La route des chaumières

Aujourd’hui nous repartons dans le département de l’Eure, vous me suivez ?

Après notre visite très nature à pied sur le sentier de l’Anguille, c’est à vélo que j’ai flâné sur la route des Chaumières, en compagnie de Capucine, de l’Office du Tourisme. Nous avons emprunté nos bicyclettes à la maison d’hôtes des Cigognes, dont je vous reparle plus longuement plus loin dans cet article (avec un joli lot à gagner !).

Peu après notre point de départ, nous revoyons les fameux chevaux camarguais, mais qui étaient un peu loin de la route, nous les appelons, et ils finissent par venir à notre rencontre, d’une démarche nonchalante, mais visiblement un peu gênés dans leur progression. Le marais Vernier est la plus grande tourbière de France, et l’on peut s’en rendre compte en voyant les « chaussettes » noires des chevaux camargais qui viennent nous voir 🙂 Le sol garde toujours une grande humidité !

La « route des Chaumières » fait 53 kilomètres mais rassurez-vous je n’ai pas parcouru cette distance ! Parties du Chemin du Roy au Marais Vernier, nous allons pédaler sur environ 5 kilomètres. Au cours de cette promenade, nous pouvons voir ces magnifiques maisons à colombages couvertes de chaume, symbole de la maison rurale de Normandie. Si elle est synonyme aujourd’hui de nid douillet, la chaumière du XIXème siècle était une habitation très rustique et pauvre, avec très peu d’ouvertures, un plafond bas …. les habitants se chauffaient en faisant brûler de la tourbe, enfumant le logis, et du fumier était stocké non loin de l’habitation.

Il n’empêche que cette chaumière est véritablement la gardienne de l’âme normande, ne serait-ce que par les matériaux dont elle est construite. Argile, pierre, bois et paille, c’est un témoignage vivant d’une époque où la construction faisait appel aux matériaux locaux.

Je ne vais pas je l’espère vous ennuyer avec ces détails techniques, mais il faut savoir que la structure est en bois ; c’est en fait la succession de cadres verticaux et horizontaux, qui portent la maison. Les éléments verticaux sont les poteaux, les éléments horizontaux sont les sablières. A ceux-ci s’ajoutent les sommiers, qui joignent les poteaux correspondants des façades opposées. Ce sont eux qui vont conditionner la longueur de la chaumière, car ils sont d’un seul tenant (entre 4,50 m et 6 m). Les huisseries sont étroites, il ne faut pas de déperdition de chaleur. Le colombage (en chêne ou en orme) c’est ce qui maintient le hourdis, qui est le matériau de remplissage. Le plus connu est le torchis, qui est un mélange d’argile ou de limon, de paille hachée, de foin, de crin ou même de poil de vache. Il y a bien sûr aussi la cheminée, qui est la plupart du temps en pierre et en brique. Je vous parlerai du toit un peu plus loin, après quelques tours de pédale 🙂

Afin de conserver l’exceptionnelle diversité de la flore et de la faune il faut lutter contre la friche. Ainsi, on a introduit les rustiques vaches écossaises Highland, capables de passer tout l’hiver dehors. Je les trouve très belles, avec parfois des « cheveux » sur les yeux, et leurs belles cornes pointues. L’entretien est aussi assuré avec l’aide des chevaux de Camargue, partout à l’aise les pieds dans l’eau, des vaches et des moutons Shetland.

Regardez !!! On dirait vraiment une carte postale non ? Chaumière normande, pommiers, poules et cheval … il ne manque que la vache !

Nous nous arrêtons devant cette drôle de tour, il s’agit de l’observatoire de la Grand Mare. C’est dommage, je n’avais pas de jumelles, mais de là-haut on a une vue panoramique sur le Marais et si on ne fait pas de bruit du tout (et si on est patient) on peut observer la faune qui vit ici, en particulier tous les oiseaux. Bizzarrement c’est à la Fédération des Chasseurs que l’on doit l’érection de cet observatoire, ainsi qu’un diorama dans un décor reconstitué, installé à l’intérieur de chaumières à proximité, informant le public sur les différentes espèces d’oiseaux nichant sur la Grand Mare et aux alentours. Le marais Vernier est habité par de nombreuses specimen dont le balbuzard pêcheur, la sarcelle d’hiver, le busard des roseaux, le héron cendré, la barge à queue noire, la spatule blanche, l’avocette, la cigogne blanche, les chouettes chevêche, effraie et hulotte, le hibou moyen-duc, la buse, le corbeau freux, la grive draine, le faucon crécerelle… Il est possible de pique-niquer sous l’imposant saule pleureur juste à côté 🙂

Quelle surprise de voir un peu plus loin, dans un champ qui était en train d’être fauché, quelques cigognes qui cherchaient probablement de la nourriture dans l’herbe coupée … Elles restaient à distance l’une de l’autre, chacune couvrant sa zone, l’oeil à l’affut … dommage mon télé-objectif était un peu limite pour les capturer de façon plus nette …. La vallée de la Seine se situe sur la voie de migration de l’Ouest de l’Europe et le Marais Vernier est un cadre de vie idéal pour les oiseaux. Vingt ans après une première tentative de nidification de la cigogne, plusieurs plateformes de nidification ont été installées et on dénombre aujourd’hui plus d’une dizaine de couples de cigognes nicheuses.

