Ropewalks

De retour de Liverpool dans le comté du Merseyside, j’ai pensé qu’un petit guide du quartier Ropewalks vous plairait. Ce quartier devenu tendance tire son nom de l’activité de fabrication de cordes (ropes) qui s’y tenait jusqu’au début du XIXe siècle ; ceci explique les rues longues, droites et parallèles qu’on y trouve. Cela permettait aux fabricants d’étaler leurs cordes sur toute leur longueur pendant leur production. Vous y verrez bon nombre d’anciens bâtiments en briques qui étaient liés à cette activité (usines ou entrepôts).

J’ai beaucoup aimé contempler, avec émotion, St Luke’s church, surnommée « the bombed out church« . C’était une église paroissiale anglicane, construite entre 1811 et 1832, dessinée par les architectes (père et fils) John Foster. Un choeur a été ajouté à l’autel à la fin de la construction, le fils se chargeant de la supervision. Vous pouvez constater qu’elle n’a plus ni toit, ni intérieur ; en effet, au cours d’un des raids de la Luftwaffe, pendant la deuxième guerre mondiale, en mai 1941, elle fut touchée par un engin incendiaire qui provoqua un feu important et détruit toute la structure, sauf les murs. Il a été décidé de la laisser ainsi, comme un mémorial de la guerre. Elle fut ajoutée à la liste des monuments historiques (« Grade II list ») en 1975.

Dans le jardin, la sculpture de cessez le feu « Alltogether now » (qu’on peut voir sur ma photo ci-dessous) est de l’artiste Andy Edwards ; on y voit un soldat anglais et un autre allemand se serrant la main, à leur pied, un ballon (qu’on ne voit pas hélas) de football. Un autre mémorial, consacré à la famine qui a touché l’Irlande au milieu du XIXe siècle, est visible également sur le site.

Un « garden bar » est ouvert du jeudi au dimanche, les horaires sont visibles sur le site slboc.com et peuvent varier en fonction de la météo.

Angle Berry street et Leece street

D’architecture bien différente des entrepôts en briques du XIXe siècle, l’arche qui marque l’entrée du quartier chinois est récente mais vaut le coup d’oeil. Saviez-vous que Liverpool a l’une des communautés chinoises la plus ancienne ? En effet c’est en 1834 que le premier bateau arrivé directement depuis la Chine est arrivé ici … mais le commerce entre le Royaume-Uni et la Chine (le port de Shanghai) ne date pas d’hier, axé principalement sur la soie et le coton. La fin de la charte de commerce East India Company a laissé la voie ouverte à des compagnies privées comme la Blue Funnel Shipping Line ; les premiers immigrants arrivèrent en 1866, ayant décidé de s’installer ici dans le cadre de leur travail sur les bateaux ou les docks. On a retrouvé dans les registres qu’en 1906 la communauté chinoise avait installé pas moins de 49 blanchisseries, 13 auberges, et 7 commerces. Après la première guerre mondiale, où beaucoup de chinois travaillaient dans la marine marchande britanniique, le quartier fut partiellement détruit et remanié dans les années 1930, pour des raisons d’insalubrité, et les remplacer par des immeubles nouveaux. Enfin la grande dépression puis la deuxième guerre mondiale, qui a vu la destruction de certaines rues de cette partie de Liverpool, a entraîné un fort déclin de la population de cette communauté chinoise.

Mais revenons à cette superbe arche !!!! C’est la plus grande existant en dehors de la Chine, avec ses dimensions conséquentes : 13,5 mètres de haut … et pas moins de cinq toits. Je ne me suis pas amusée à compter moi-même les dragons présents sur cette arche impériale, mais il paraît qu’il y en a pas moins 200, qui ont été peints à la main (pour la petite anecdote, il y a seulement douze dragons femelles) … Le projet de construction fut initié en 2014 par la communauté, et que les principes de l’art Feng shui y sont respectés. L’équipe de construction était constituée d’une dizaine d’artisans soigneusement sélectionnés à Shanghai, ainsi qu’une société de construction locale. Les matériaux utilisés pour ce « paifong » sont le bois et le marbre, (pour un budget de £ 700,000 et c’est désormais un des points d’intérêts à voir dans Ropewalks.

Passée l’arche, quelques restaurants chinois, mais finalement hélas très peu d’animation … un peu plus loin il y a un supermarché asiatique.

