à Heidelberg, toucher le miroir vous portera chance, et caresser la petite souris tout près du singe vous apportera la fertilité. A vous de choisir !

Sur une terrasse en contrebas, vous pourrez si le coeur vous en dit accrocher un cadenas de l’amour sur la Pierre des Amoureux (Heidelberger Liebesstein). Depuis cette rive on a une très belle vue sur le château, c’est le petit « plus » !

Visiter la prison des étudiants

Située à l’arrière de l’université ancienne, c’est dans ce cachot qu’étaient enfermés, au XIXème siècle, les étudiants contestataires, turbulents … pour quelques jours voire quelques semaines. C’est un petit espace (trois ou quatre pièces) dont les murs sont recouverts de dessins et graffiti, qui datent de 1823 à 1914. Les thématiques de ces inscriptions sont diverses : portraits d’eux mêmes ou de leurs instructeurs, poèmes, slogans … même la table est gravée de multiples inscriptions.

Studenten karzer – Augustinergasse 2 – Tarif : 3 euros (billet combiné qui permet de visiter aussi le musée de l’université et l’Alte Aula) – Ouvert tous les jours mais horaires variables suivant la saison.

Visiter le château

C’est l’incontournable de Heidelberg, assurément. Mais en fait il faut savoir qu’il s’agit pour les deux tiers de ruines plus exactement.

Nous optons pour le funiculaire pour accéder au château … la gare de départ se situe sur Marktplatz que je vous ai montrée plus haut. Il faut descendre au premier arrêt, et ensuite une marche facile à travers un petit bois permet d’accéder à l’entrée.

Depuis la cabine du funiculaire on a une très belle vue sur le pont et les deux rives du Neckar ….

Le château s’élève sur un des versants du Königstuhl, à 70 mètres au-dessus de la rivière Neckar. Sa construction a débuté à la fin du XIIIème siècle, puis les princes-électeurs ont continué l’ouvrage … ce pendant plus de 300 ans ! Ceci explique la diversité des styles des différentes parties encore visibles. Il fut hélas en grande partie détruit par les troupes françaises en 1689 et 1693 et ne fut jamais complètement reconstruit, les princes lui préférant les résidences de Mannheim.

Ci-dessous, on peut voir une des tours éventrée ….

La photo ci-dessous à droite montre le détail d’un des personnages sur l’aile Ottheinrich, dont la façade d’apparat est ornée de sculptures, et qui date de l’époque Renaissance allemande ; c’est le plus beau et le plus précoce de ce style. Anciens héros et empereurs romains sont l’oeuvre du sculpteur flamand Alexandre Colyn .

Voici le palais de Frederick IV, dans la cour du château, dont la façade est décorée de 16 statues. C’est une belle construction Renaissance, on remarque à droite un grand cadran solaire.

L’une des choses insolites à voir dans le château c’est l’énorme barrique de vin (Großes Fass) , qui date du XVIIIème siècle et qu’on peut admirer dans les caves. Un escalier est prévu pour accéder à son sommet, c’est l’occasion là aussi d’une petite photo souvenir ! Il existait quatre barriques identiques à celle-ci à Heidelberg, pouvant contenir 222 000 litres. Il n’a servi que trois fois … Il a été réalisé sous le règne du prince-électeur Karl Theodor de Bavière, celui qui a fait construire le Vieux pont. Il a fallu utiliser 130 troncs de chêne pour le construire. D’autres mensurations ? Il est haut de 10 mètres, de 8 mètres de longueur et sept de large … il y a même une petite piste de danse au sommet !

Un autre tonneau, dit « petit » peut contenir lui 45 000 litres, ce qui est déjà pas mal, et qui date lui du XVIIème se trouve également dans ces caves.

Au sous-sol on peut y voir aussi le musée allemand de la pharmacie, ce depuis 1958. L’accès est compris dans le billet d’entrée général et on y découvre l’histoire de la profession de pharmacie sur quatre siècles. Les comptoirs d’apothicaires sont très beaux et m’ont rappelé la petite pharmacie ancienne vue à Dubrovnik dans le monastère franciscain. L’ensemble n’a pas de rapport avec le château lui-même, mais c’est tout de même intéressant à voir.

Château d’Heidelberg – Ouvert tous les jours de 8 h à 18 h – Tarif adulte : 7 € (réduit : 4 €)

Explorer le street art

Les amateurs de street art pourront en profiter pour admirer quelques fresques murales, réalisées dans le cadre du festival Metropolink qui se tient chaque année depuis 2015. Si la plupart des artistes sont allemands, on trouve aussi de grosses pointures comme Case Maclaim (ci-dessous), ou Axel Void, ou Bordalo II.

Ci-dessous, à gauche : Daniel Thouw, à droite : WESR, aka Danny Figueroa.

Pour un plan des oeuvres et plus de détails sur les artistes, consultez le site du festival Metropolink.

Connaissez-vous le Bade-Wurtemberg ? Je vous avais parlé de Stuttgart il y a quelques années …

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