Ajaccio

Après vous avoir emmenés avec moi dans les environs de Bastia, de Saint-Florent … c’est à Ajaccio que cet article vous embarque, la principale ville de la Corse, et aussi chef-lieu de la Collectivité Territoriale. On croirait presque d’ailleurs qu’elle en est la capitale, grâce à un personnage que vous connaissez bien : Napoléon Bonaparte. Il est en effet né ici le 15 août 1769 et publia un décret qui en 1811 qui lui donna un essor sans précédent.

Nous avons atterri assez tôt, et après avoir posé nos valises à l’appartement, nous avons décidé d’aller voir le marché situé en centre ville. 

Le week-end, il est bon de traîner sur la place des Palmiers (appelée aussi place du Maréchal Foch), ouverte sur le port, où se déroule régulièrement une brocante. On peut y apercevoir sur une façade la statue de la Madonuccia, ou Notre-Dame de la Miséricorde, qui est la patronne de la ville. L’inscription en latin sous celle-ci signifie « Ils m’ont placée comme gardienne ».

Plus connue bien évidemment, sur cette place, la sculpture représentant le premier consul Bonaparte, qui surplombe la fontaine au Quatre Lions … mais pas de chance pour nous, elle était en restauration lors de notre visite aussi nous ne l’avons pas vue.

Sur la rue du Cardinal Fesch, artère piétonne très agréable aux boutiques dont les vitrines sont bien tentantes, nous arrivons au Musée des Beaux Arts Fesch. Le cardinal Fesch était très proche de la famille Bonaparte, il a d’ailleurs fui l’île aux côtés de Letizia la mère de Napoléon 1er, qu’on appelait « Madame Mère », pour échapper aux paolistes. 

On admire dans ce palais néoclassique sa collection d’art, qu’il a légué à sa ville natale. Le musée a été rendu accessible au public sous le Second Empire, en 1852. C’est une imposante quantité de peintures italiennes, plus d’un millier, répartie au deuxième étage avec les primitifs et les peintures de la Renaissance, les natures mortes, les peintures bolonaises, caravagesques …

Au premier étage, c’est la peinture romaine au XVIIe siècle qui occupe une grande place, et on peut déambuler dans un grand couloir appelée « Galerie du cardinal Fesch » où les tableaux sont accrochés cadre contre cadre, sans tenir compte de l’époque ni du thème. On peut dire que l’oncle maternel de Napoléon avait bon goût !

Après avoir visité le musée, nous sommes allés dans la chapelle impériale (billet inclus dans la visite) qui est mitoyenne au palais ; elle est en forme de croix latine, avec une décoration intérieure constituée de trompe-l’oeil en grisailles. Dans la crypte, on retrouve les dépouilles des parents de Napoléon (Charles et Letizia) ainsi que celle du cardinal Fesch. Les descendants de la famille impériale y ont aussi été inhumés au fil du temps. Comme vous le savez, ce n’est pas le cas de Napoléon, dont les cendres sont conservées à Paris, aux Invalides.

⇒ Le saviez-vous ? C’est dans ce quartier autrefois populaire que naquit le chanteur Tino Rossi … on peut voir de l’extérieur, où mieux, depuis la mer si vous faites une croisière, sa villa baptisée « Marinella », son grand succès.

 

Comment venir à Ajaccio sans visiter le Musée national de la maison Bonaparte ? C’était la maison familiale depuis 1682, et c’est là que naquit le futur empereur en 1769 (ainsi que la plupart de ses frères et soeurs).

La visite est très intéressante mais tout le mobilier n’est pas d’origine car après la fuite de la famille en 1793, la maison fut pillée avant de servir de dépôt et de logement pour les officiers anglais. Néanmoins, une partie a été retrouvée et rachetée par Napoléon III.

On commence par le deuxième étage qui présente l’historique de la maison, dans une pièce avec un premier salon. On traverse d’autres salons au premier étage, et on conclut avec une salle où sont exposés différents souvenirs de famille.

Enfin on termine par les grandes caves en sous-sol, où la famille entreposait une partie des productions de leurs propriétés.

