Je commence aujourd’hui une courte série d’articles consacrée à l’exploration de quelques lacs italiens dans le nord du pays, situés dans la région du Piémont, mais qui nous emmènera aussi en Lombardie car nous conclurons par la visite de villes comme Bergame et Brescia.
Nous avons commencé notre périple par un lac d’Orta, dans la province de Novare, un petit lac intime et romantique au centre duquel se trouve une petite île. Celui-ci n’est pas très connu il me semble, contrairement au lac de Garde ou au lac de Côme. C’est cependant, comme vous allez le voir, une étape qui vaut la peine d’être incluse dans votre programme, en y restant une demi-journée par exemple.
En bord de lac, c’est le ravissant village d’Orta San Giulio que nous avons visité, aux rues pavées de galets, aux maisons médiévales ou du début du siècle dernier. L’endroit où tout le monde se retrouve c’est bien sûr la piazza Motta qui s’ouvre sur le lac et ses différents embarcadères, et où les cafés et restaurants alignent leurs terrasses.
Presque au centre de la place, le Palazzotto de la Communita, un ancien palais communal du XVIe siècle (1582) ; on peut y distinguer des peintures assez effacées, représentant les armoiries des évêques, trois cadrans solaires, et le symbole de San Giulio, le hortus conclusus (il s’agit de la forme typique du jardin médiéval). L’accès à l’escalier est en général possible, cela permet de prendre une photo sympa de toute la place ! Un marché a toujours lieu sous les arcades, le mercredi.
A voir également, la petite église de Saint-Roch (chiesa di San Rocco), à la façade d’une belle couleur ocre, où l’on voit ce saint représenté au dessus de la porte. C’est un oratoire érigé au début du XVIIe siècle en remerciement pour la fin d’une épidémie de peste. L’intérieur est de style baroque, avec de belles fresques au plafond et le long des murs.
Un conseil important … ne vous contentez pas de voir le village de San Giulio ! Nous avons ensuite pris un bateau pour nous rendre sur l’île Saint-Jules , centre religieux et administratif, où se trouve la basilique du même nom. Elle se situe quasiment en face de l’embarcadère utilisé par notre petit bateau (la traversée dure 2 à 3 minutes et les départs fréquents à partir de mai) (tarif : 4,50 € aller-retour).
Elle aurait été bâtie à l’emplacement d’une église fondée au IVe siècle par le saint, et recèle de nombreux trésors artistiques : on est bouche bée devant l’abside et ses merveilleuses coupoles peintes, de style baroque.
L’ambon roman (XIIe siècle) est en serpentine, avec des parties sculptées extraordinaires (ici un cerf attaqué par deux foires). (l’ambon est le pupitre, une tribune surélevée d’où son effectuées les lectures)
Les fresques des nefs latérales sont relativement en bon état, et sont d’époques différentes, entre le XIVe et le début du XVIe ; il s’agit d’ex voto (dessins de remerciements). Dans la crypte, le corps de saint Jules est conservé dans un châssis exposé aux visiteurs.
Dans le latéral droit, on peut voir cette nativité, attribuée à Tommaso Cagnola (XIVe siècle) … les couleurs sont incroyables ! Sur les colonnes du latéral gauche, la peinture la plus ancienne serait le martyre de Saint-Laurent, de nombreux saints se partagent les autres colonnes.
Basilique San Giulio – Ouvert de 9 h 30 à 12 h 15 et de 14 h à 18 h – Pas de visite pendant les offices
La visite continue à travers une ruelle … il s’agit de la « via del silenzio e della meditazione » ; ce chemin piétonnier fait le tour de l’île, et on peut le faire dans un sens (le silence) … ou l’autre ! (la méditation). À vous de choisir, et de lire les phrases sur les panneaux ! Pendant cette promenade vous longerez les maisons des chanoines,
Sur l’île se trouve aussi l’abbaye Mater Ecclesiae, un monastère de moniales bénédictines fondé en 1973, qu’on voit ici sur cette photo, où elles étudient et traduisent les textes anciens, restaurent des tissus, fabriquent des hosties, peignent des icônes originales.
De retour sur le continent, nous avons commencé notre ascension en empruntant la Via Caire Albertoletti. Au passage, je fus charmée par cette ancienne échoppe à la façade délavée ; vous distinguerez aussi peut-être, tout en haut, la grande corniche voûtée décorée du palazzo Gemelli, qui date de la fin de la Renaissance, mais a été restauré en 1591.
Quelques mètres plus loin, nous arrivons à l’église Santa Maria Assunta … elle était fermée quand nous sommes passés la première fois, mais heureusement, en redescendant, nous avons pu la visiter. Construite sur une précédente église qui datait de 1485, celle-ci date du XVIIIe siècle, et il est consacré à l’Assomption.
Eglise Santa Maria Assunta – Via Caire Albertoletti
Il faut continuer à marcher un peu (en admirant quelques belles mais discrètes villas) le long de la route pour accéder au Sacro Monte d’Orta, sur les hauteurs du lac. De là, on a un point de vue imprenable sur le lac ainsi que sur l’île San Giulio. Le temps de reprendre notre souffle et nous arpentons la dernière ligne droite, heureusement un peu ombragée.
