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Marie-Galante et son patrimoine

L’hiver dernier nous avons encore une fois choisi de partir au soleil et la Guadeloupe nous a à nouveau séduits. Je vous avais déjà parlé des Saintes dans un article précédent, aujourd’hui c’est Marie-Galante que je vais aborder, où nous avons passé quelques jours.

C’est où ?

L’île de Marie-Galante fait partie de l’archipel de la Guadeloupe et c’est la troisième plus grande île des Antilles françaises avec une superficie de 158 km2. On la surnomme « la grande galette » ou encore « l’île aux cent moulins ».

Elle est située au sud des deux îles principales Grande Terre et Basse Terre. On est surpris par sa forme presque ronde et j’ai appris que son nom lui avait été donné par le célèbre explorateur Christophe Colomb, qui s’en est désintéressé quand il s’aperçut qu’elle était occupée par des Indiens Caraïbes, mais la baptisa tout de même du nom d’une de ses caravelles, Maria-Galanda. Elle fut tour à tour occupée par les anglais puis par les français et a d’abord concentré son activité sur le tabac, puis la canne à sucre.

visiter Marie-Galante

On y va comment ?

Etant arrivés la veille assez tard par avion, nous n’avions pas d’autre choix que de passer la nuit à Pointe-à-Pitre (d’ailleurs c’est un vrai challenge de passer une nuit là-bas, vu qu’il n’y a aucun hôtel … dingue !). Bref nous avons trouvé une chambre sur booking et avons pris le bateau Express des Iles le lendemain matin assez tôt, en nous rendant à l’embarcadère par taxi. L’arrivée se fait à Grand Bourg, au sud-ouest de l’île.

Cette navette est confortable ; lors de votre réservation en ligne n’oubliez pas d’ajouter vos bagages, si vous en avez.

Le jour de notre arrivée nous avons commencé par « visiter » Saint-Louis (visiter est un assez grand mot). C’est un bourg très paisible, qui ne s’anime qu’aux horaires d’arrivée et de départ des bateaux. L’ancienne mairie se distingue, dessinée par Ali Tur, architecte des années 1930. À noter aussi, l’immeuble de la police, à droite du débarcadère, et le monument aux morts, qui représente le traditionnel poilu en tenue bleu horizon, tenant le fusil doté d’une baïonnette.

Nous avons été assez surpris du nombre de maisons (cases ?) en bois, délabrées, proches de l’effondrement, c’est bien dommage.

Saint-Louis Marie-Galante

Saint-Louis Marie-Galante

monument morts Saint-Louis

Saint-Louis Marie-Galante

visiter Saint-Louis Marie-Galante

Sous un abri, deux ou trois vendeurs sont installés une bonne partie de la journée, nous y avons acheté des avocats, des fruits de la passion et un ananas.

Nous avons déjeuné à l’excellent restaurant qui se trouve à la sortie de Saint-Louis, la Baleine Rouge (voir adresses en fin de mon autre article).

Pour terminer cette première journée à Marie-Galante, nous nous sommes promenés parmi les ruines de l’ancienne sucrerie Roussel-Trianon. C’est un site très étendu et agréable, à la pelouse tondue régulièrement, qui témoigne de la prospérité sucrière de l’île. On peut donc voir les vestiges des bâtiments caractéristiques, les écuries en brique (première photo), la sucrerie, le moulin à vent en pierre de taille, le moulin à bêtes ou manège de la fin du XVIIe siècle, hélas la maison de maître est maintenant réduit à sa plate-forme. Près de cette maison, les anciennes cuisines, avec un four à pain, une remise pour voiture à cheval, un magasin à vivres et une case à rhum. Elles ne se visitent pas, car s’y trouvent maintenant les services administratifs et la direction.

Un peu à l’écart, une petite bâtisse, divisée en quatre chambres garnies de lits de camp jouait le rôle d’hôpital des esclaves, reconstruit en 1989 pour abriter le centre de documentation.

Ces ruines de la fin du XVIIe siècle témoignent de sa prospérité passée ; la toute première sucrerie, appelée Trianon, existe à cet emplacement dès 1669. C’est avec le rachat du domaine par Paul Botreau-Roussel que ce nom a été ajouté, et que le remarquable moulin à vent a été construit (en 1800).

Des panneaux historiques donnent des explications devant chaque bâtiment. On remarquera des canons plantés en terre … pourquoi ? En fait, à l’aide de cordages, on y attachait les ailes du moulin quand on voulait l’arrêter …

Comme ils étaient faits de terre et de bois, les quartiers des esclaves ont eux disparu.

Marie Galante visite habitation roussel

Habitation Trianon

Habitation Roussel Trianon Marie-Galante

Le lieu fut partiellement détruit par le tremblement de terre de 1843. De 1855 à 1863 une puissante installation sucrière fut construite, mais cette modernisation n’empêche pas sa fermeture en 1874. La cheminée et la sucrerie sont classées aux Monuments Historiques.

habitation roussel trianon

D’ailleurs, vous verrez non loin de ces ruines la sucrerie de Grande-Anse, qui elle est bel et bien en activité, sur un site moderne. C’est l’une des deux dernières de Guadeloupe, avec celle de Gardel sur la Grande-Terre.

