Lors de mon voyage sur l’ île de Jersey début septembre, j’ai fait une escale à Saint-Malo à l’aller et au retour. Je connaissais peu cette ville magnifique (je n’y étais allée qu’une seule fois) et cette fois-ci j’avais un peu plus de temps pour visiter cette cité corsaire située en Ille-et-Vilaine en Bretagne. Il paraît que son nom vient du saint gallois Mac Law, qui était venu évangéliser la région au VIème siècle (il a d’ailleurs une rue à son nom). Les conflits avec le duché de Bretagne sont nombreux car la cité revendique furieusement son indépendance au cours de l’histoire ! Jacques Cartier, qui découvre le Canada en 1534, y est né ….
Suivons l’hermine, symbole de la Bretagne, si vous le voulez bien … (il y a 150 « clous » identiques disséminés un peu partout).
C’est également la ville des corsaires ; attention, ne confondez pas avec les pirates ! Les corsaires avaient une autorisation officielle du roi, et suppléaient à la marine de guerre, sur des navires privés. Ils partageaient ensuite leur butin avec l’Etat selon une règle simple : un tiers pour le roi, un tiers pour leur ville et un tiers pour le bateau. On connaît bien sûr Robert Surcouf ou encore René Dugruay-Trouin.
Saint-Malo vivait également de la pêche, et comme je vous l’avais expliqué dans mon article sur Paimpol, les pêcheurs allaient à bord de leur goélette jusqu’à Terre-Neuve exploiter les bancs de morues, ce jusqu’au début du XXème siècle.
Pendant la deuxième guerre mondiale, en 1944, la cité fut quasiment totalement détruite par les bombes des alliés qui visaient la garnison allemande. Heureusement, le maire Guy Lachambre a mis toute son énergie dans la reconstruction à l’identique, achevée en 1953.
J’ai testé la visite « audio-guidée » mise à disposition par l’Office du Tourisme de Saint-Malo et je l’ai trouvé très complet et instructif pour une visite en solo ou à deux ; avec un ipod shuffle et un ou deux casques, on optimise son temps sur place (et rien ne vous empêche d’appuyer sur « pause » le temps d’une crêpe) (12 € pour environ 2 heures)
Je vous parlerai ici essentiellement de la partie intra-muros, très vivante et qui a su néanmoins garder son authenticité. Ces fameux remparts sont d’ailleurs la promenade incontournable à faire à mon avis, si vous disposez de peu de temps.
Au cours de cette balade en hauteur (commencez par la porte Saint-Thomas), vous passerez par la Poterne aux Normands, le Fort à la Reine, la tour Bidouane , la Tour Notre-Dame, le Bastion de la Hollande (où se trouvent des canons), le Bastion Saint-Philippe, le Bastion Saint-Louis (où vous verrez la statue de René Duguay-Trouin), passerez par dessus la Grande Porte et finirez la balade Porte Saint-Vincent.
Dans le jardin du cavalier, on s’arrête quelques instants devant la statue de Robert Surcouf, pointant du doigt l’ennemi, devant des drapeaux du Québec . Toujours sur les remparts mais côté port, un peu avant la porte Saint-Vincent, vous verrez la statue de l’autre corsaire, Duguay-Trouin (né un siècle avant Surcouf).
Terminer la balade en admirant le coucher de soleil, c’est évidemment la cerise sur le gâteau … et c’est tellement romantique !
Côté face intérieure des remparts, au niveau de la Grande Porte, on remarque une très belle statue en bois polychrome, celle de Notre-Dame de Bon Secours (ou Notre-Dame de la Grand’Porte) qui date du XVème siècle. On lui attribue de nombreux miracles, et elle fut même défendue par les poissonnières de la halle à la Révolution ! (c’est en fait une copie, l’original étant à l’abri dans la cathédrale Saint-Vincent dont je vous parle plus bas)
C’est souvent par cette Porte Saint-Vincent construite en 1708 qu’on pénètre dans la ville, non sans avoir fait auparavant un arrêt à l’office du tourisme (voir photo ci-dessous de leurs bureaux à l’architecture moderne, pas loin du manège). Son double porche est surmonté des armoiries de la ville ; si vous jetez un coup d’oeil dans le recoin de la porte Bidoret, celle de droite, vous verrez la « salle des retardataires », où l’ont enfermait ceux qui n’avaient pas respecté le couvre-feu sonné du clocher de la cathédrale (!). Cela s’est mal terminé pour l’un d’eux d’ailleurs, un officier qui rentrait chez lui, et que les chiens ont soi-disant dévoré (ils étaient lâchés à 22 h jusqu’au petit matin, afin que personne n’entre ou ne sorte de la ville). Ce couvre-feu fut supprimé en 1770 après ce regrettable accident 🙁
Installé dans le donjon du château de la duchesse Anne; le musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin évoque le commerce maritime, les figures malouines, la grande pêche … je n’ai hélas pas eu le temps de le visiter.
