Après le teasing des cartes postales des Côtes d’Armor , il était temps de commencer à vous raconter mon voyage dans ce beau département de Bretagne, que j’ai pu visiter (pas entièrement bien sûr) grâce à Tourisme Bretagne . Après mon arrivée à Rennes en avion depuis Lyon, j’ai rejoint la ville de Paimpol en voiture de location ; c’est une route facile et dès mon arrivée, j’ai fait un stop à l’office du tourisme, situé Place de la République, vous ne pouvez pas le manquer. J’y ai récupéré une grande carte détaillant les visites à faire autour de Paimpol et Guingamp, le même plan ayant un encart plus détaillé sur le centre ville.
Armée de cette précieuse carte, j’ai déambulé d’abord dans le centre historique, m’engageant dans les rues pavées ; vous remarquerez à droite le bar-tabac « Les copains d’abord » (anciennement bar de l’Univers) où le chanteur – compositeur Georges Brassens avait ses habitudes.
Comme d’habitude, je marche aussi un peu le nez en l’air … sinon j’aurais manqué cette jolie châsse abritant la Vierge Marie, assez haut sur la façade d’une maison …
Pour m’aider dans ma visite, j’ai suivi le parcours d’interprétation suggéré sur le plan cité plus haut, des panneaux explicatifs donnant des explications à chaque arrêt ; il existe aussi un petit livret ludique pour les enfants qui du coup seront plus motivés pour vous suivre 😊 car ils vont mener une véritable enquête !
Jusqu’en 1914, l’église de Paimpol se trouvait ici … il n’en reste aujourd’hui que son clocher, appelé « vieille tour« , qui date de 1765. Les deux piliers à sa base sont en spilite, une roche volcanique un peu verdâtre qui dateraient de 1550, vestiges d’une église encore plus ancienne.
Dans cette maison en gros blocs de granit, avec une tourelle carrée à son angle, Pierre Loti officier de marine et écrivain, séjournait lorsqu’il se rendait à Paimpol (où il rejoignait son amoureuse). L’ hôtel Richard s’y trouvait à l’époque, à l’angle de la place du Martray et de la rue de l’Eglise. Il paraît que c’est dans cette tourelle qu’il écrivit son roman « mon frère Yves » en 1883, et qu’il a imaginé le personnage de Gaud, l’héroïne de son livre « Pêcheurs d’Islande », s’inspirant beaucoup de la jeune paimpolaise qu’il courtisait !
Une autre bâtisse à pans de bois très connue et d’ailleurs classée aux Monuments Historiques, (XVème siècle), voici la maison Jézéquel (notez les personnages en haut sur les angles) au 6 de la rue des Huit Patriotes. Dans celle-ci, une quincaillerie coutellerie, créée en 1886, et toujours tenue par la même famille, Jean-Marc ayant repris le commerce de son arrière grand-père. L’activité initiale était liée à la forge qui se trouvait derrière la maison, et fortement connectée, à l’époque, à l’activité portuaire : on y fabriquait hameçons et couteaux de pêche.
Le port est maintenant essentiellement dédié à la plaisance mais vous trouverez quelques bateaux de pêche le long du Quai de Kernoa . Paimpol a une longue histoire maritime, des bateaux partaient dès le XVIIème mais surtout au XVIIIème siècle pêcher la morue, dans le Grand Nord, vers Terre-Neuve ou en Islande. C’est pourquoi vous verrez de nombreuses références à l’Islande en ville (noms de rue par exemple) ; on surnomme d’ailleurs Paimpol « La cité des Islandais ». Ils embarquaient à la fin de l’hiver, à bord de goélettes, pour environ six mois, laissant leur famille, et pas certains de revenir vivants … entre 1852 et 1935, 2000 hommes ont péri et une centaine de goélettes ont coulé dans les eaux islandaises.
J’ai fait le tour des quais, tout de granit, sur une longueur de 250 mètres ; le port a été réaménagé en 1878 suite au nombre de bateaux de pêche à la morue, ce sont d’ailleurs les pierres de l’ancien château fort de Bréhat qui servirent à consolider le premier bassin.