Si vous continuez un peu Nelson street en vous dirigeant vers le Baltic quarter, vous arriverez sur Great George’s Square, où se trouve une longue fresque qui a été réalisée pour la nouvelle année lunaire en 2021 … et j’ai appris que les deux artistes qui l’ont dessinée sont français : Alexis Le Pasteur et Lise Le Bonniec , avec l’aide de Zap Graffiti, une organisation qui travaille avec de nombreuses communautés dans le Royaume-Uni.

Bold street est un passage obligé du quartier Ropewalks, vous ne pouvez pas la louper, elle descend depuis l’église Saint-Luc … magasins indépendants, restaurants et cafés … il y a également un charity shop Oxfam où vous dénicherez peut-être une pépite ? Elle a été rendue piétonne, ce qui est une bonne chose pour flâner le nez en l’air !

Au XVIIIe siècle, du temps où l’activité de fabrication de cordes battait encore son plein, cette rue était utilisée comme étalonnage : on mesurait les cordes du début à la fin de la rue, c’était la taille standard pour les voiliers. Bold street était donc un « ropewalk », une rue où on étalait les cordes. On a commencé à y construire des immeubles d’habitation vers 1780, et donné le nom de Jonas Bold, un banquier et marchand de sucre (et d’esclaves) réputé, qui devint d’ailleurs maire de Liverpool en 1802.

Un peu à l’écart de Bold street, FACT est un lieu hybride dédié à l’art, à la fois cinéma, lieu d’exposition, mais aussi cantine et bar … tout cela dans un immeuble conçu par le cabinet d’architectes Austin-Smith:Lord, et a ouvert ses portes il y a déjà dix ans. il s’est spécialisé sur la mise en avant d’artistes de la vidéo et du digital, car il n’y avait jusqu’ici que peu de lieu où leur travail sur ces nouveau media pouvait être promu.

Jusqu’au 17 septembre 2023, on peut y voir l’exposition de l’artiste digitale chinoise LU YANG, qui nous emmène dans un univers inspiré par l’anime, les jeux video, la neuroscience et le boudhisme … tout un programme ! J’ai aimé l’interactivité des différents jeux d’arcade installés sur place.

Par ailleurs, côté art de rue, vous trouverez quelques fresques de street art dans Ropewalks ; je vous prépare un article dédié à cela qui sera publié prochainement … je peux vous dire qu’il y a de très beaux murs à voir ! C’est une activité que vous pouvez envisager également, pour découvrir le quartier au hasard.

88 Wood street

Où déjeuner ?

Le lieu s’appelait avant « Rapid », et a été rebaptisé « Hardware » … situé sur Renshaw street, vous pouvez vous y arrêter en chemin pour la cathédrale anglicane.

Leur brunch est paraît-il réputé, mais je n’ai pas testé. Pour ma pause déjeuner, j’ai opté pour les « shrooms« , une assiette de champignons tenant compagnie à une belle tartine de pain grillé de chez Plattsville (un boulanger au sud de Liverpool) où étaient étalés de jeunes pousses d’épinard et quelques oignons émincés ainsi que de l’ail et des herbes. J’ai choisi de prendre le supplément halloumi, ce fromage originaire de l’île de Chypre, qui est tendance. C’était finalement assez copieux et sain, tout à fait ce dont j’avais besoin. Le service est rapide mais souriant, je vous recommande la salle au niveau supérieur, très lumineuse avec ses grandes fenêtres. Le bruit ambiant peut dépendre des groupes accueillis au moment de votre visite. Des options sans gluten et végétariennes sont disponibles … en partant j’ai vraiment regretté de ne pas y avoir pris mon dessert, en longeant le présentoir à douceurs

Je leur accorde aussi un point « bonus » pour la présence des produits « Naturals remedies » dans les toilettes (parfumés à la sauge et au cassis), gel lavant mais aussi lotion pour les mains.

40B Renshaw street (chiens acceptés)

Impossible de louper le magnifique immeuble ArtDeco où se trouve le restaurant-café Leaf ! Salon de thé dans les années 20, cinéma à la fin des années 90, puis magasin de vêtements Microzine … maintenant c’est un lieu très fréquenté pour manger un morceau, bruncher, boire un thé … (d’où le nom). Mon seul regret est que la grande salle au rez-de-chaussée a été agencée en mettant beaucoup de tables, proches les unes des autres, et le lieu est très bruyant en heure de pointe. Dommage car mes oeufs benedict au saumon étaient très bons, et l’accueil efficace. Je vous conseille donc de venir tôt pour apprécier le lieu, ou en terrasse si le temps le permet.