 

L’ oratoire Saint-Jean Baptiste est le plus vieil édifice religieux d’Ajaccio, construit en 1580. Il était initialement voué à Saint-Jérôme et à Saint Jean-Baptiste, mais depuis plus de deux siècles il n’est plus consacré qu’à Jean-Baptiste (culte célébré le 24 juin).

J’étais amusée d’apprendre qu’après la Révolution, le lieu fut transformé en salle de bal et de spectacle …. mais après le Concordat, il fut rendu au culte. Son fronton triangulaire couronne la façade, qui présente aussi des pilastres plats, dans le style maniériste.

La nef est couverte d’une voûte peinte au XIXe siècle et le maître-autel est décoré de stuc, avec un retable à colonnes couronné d’un fronton interrompu. Plusieurs membres de la famille Bonaparte y furent baptisés.

Nous avions déjà vu de très belles églises lors de notre voyage à Bastia, et Ajaccio ne nous a pas déçus à ce niveau-là …

Sur le cours Napoléon, nous nous arrêtons dans l’église Saint-Roch, relativement sobre avec sa façade néo-classique.

Dans la même rue, l’ église Saint-Erasme servit de chapelle au collège de jésuites créé à Ajaccio en 1617. C’est après la période révolutionnaire que le lieu fut rendu au culte, et devint celle de la confrérie des marins pêcheurs ; c’est la raison de la présence de tous ces ex-voto, présents sur l’autel, mais aussi suspendus au plafond dans la nef, des maquettes de bâtiments qui ont réchappé du naufrage.

Avec sa façade ocre de style vénitien, la cathédrale Santa Maria Assunta (Sainte-Marie de l’Assomption) se remarque forcément. On s’y arrête car fait important, c’est là que Napoléon fut baptisé, à l’âge de deux ans ! Par ailleurs, un tableau de Delacroix s’y trouve, (dans une des chapelles) la Vierge au Sacré-Coeur. Le maître-autel de marbre blanc, le tabernacle, n’arrivent pas à faire oublier les proportions ratées de l’édifice, dont la nef a été raccourcie pour aller trop vite en besogne.

Parmi les autres bâtiments historiques, citons le très élégant Palais Lantivy, de style néo-classique, construit en 1826, et qui abrite maintenant la Préfecture, mais hélas il n’est ouvert au public que lors des Journées Européennes du Patrimoine. On peut cependant profiter de son joli jardin planté d’espèces méditerranéennes et tropicales : palmiers, cédratiers …

La citadelle Miollis a été rachetée récemment aux services militaires de l’Etat par la municipalité ; on a une belle vue de celle-ci (muraille, échauguette …) si on se promène sur la jetée, vers le port. Sa première pierre a été posée en 1492 (par les génois), l’édifice avait pour but de protéger efficacement la ville et le port des attaques maritimes. Elle a connu différentes affectations avant de devenir un lieu culturel aujourd’hui …. elle servait effectivement de geôle pendant la deuxième guerre mondiale. Le projet d’aménagement est toujours en cours et de gros travaux sont encore prévus cette année pour sa réhabilitation. Pour l’instant, des commerces artisanaux occupent quelques uns des anciens bâtiments de l’Armée, un restaurant, un terrain de sport dans les douves, une salle d’exposition dans l’ancienne poudrière (comme dans la région du Cap Corse, à Bastia) … il y a plein de potentiel !

En fin d’article, je vous dévoile une très bonne adresse où déjeuner sur place.

Le port d’Ajaccio a été rénové récemment, en période Covid (2020-2021). C’est à la fois un port de pêche et de plaisance, qui porte le nom de la célébrité locale, Tino Rossi. C’est de la que partent les « promenades en mer », vers les îles Sanguinaires ou la réserve de Scandola, les Calanques de Piana ou vers le sud, pour découvrir Bonifacio et les îles Lavezzi. Je vous conseille de faire un petit tour sur la jetée, pour avoir une vue d’ensemble sur la ville et la citadelle. On peut aussi louer une embarcation, catamaran ou bateau à moteur.