On s’arrête un peu plus loin pour aller à la rencontre de Jacqueline et Etienne Blondel ; regardez un peu la jolie maison d’hôtes … ils accueillent les vacanciers dans quelques chambres, mais font pousser aussi fruits et légumes sur leur terrain. Un pré avec plusieurs pommiers jouxte la chaumière, sous ceux-ci, un troupeau de moutons entretient le terrain tout en se régalant …. la vraie tondeuse bio ! Il vend donc des pommes, mais aussi du délicieux jus de pomme, fait avec la variété Cox Orange … j’y ai goûté sur place, sur la terrasse ensoleillée, et j’en ai rapporté une bouteille dans ma valise, j’ai bien de la chance … Quand vient la saison, les habitants vendent leurs pommes – notamment la fameuse pomme de Rever, variété du Marais Vernier – en exposant leurs cageots devant leurs maisons. Cette variété est aussi connue sous le nom de « Rouget de Dol », c’est une pomme à couteau légèrement acidulée et très juteuse. Mais il y a d’autres pommes à cidre, produites dans la région depuis le XVIème siècle, qui ont remplacé les anciens vignobles de mauvaise qualité.

Nous retrouvons ensuite dans le tout petit village du Vieux Port Isabelle Vauchel, pour la suite de la visite. Celle-ci est Chargée de mission tourisme au Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, parc dont je vous avais parlé dans mon article sur le sentier de l’Anguille.

Et si l’on parlait du toit des chaumières ? Cette couverture végétale est en effet la particularité des chaumières. La chaume était autrefois de la paille de blé ou de seigle. C’est maintenant le roseau qui est uniformément utilisé. Pour pouvoir s’en servir, il faut le couper au ras de l’eau en hiver, puis le mettre à sécher avant de le lier en bottes. Pour être utilisé en couverture, le roseau doit être jeune et sa tige de faible diamètre.

On procède ensuite ainsi : sur la charpente, le couvreur dispose des gaulettes, ce sont de petites tiges de noisetier qu’il lie aux chevrons pour former le clayonnage, qui sera le support de la paille ou du roseau. Il commence par la base du toit et remonte vers le haut, disposant le chaume en le tassant et l’égalisant au moyen d’une cisaille.

Mais pourquoi ces iris au sommet du toit me direz-vous ? Plantés dans une épaisse couche de glaise, les rhizomes d’iris jaune ont pour but de maintenir la terre et aussi d’assurer le taux d’humidité voulu. Une forte pente du toit est indispensable pour que les eaux s’écoulent correctement. Suivant le matériau utilisé, un tel toit a une durée de vie entre 30 et 50 ans.

Il faut néanmoins entretenir ce toit, ou le remplacer de temps en temps. C’est un travail très technique et heureusement le Parc des Boucles de la Seine Normande a mis en place des stages de formation des artisans et des habitants, pour sauvegarder et défendre la construction traditionnelle. Des architectes de la Maison du Parc conseillent également les propriétaires de maison de ce type et les guident dans leur projet de restauration éventuelle, pour qu’elle soit faite dans les règles de l’art.

Nous revenons à notre point de départ, Chemin du Roy, pour garer nos vélos.

Isabelle, qui a quitté la région parisienne il y a plusieurs années pour s’installer au Marais Vernier, m’a fait visiter sa maison d’hôtes Les Cigognes, où les chambres sont réparties dans plusieurs bâtiments. De tailles différentes, elles peuvent convenir tant à un couple qu’à une famille, qu’on préfère être indépendant (et utiliser la petite cuisine) ou en mode un peu plus hôtellerie en profitant de la très bonne table des hôtes. Voici un aperçu des lieux, avec un très beau jardin également ! Si vous voulez vous adonner au parapente, c’est possible aussi, depuis la colline juste au-dessus. En été outre le jardin, le jacuzzi et la terrasse vous promettent aussi de très bons moments de détente, il y a même un sauna …

Je vous propose un petit concours tout simple pour vous donner l’occasion de remporter une nuitée pour 2 personnes petit-déjeuner inclus dans un pod de la Chambre d’Hôtes les Cigognes (voir photo ci-dessous) ; cet hébergement est un véritable retour à la nature situé dans le jardin des Cigognes, près des arbres fruitiers, tout en gardant un grand confort.

J’espère vous avoir donné envie d’enfourcher un vélo et de vous promener sur ce chemin bien agréable à la découverte des jolies chaumières près du Marais Vernier.

CHAMBRE D’HÔTES LES CIGOGNES
211 bis Chemin du Roy
27680 le Marais vernier
Site Web : http://www.lescigognesdumarais.fr/
Téléphone : 06 68 03 39 39 (Isabelle) ou 02 32 42 88 92

Ce voyage dans l’Eure est le fruit d’une collaboration avec Eure Tourisme. Les choix éditoriaux des articles qui font suite à ce voyage me reviennent librement.