C’était la première fois que nous visitions un tel site, mais nous avons pu voir un autre « Sacro Monte » (ou Mont Sacré en français) pendant notre voyage autour des lacs du nord de l’Italie. Il s’agit d’un véritable parcours de dévotion, qui se mêle à l’environnement naturel, suivi par les croyants. Ceux-ci ont été construits à partir du XVIe siècle, comme des lieux de pélerinage plus facile d’accès que les traditionnels lieux en Terre Sainte. Un certain nombre a été construit en Piémont et en Lombardie, et ils font partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Si l’idée est venue de la communauté de Franciscains qui était installée ici, en 1583, la mise à exécution du projet ne commença qu’en 1590 avec la construction d’un couvent, et l’initiative de l’abbé de Novare Amico Canobio et selon le projet défini par l’architecte capucin Cleto da Castelletto Ticino.
Ce dernier répartit les oeuvres architecturales entre le paysage naturel et les ouvertures scénographiques donnant sur le lac, et nous avons beaucoup apprécié cette activité, qui mêle promenade et visite traditionnelle.
Partant de l’église, vingt chapelles (le projet initial en prévoyait 36 !), numérotées, qui reprennent des épisodes de la vie de Saint-François : de sa naissance dans la chapelle numéro 1, à sa victoire sur les tentations, en passant par sa rencontre avec le sultan d’Égypte. Le parcours se termine avec sa canonisation.
À l’intérieur de chaque chapelle, on admire à travers les barreaux des sculptures en terre cuite grandeur nature très réalistes, et de peintures, qui mettent en scène ces fameux épisodes. Il est un peu frustrant de ne pouvoir pénétrer à l’intérieur, mais comme vous le voyez la pièce est déjà bien remplie ! On est vraiment un spectateur devant une scène …
L’église San Nicolao e Francesco abrite l’ensemble de sculptures en bois de la Vierge de la Pitié du XIVe siècle … mais fut complètement remodelée au cours du XVIIe siècle.
Près de l’église, il y a un cimetière où nous avons passé quelques minutes. J’ai beaucoup aimé cette mosaïque, hélas un peu abimée, représentant un rosier.
Bon à savoir ⇒ si vous êtes séduit par ce type d’ensemble religieux, le Sacro Monte di Varallo (accès en voiture ou en téléphérique), qui est le premier de l’histoire, est à une heure de route environ.
Sacro Monte d’Orta – ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 16h00 et les samedi, dimanche et jours fériés : de 9h30 à 16h30 (accès libre)
En quittant San Giulio, nous tombons sur cet bâtiment stupéfiant avec ce minaret …. nous n’avons pas pu nous arrêter, photo prise à l’arrache depuis la voiture … après recherches sur les internettes, il s’agit de la Villa Crespi, une demeure spectaculaire bâtie en 1879. Le commanditaire était un riche marchand de coton et grand amateur d’art, Cristoforo Benigno Crespi, villa dédiée à sa femme Pia (elle portait d’ailleurs initialement ce nom) et il s’est inspiré de la splendeur fascinante de l’architecture de Bagdad …
Apparemment l’intérieur vaut aussi le coup d’oeil … seulement 14 chambres dans cet hôtel Relais & Châteaux, avec un parquet et des meubles d’origine, et une cuisine apparemment renommée, élaborée par le chef Antonino Cannavacciuolo. J’adorerais voir les jardins également, mais le lieu ne se visite pas, je n’ai plus qu’à réserver notre chambre, hi hi hi … commençons à économiser !
Villa Crespi – Via Fava 18 – Orta San Giulio
Où manger ?
Nous avons décidé de manger sur la place animée de San Giulio, en terrasse car il faisait assez beau, et avons choisi le restaurant un peu au hasard. Oui, vous avez bien vu, des tagliatelles aux myrtilles ! Plus classiques, ces raviolis à la bonne sauce tomate étaient délicieux aussi.
Caffe de la Piazza – Piazza Motta
Où déguster une glace ?
Antonino Cannavacciuolo n’est pas un inconnu dans la région, et pour cause, c’est le chef du restaurant de la Villa Crespi dont je vous parlais juste un plus haut. Il a ouvert récemment sur la place du village cette boutique où on peut se procurer des pâtisseries, des glaces, mais aussi les autres produits de sa boutique en ligne. En tous cas, on valide les parfums pistache et pruneau à l’Armagnac !
Antonino – Laboratorio Cannavacciuolo – Piazza Motta 7
J’espère que cet article vous a fait un peu voyager dans le Nord de l’Italie, je vous donne rendez-vous pour la suite de notre itinéraire, qui nous fera découvrir les îles Borromée sur le lac Majeur !
5 réponses sur « Lac d’Orta et San Giulio »
je ne connaissais pas ce lac …. ça a l’air très charmant tout ça !
oui, il mérite d’être plus connu, c’est clair !
Un bel itinéraire, j’aimerais lire la suite très vite …
cette région me fait rêver
[…] vous avoir emmenés sur le lac d’Orta dans mon précédent article dédié aux lacs italiens, nous voici maintenant sur la rive […]