Vous verrez également peut-être un énorme paquebot de croisière, de passage pour quelques heures, un peu en retrait. Attention si vous prenez le ferry (Corsica Linea par exemple), c’est vers la gare maritime et le port de commerce qu’il faudra vous diriger.

Qui dit Ajaccio dit aussi Golfe d’Ajaccio ! On a testé une excursion aux îles sanguinaires avec la compagnie Nave Va. Le nom viendrait de la couleur aux reflets rougeâtres de la roche de type porphyre qui les composent. Cela permet d’apprécier une jolie vue sur Ajaccio depuis la mer, puis de voir de près les quatre îlots protégés peuplés d’oiseaux marins, notamment le goéland d’Audouin, le cormoran huppé et la mouette rieuse. La flore est aussi très riche, avec 150 espèces de plantes locales, dont certaines sont devenues rares comme l’arum mange mouche. On y trouve également le poireau sauvage et le lentisque.

On débarque sur la plus grande des îles, Mezzu Mare, ou « Grande Sanguinaire » pour environ une heure. Cela permet de découvrir le phare d’un côté (qui inspira Alphonse Daudet), puis le sémaphore de l’autre. L’île a été habitée jusqu’en 1985, année où le phare a été automatisé. On admire de plus loin à l’extrême sud la tour carrée, « Castellucio », qui n’est pas une tour génoise et daterait d’environ 1750. Les autres îlots (isolottu d’i Porri, isolottu di l’Oga) sont plus petits, plus sauvages et moins propices à la promenade.

Vous avez aussi de très belles vues sur la mer et les îles Sanguinaires en faisant une promenade à pied jusqu’à la péninsule effilée appelée « Pointe de la Parata » (parking payant). La tour génoise qui s’y trouve est l’une des 90 tours du littoral construites dès 1530 pour défendre le pays des invasions barbaresques. L’ensemble est classé « Grand Site de France ». Il faut compter 40 minutes à pied pour aller à la pointe et revenir.

⇒ Bon à savoir : d’avril à octobre, une navette électrique part de la Maison du Grand Site (juste avant les parkings) pour permettre aux personnes à mobilité réduite de gagner l’extrémité de la péninsule.

 

À environ 10 minutes en voiture au nord d’Ajaccio, il est possible aussi d’aller voir le Domaine Milelli, qui était la « maison de campagne » des Bonaparte. On ne voit que l’extérieur de la massive maison, mais on peut se promener dans le parc, au milieu des oliviers (GRATUIT). Ce n’est néanmoins pas très facile à trouver.

Où manger ?

Chez Joséphine c’est l’endroit parfait pour se poser dans un cadre agréablement décoré (petite terrasse également) pour déguster une bonne pâtisserie, ou une assiette de fromages corses. On recommande !

Chez Joséphine – 4 rue Bonaparte – Ajaccio

 

On a profité de notre visite de la citadelle Miollis pour déjeuner à la Ghinghetta, un restaurant qui ne se prend pas trop au sérieux, aux tables dispersées sous les arbres. Le vitello tonato avec salade de pommes de terre est un régal !

Ghinghetta – Citadelle Miollis – Ajaccio

 

Il est difficile de choisir un restaurant rue cardinal Fesch, il y en a plusieurs … après avoir consulté le menu affiché à l’entrée, nous avons choisi le Café M et nous avons bien fait. canneloni au brocciu, linguine aux aubergines et brocciu étaient au menu, et en dessert nous avons pris des glaces : à la banane et à la mandarine pour moi, au parfum rhum raisin pour maridou ! L’accueil y est excellent.

Café M – 18 rue cardinal Fesch – Ajaccio

 

Je partage souvent avec vous des bonnes adresses de glacier ; c’est mon péché mignon, à condition que ce soit un glacier de qualité … c’est le cas ici, vous pouvez y aller les yeux fermés;

Glacier BonaGelat – 1 rue Bonaparte – Ajaccio

 

J’espère que ce petit guide d’ Ajaccio vous a plu, n’hésitez pas à sauvegarder l’image ci-dessous pour le conserver dans Pinterest !