65-67 Bold street

Dans un ancien entrepôt centenaire, le food court Duke street food and beverage market offre une grande salle lumineuse où de grandes tables sont installées. D’autres tables sont disponibles à l’étage pour déguster les plats de six stands très différents : Kelp (poissons et fruits de mer), Bone & Block (viandes), Cahita (Cubain et Amérique du Sud), Ginger (asiatique), Big Lola’s Taqueria (mexicain), Cucina di Vincenzo (italien – pâtes, pizze). Suite à une incompréhension au moment de l’encaissement je n’ai pas eu le plat que j’avais choisi, mais je suis prête à leur donner une deuxième chance. Mon naked chicken devenu un burrito au poulet s’est bien laissé manger.

46 Duke street

Où prendre un café ?

Situé le long d’un square ombragé, le Thoughtfully Cafe attire une clientèle d’habitués qui ne boude pas son plaisir de s’installer en terrasse lorsque l’été (et le soleil) le permet. Il faut parfois s’armer d’un peu de patience pour que le café commandé arrive, (il n’y a que deux charmantes jeunes femmes pour assurer préparation du café et service) mais avec le sourire tout passe ! Les pastéis de nata sont fameux !

15 Cleveland Square

Les amateurs de café apprécieront la petite terrasse du Bold street coffee (les marques de café changent régulièrement) pour déguster leur café accompagné ou pas de dougnut ou sandwiches fraîchement préparés. Aux murs, des photos ou peintures d’artistes locaux, qui sont à vendre. La salle à l’intérieur était assez grande mais pas trop fréquentée donc pas trop bruyante ; si vous êtes fans, sachez qu’il y a deux adresses à Liverpool, mais deux aussi à Manchester.

89 Bold street

Si vous voulez retrouver une ambiance un peu plus calme, je vous conseille vivement Ropes and Twines, qui se trouve sur Bold street. L’avantage c’est que vous pourrez également y prendre un verre (ou une bouteille) de vin … ils ne servent pas que du café ! Et vraiment leur banana cake est délicieux, servi tiède avec un peu de beurre salé … j’en salive encore …

Encore plus calme, je recommande fortement l’ambiance zen de Mother Espresso, studieuse même, puisque j’ai vu quelques personnes attablées avec leur Macbook. L’accueil n’est pas d’une chaleur délirante, mais rien que pour la qualité du café … et les flapjacks, je suis prête à y retourner ! Surveillez leur actualité, ils proposent des cours de latte art de temps en temps, qui sont gratuits ! A noter aussi qu’une petite restauration simple, mais locale, est proposée pour le déjeuner !

82 Wood street

Où dormir ?

Vous verrez de nombreux immeubles identiques dans ce quartier de Liverpool … un ancien entrepôt des années 1850, tout en briques … je séjournais à l’hôtel The Resident. On peut y réserver des chambres, suites … toutes équipées d’une kitchenette bien pratique (pas de plaque de cuisson ni de four, mais un petit frigo, un évier, de la vaisselle). Le mobilier est stylé, et j’ai adoré les sachets de thé de la marque xxxx, et les produits de toilette britanniques Molton Brown, délicieusement parfumés à la mandarine et à la sauge sclarée. Le personnel à l’accueil est adorable et très serviable, prêt à vous aider pour toute question pendant votre séjour. La chaîne « The Resident » est aussi présente à Londres (Covent Garden, Kensington, Soho, Victoria) ; j’y retournerai sans hésiter !

29 Seel street

Si vous êtes à la recherche d’un pub également dans un bâtiment historique, pourquoi ne pas opter pour le Bridewell Pub, qui se trouve dans une ancienne prison ? Celle-ci date de 1867, et eut cet usage jusqu’en 1932. Pour la petite histoire, dans les années 80, elle fut convertie en lieu de répétition pour des groupes rock, et c’est là que Frankie goes to Hollywood et leur album « Welcome to pleasuredome » fut en majorité écrit ici …

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Cet article fait suite à une collaboration avec Visit Britain France ; je reste libre de ma ligne éditoriale.