Passion hortensias vous aussi ? Ou peut-être aimez vous d’autres fleurs …. en Bretagne, vous avez l’embarras du choix ! J’ai trouvé ce pavillon bleu très joli !
J’ai pu apercevoir la vedette « La Paimpolaise » en cours de restauration dans un hangar pendant ma balade. Celle-ci a été construite en 1961, et elle assurait la traversée de l’Arcouest à l’île de Bréhat pendant dix ans.
Office du tourisme de Paimpol – Place de la République – https://www.guingamp-paimpol.com/
Pour approfondir ma connaissance de l’histoire de la pêche à Paimpol, je suis ensuite allée visiter le musée de la mer, et c’est très intéressant d’en apprendre davantage sur les conditions de vie très rudes des équipages à bord … conditions sanitaires difficiles, et les « mousses » n’étaient que des enfants … Fait amusant, le musée se trouve dans une usine …. qui n’a jamais fonctionné ! Elle a été construite à l’initiative du Comte de Labenne en 1880 pour y faire sécher la morue … mais cette pêche était déjà en déclin à l’époque et son projet capota. Le bâtiment se transforma donc en menuiserie, puis en voilerie et de nos jours on peut y admirer de fort belles maquettes de goélettes, des tableaux marins, documents d’époque … il y a également une exposition temporaire qui se renouvelle régulièrement.
Musée de la mer – 11 Rue de Labenne – http://museemerpaimpol.fr/
→ A voir aussi : le musée du costume breton, que je n’ai pu visiter, il n’est ouvert qu’en juillet et août.
Toujours sur la commune de Paimpol mais dans le village de Kerity, à environ 3 kilomètres du centre en allant vers le sud est, je ne pouvais manquer une visite à l’ abbaye de Beauport .Ce joyau d’architecture monastique est vraiment un incontournable, car elle témoigne de l’introduction de l’art et l’architecture gothiques dans la région. Le site est assez grand et même si l’église et d’autres parties sont en ruines, on aime y flâner, et dans le bâtiment des hôtes il y a une petite partie « musée » qu’il est intéressant de découvrir avant d’appréhender le parcours.
L’abbaye fut construite à partir de 1202 (et pendant 80 ans) par l’ordre hospitalier des prémontrés pour soigner les malades, suite au don d’un rocher à cette communauté par le comte du Goëlo ; l’ordre accueillait également les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui venaient d’Angleterre et d’Irlande. J’étais impressionnée d’apprendre que pendant cinq siècles cette communauté religieuse régna sur la région … on les appelait les « seigneurs blancs » à cause de leur habit. La richesse de l’abbaye attire bien des convoitises et suscite des jalousies de grands personnages éclésiastiques et laïcs, elle fut même un établissement de crédit dès le XIIIème siècle
Au cours de la visite libre, j’ai pu voir le cloître, l’église abbatiale, la sacristie, la salle capitulaire, le bâtiment au duc, le jardin clos, les celliers, le réflectoire et la cuisine. Je pense qu’une visite guidée serait très intéressante, même si les fiches thématiques installées devant chaque bâtiment donnent beaucoup d’informations, en plusieurs langues. Voici un détail sculpté dans le granit, vers le réfectoire.
Fermer les yeux et imaginer le réfectoire au XIIIème siècle … comme j’aimerais voyager dans le temps !
Ici se trouvaient les anciens lavabos du cloître où les moines se lavaient les mains ; il n’y a plus ni cuve ni robinet depuis longtemps. Notez les couleurs différentes de la pierre : il y a du granit rose, certes, mais aussi du schiste, et du spilite (une roche magmatique vert sombre).
Dans l’église (50 mètres par 20), les moines se retrouvaient pour prier 8 fois par jour ; on y retrouve les pierres tombales des seigneurs de Kergosou, un couple allongé côte à côte. Le seigneur a son épée entre ses jambes, on peut supposer en conséquence qu’il est mort au combat. Plus de toit, de vitraux ou de bancs, on y trouve hortensias, fougères et même paquerettes …
Le grand cellier est heureusement un peu éclairé par quelques spots au sol, il est finalement assez élégant avec ses colonnes ; on y stockait les vivres nécessaires à la communauté et à ses hôtes.