Le lendemain, après une séance bronzette à la plage, nous avons roulé jusqu’à Gueule- Grand-Gouffre, une grande crevasse à ciel ouvert, qui est apparue suite à l’écroulement d’une voûte calcaire. La mer pénètre dans cette arche, 50 mètres plus bas …. une vraie curiosité géologique !

gueule grand gouffre marie galante

Pour y accéder, il faut suivre un chemin en tuf et bien veiller à rester en retrait du bord du précipice (attention aux enfants !)

Après un très bon bokit, nous avons arpenté un sentier poussiéreux Caye Plate beau point de vue sur Pointe Plate (qui porte bien son nom !) et les falaises.

caye plate marie galante

caye plate marie galante

Je vous recommande de passer quelques heures à Capesterre, gros village qui n’est pas inintéressant, d’autant plus qu’il est doté d’une très belle plage (la Feuillère) et de belles fresques de street art, grâce au festival JustGraff-It.

street art capesterre marie galante

La ville fut quasiment détruite par le cyclone de 1928, mais subsistent quelques villas Art Deco au bord de mer, la belle place ombragée de l’église Sainte-Anne, aux vitraux de forme ronde et de couleurs vives. Le clocher et son escalier à vis ou les poutres-échelles ornées de motifs géométriques sont d’un style plutôt moderne.

Ne manquez pas les deux restaurants que nous avons testés !

église marie galante

eglise marie galante capesterre

eglise capesterre marie galante

capesterre marie galante

Nous avons fait une petite marche le long de la côte rocheuse (il faut se rendre au lieu-dit « les Galeries »). On y jouit d’un joli panorama depuis de hautes falaises, avec la mer d’un beau bleu en contrebas … Hélas en raison d’un éboulement, le sentier était bien raccourci, nous avons donc dû faire demi-tour (la boucle fait normalement 1,5 km). Ces « galeries » sont en fait d’imposants amas rocheux creusés, anciennes grottes sous-marines que les mouvements tectoniques de la zone ont fait émerger.

cote rocheuse marie galante

cote rocheuse marie galante

sentier les galeries marie galante

Le moulin Bézard ne vaut pas forcément le détour, mais c’est un moulin typique de l’île, qui en comportait une centaine il y a fort longtemps ; il est classé aux Monuments Historiques depuis 1979. Certains moulins ont d’ailleurs fonctionné jusque dans les années 1950, mais maintenant la plupart sont envahis par la végétation et ne sont pas entretenus. Ce moulin-ci a été construit au début du XIXe siècle, et on peut voir à l’intérieur sa machine à broyer la canne à sucre. Lors de notre passage, une équipe de menuisiers était en train de travailler sur des ailes toutes neuves pour lui, ainsi que la bâtière du toit. Un grand projet, à notre avis trop ambitieux, est susceptible de voir le jour juste à côté, un genre de grand complexe agro-touristique avec une agora, dix boutiques de vente de produits régionaux ; dans ce coin perdu cela m’étonnerait que la fréquentation soit au rendez-vous …. et cela devrait coûter 7 millions d’euros !

moulin bezard marie galante

Un autre incontournable de Marie-Galante, c’est l’habitation Murat et son Ecomusée de Marie-Galante. Tout comme pour l’habitation Trianon-Roussel, le parc boisé de 7 hectares est ponctué de ruines, mais le château Murat a été reconstruit à l’identique (il ne restait plus grand chose). Il rappelle les belles demeures du Bordelais, dont sont originaires les propriétaires.

habitation murat marie galante

À l’intérieur on peut voir des expositions temporaires (à l’étage), et quelques pièces ethnographiques au rez-de-chaussée.

Les premiers colons français, arrivés en 1648 à Marie-Galante, ont essayé, sans succès, de cultiver l’indigo, le tabac puis le coton. Après 1660 c’et la culture de la canne à sucre qui prend la relève, et la population des esclaves a augmenté. Sur l’habitation Murat, le plus vaste domaine sucrier de l’île (plus de 200 ha), il y eut jusqu’à 300 esclaves.

On pourra voir quelques bâtiments destinés au traitement de la canne : la sucrerie et sa cheminée, l’emplacement du moulin à bêtes et le moulin à vent. Derrière le jardin de simples ont été reconstituées trois cases à esclaves.

habitation murat marie galante

habitation murat marie galante

Il y a également un petit jardin de plantes médicinales, installé dans l’ancien enclos à animaux.

Nous avons passé un petit moment dans la ville de Grand Bourg, où arrivent les navettes de Guadeloupe ou des autres îles. C’est le centre administratif (avec Saint-Louis) (on l’appelait avant « Marigot »)  et un bourg animé avec son marché quotidien et ses commerces.

marché grand bourg marie galante

Sur la place centrale se dresse l’église Notre-Dame-de-Marie-Galante, je vous recommande de voir l’intérieur où se trouvent deux fresques d’Armand Baptiste, un plasticien local. Elles sont en parfait accord avec le bleu des murs.

eglise grand bourg marie galante

Un autre article sera publié prochainement, consacré aux distilleries, aux plages et aux bonnes adresses testées sur cette belle île ! En attendant, n’hésitez pas à relire mes autres blogposts sur l’archipel de la Guadeloupe !

2 réponses sur « Marie-Galante et son patrimoine »

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