On s’attarde un peu sur ce beau logis de pierre du XVème siècle qu’est la maison de la duchesse Anne (2 cour La Houssaye) ; il paraît que celle-ci y a séjourné pendant la construction de son château, mais on n’en est pas certain …
Quelle jolie rue que la rue Pélicot ! Elle est bien étroite mais tout au long de celle-ci vous trouverez des demeures anciennes, d’origine ou restaurées.
En bas de l’escalier de la Grille, pas loin de la Cour de la Houssaye, on voit deux médaillons sous une fenêtre aux carreaux cassés : ils représentent Jacques Cartier (à gauche) et son épouse, Catherine des Granges (à droite).
J’attire votre attention sur le numéro 5 de cette petite rue Pelicot, où se trouve l’une des dernières maisons à façades de bois et de verre qui reste à Saint-Malo après les incendies successifs de 1661 et de 1944 ; d’autres maisons anciennes s’y trouvent, comme au numéro 11 (datant de 1676) ou au 9 (1684), et aussi au numéro 1, une maison à tourelle du XVIème siècle avec des linteaux sculptés.
Les deux étages de panneaux de bois et de coursières sont vitrées et superposées, protégées par l’avant-toit de la toiture ; c’est depuis 1991 la Maison internationale des poètes et des écrivains.
Même si vous n’avez pas pu prendre l’audio-guide, vous en apprendrez beaucoup sur la ville car il y a partout des panneaux donnant des explications (en français et en anglais) sur le lieu où vous vous trouvez.
La cathédrale Saint-Vincent est imposante et se situe à l’emplacement d’une chapelle consacrée par saint Mac Law au VIème siècle (je vous en parlais au début de mon article). Sa construction s’étant prolongée au fil des siècles, on trouve différents styles à l’intérieur, comme la nef qui est romane, et le choeur qui est gothique, tout comme le clocher.
A l’extérieur, on aperçoit les vestiges de l’ancien cloître :
La flèche d’origine était bien plus jolie que celle que l’on peut voir maintenant, hélas elle n’a pas été reconstruite à l’identique.
C’est ici que repose Jacques Cartier, l’explorateur célèbre qui a découvert l’estuaire du Saint-Laurent, et pris possession du Canada en 1534.
La lumière rentre par les superbes vitraux, comme cette rosace de Jean Le Moal (ils sont tous récents en raison des dégâts causés par le bombardement de 1944).
J’ai eu un coup de coeur pour le siège de présidence et le maître-autel en bronze, oeuvres du sculpteur Arcabas père et fils et du sculpteur Etienne, sur le thème des 4 vivants, réalisés en 1992.
Autre crush, l’architecture de la Halle au blé, à la fois halle du marché (le mardi et le vendredi) et salle d’exposition ; construite en 1822, on y trouvait volailles, beurre, viande, elle fut agrandie en 1892.
François Mahé-de-la-Bourdonnais est un autre natif de Saint-Malo, il serait né ici dans cette rue qui porte désormais son nom, pas moyen de rater l’endroit, grâce à cette superbe porte en bois sculpté du XVIème siècle (au numéro 2).
Pendant la visite, pourquoi ne pas s’arrêter à l’Alambic café ? Sa jolie façade à pans de bois attire les photographes 🙂
Si vous vous baladez sur la plage de l’éventail ou sur les remparts, vous verrez à coup sûr le fort national, construit en granit de Chausey, à peu près en face du château. J’ai pu cette fois le rejoindre à pied (j’étais venue il y a deux ans mais zut, marée haute !) et on y a une vue magnifique sur Saint-Malo et ses remparts. Ce fort fut construit en 1689 sur les plans de Vauban, pour compléter le système défensif de la cité corsaire. J’arrivais un peu tard pour la visite mais il est possible d’y voir les souterrains en plus de l’enceinte (surveiller le drapeau, il est hissé quand c’est ouvert à la visite).
Une autre idée qui peut vous plaire aussi, c’est une balade le long du port, où de gros navires sont accostés, des chalutiers mais aussi la superbe frégate corsaire Etoile du Roy réplique d’un navire de 1745, qui peut se visiter …. un vrai musée !