La salle-au-duc fait 27 mètres par 11, une pièce impressionnante dont on ignore encore la réelle affectation. Il était peut-être destiné à l’accueil des hôtes, mais on en est moins certain maintenant que l’on a découvert la présence de fours, de bronziers, traces d’une activité artisanale. Les culots coudés, caractéristiques de la Normandie gothique, rappellent les liens de Beauport avec l’abbaye de la Lucerne.
En 1532 c’est le commencement du déclin, les abbés sont désormais nommés par le roi, et les chanoines perdent leurs privilèges. Les bâtiments ne sont plus entretenus, mais cependant au XVIIème siècle elle est réformée avec succès et même restaurée et redécorée, ses jardins sont redessinés. Après la révolution française les décrets de 1790 suppriment les maisons religieuses, les moeurs se relâchent à nouveau, et Beauport est fermée, pillée et vendu comme bien national. L’abbaye a alors différentes affectations : appartements privés, mairie, écoles, ferme et cidrerie. Vers 1821, les dépendances de la maison abbatiale, le bâtiment des dames, les toitures, le clocher et les voûtes de l’église s’écroulent … Heureusement, elle se voit classée Monument Historique en 1862 grâce à Prosper Mérimée. En 1992, c’est le Conservatoire du Littoral qui la rachète, et entame avec le soutien du Conseil Général des Côtes d’Armor des travaux de restauration qui permettent de l’ouvrir au public. Le but n’est pas de reconstruire ce qui est détruit mais
Bref, j’ai adoré ce lieu au charme si romantique, et à la végétation dévorante … pas vous ?
Abbaye de Beauport – Informations et réservations : 02 96 55 18 58 – https://www.abbayebeauport.com
J’espère que cette première visite de Paimpol et de l’ Abbaye de Beauport vous ont plus, êtes-vous amateurs de lieux abandonnés comme cette dernière ?
Si vous repartez en direction du nord, faites un petit arrêt à la Tour de Kerroc’h à Ploubazlanec ; elle n’est pas très ancienne car elle date du XIXème siècle (1873), mais elle est assez insolite. Elle fut construite sur la butte Krec’h Mahaf (ou Mazé) ; là où l’abbé Guennou pensait juste construire une représentation de la Vierge Marie. Au sommet de cette tour de granit il y eut d’abord une statue de Sainte Anne, puis finalement celle de la Vierge et de Saint-Joseph avec l’enfant Jésus.
Elle vaut le détour également pour la vue dont on peut jouir depuis la butte, sur toute la ville de Paimpol et la baie !
Ma prochaine étape ? L’île de Bréhat … je suis sûre que vous allez adorer aussi !
Ce voyage en Côtes d’Armor est le fruit d’une collaboration avec Tourisme Bretagne. Les choix éditoriaux des articles qui font suite à ce voyage me reviennent librement.
TOURISME BRETAGNE
Site Web : https://www.tourismebretagne.com/
8 réponses sur « Paimpol et l’Abbaye de Beauport »
J’ai beaucoup entendu parler de Paimpol …. d’après ce que tu en as raconté c’est vraiment un village que j’ai envie de voir !
toute la Bretagne est belle, j’adore !
ah ah je ne saurais te contredire Jess !
Ah, l’Abbaye de Paimpol… L’un de mes lieux préférés dans ce coin ! J’y retourne la semaine prochaine d’ailleurs. Pour le boulot, il y a pire, non ?
je suis forcément jalouse, hi hi hi !
Oh, je ne connaissais que le nom, ça a l’air très chouette comme petite ville! Il faut vraiment que j’améliore ma connaissance de la Bretagne. Merci !
j’espère que tu auras l’occasion d’y aller et de faire de très belles photos dans ces ruines d’abbaye !!
Oh nan mais je craque, toutes ces vieilles pierres, tous ces petits détails et ces couleurs ! J’adore, ça a l’air d’être une très chouette ville !