Faire une pause à la plage
Saint-Malo a de nombreuses plages, voici par exemple la plage de Bon-Secours (à marée basse ainsi vous voyez le grand bassin d’eau de mer rempli, accès gratuit ! Tout le monde s’en donne à coeur joie sur le plongeoir … c’est une construction des années 1930.
… ou la plage de l’éventail et ses brise-lames, impressionnants en fin d’après-midi, projetant leurs grandes ombres …
Quelques bonnes adresses
Je me suis régalée dans trois crêperies excellentes pendant mon court séjour : Le Corps de Garde sur les remparts, La Touline, et Chez Chantal . Vous pouvez y aller les yeux fermés …
Je vous recommande également une visite chez Epices Roellinger, la maison du Beurre Bordier, les Babas de Saint-Malo, et la maison du Sarrasin, pour faire un shopping gourmand .
Et si on s’amusait à débusquer un peu de street art ? J’avoue que je ne pensais pas en voir ici, je me suis trompée ! Voici un petit aperçu …
Dans l’un des passages de la ville, le bordelais ODEG a réalisé une jolie fresque où le vert et le bleu se mélangent … j’adore !
A droite, le lillois Mister P ( avec souvent ses « De Gaulle en ville ») et Moon Girl de Stéphane Moscato, vu près de mon hôtel des Remparts (il était invité au festival Banana Pschit!!! qui a eu lieu récemment à Dijon).
Et voici mon dessin préféré, réalisé au pochoir par Ose Artwork de Montpellier … impossible de rester indifférent(e) à ce regard !
Vous avez sûrement croisé Mimil, le personnage de David Selor si vous êtes allés à Bordeaux … les messages qui accompagnent ses dessins sont pleins de bon sens vous ne trouvez pas ?
Ci-dessous Touboulik (rien trouvé sur cet artiste) et à nouveau Mister P à droite.
Voici une fresque qui a fait couler beaucoup d’encre, merci à Virginie de me l’avoir montrée : à l’origine peinte pour promouvoir « Belle Personne », une jeune marque d’habillement malouine … le dessin de Pinon Sûr Rue (Nicolas Pinon) n’a pas fait pas que des heureux (elle a déjà été détériorée) mais l’artiste l’a repeinte, et protégée d’un vernis anti-graffiti ! (le nom de la marque fut également enlevé, pas de pub !). De nombreux amoureux se font prendre en photo devant ce mur, au grand désespoir de certains riverains …
Ce n’est que bien après mon retour à Lyon (en préparant cet article d’ailleurs) que j’ai appris qu’il y avait une fresque de Seth non loin de là vers le port … j’étais bien vénère de ne pas l’avoir vue !
Où dormir ?
J’ai testé l’hôtel de la Cité près des remparts et l’hôtel Bristol Union près de la Halle aux poissons, tous les deux sont des trois étoiles de bon confort intra-muros, idéalement situés.
Un grand merci à l’office du tourisme de Saint-Malo et à Virginie L. pour leur accueil, j’espère vous avoir donné envie de découvrir la cité corsaire, n’hésitez pas à me poser vos questions dans les commentaires !
SAINT-MALO TOURISME
Site Web : https://www.saint-malo-tourisme.com/
9 réponses sur « Saint-Malo »
Merci pour ce très bon cityguide sur Saint-Malo. Bon samedi.
merci Guillaume, tu connais déjà la ville ?
super photos, bonne idée de nous montrer un peu le street art de cette ville !
Pour la fresque de Seth, c’est dommage, elle n’est pas si loin que l’intra en plus. Au bout du port, un peu avant il y a en une superbe aussi de Sozyone et Jaba, noir et rouge. Un bijou !
ah zut il va falloir que je revienne j’ai l’impression 😀
J’avais tellement adoré cette ville ! Tu me donnes envie d’y retourner, surtout sous ce beau soleil. Et j’étais totalement passé à côté du street art, ça donne une raison de plus 🙂
Julie
merci Julie, c’est en effet une très belle ville, que j’ai eu beaucoup de plaisir à revoir … et sous le soleil, c’est encore plus beau !
Un très bel article, très complet sur la vieille ville de Saint-Malo! J’en garde un très bon souvenir, et si je dois y retourner, je crois que je suivrais les « clous » au sol, j’adore quand il y en a dans les villes que je visite, c’est tellement plaisant de se laisser porter et de se dire qu’on ne va (presque) rien manquer!
cette ville est tellement belle … j’y retournerais bien une troisième fois !