Gdynia et Sopot

Comme je vous l’avais expliqué dans mon premier article « Cartes postales de Gdańsk« , lorsqu’on parle de cette ville de Poméranie en Pologne, proche de la mer Baltique, il faut en fait évoquer la « tricité » ou « triville » car Gdynia et Sopot font partie intégrante de cette conurbation portuaire. Il serait donc dommage de ne pas les visiter car elles sont toutes proches de l’agglomération principale. Cependant, comme vous allez le voir, elles sont radicalement différentes l’une de l’autre !

Gdynia

À une vingtaine de kilomètres au nord de Gdańsk, Gdynia m’a frappée par sa longue jetée (Molo Południowe) qui fait plus de 600 mètres de long et les nombreux bateaux le long du quai. Cet ancien village de pêcheurs, devenu ville portuaire moderne de 100 000 habitants une dizaine d’années plus tard, grâce à la construction du port maritime, mérite qu’on s’y arrête quelques heures. On peut dire que c’est la « fille cadette de la Triville », puisqu’elle n’a été promue au rang de ville qu’en 1926. En septembre 1939, les allemands l’avaient annexée et rebaptisée Gotenhafen, pour en faire l’une des bases majeures de la Kriegsmarine, servant notamment de tête de pont pour envahir la Norvège. Pendant cette période, les déportés travaillaient de force dans les chantiers navals et au sein des installations portuaires. Le port fut entièrement détruit à la fin de la guerre.

Au bout du quai, je suis impressionnée par la taille du Dar Młodzieży (plus de 100 mètres de long !), une frégate école de type trois-mâts. Ce navire-école de la marine polonaise construit en 1981 est utilisé pour former les élèves de l’école supérieure de navigation d’Anvers, futurs marins qui emmènent ce vaisseau le long des côtes Ouest de l’Europe, à une vitesse maximum de 16 noeuds …. Si vous voulez le voir vous aussi, sans aller à Gdynia, il suffit de vous rendre à la manifestation Armada à Rouen, où il est présent régulièrement.

L’un des navires à quai est un peu spécial : il s’agit du Blyskawica, car c’est en effet un musée. Ce vétéran construit dans les chantiers navals anglais était le plus rapide dans la mer Baltique pendant la seconde guerre mondiale. (son nom signifie d’ailleurs « l’éclair »). Pendant la visite à bord on y découvre les installations ainsi qu’une expo sur la flotte polonaise.

Statek Muzeum ORP Blyskawica – Quai Nbrzeze Pomorskie (la grande jetée du port, en prolongement de la rue Litego) – Ouvert de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h – (fermé le lundi) – Tarif plein adulte : 16 PLN

Bon à savoir ⇒ attention, plus de ticket délivré 45 minutes avant la fermeture.

Enfin, cette belle frégate blanche, la « Dar Pomorza« , un trois mâts également, a vogué pour la première fois en 1909, sous un autre nom. Elle était utilisée comme bateau-école pour la marine marchande allemande. Mais en 1929, l’Université Maritime de Gdynia l’a achetée, avec les donations des habitants, pour la somme de 7000 livres sterling, afin de remplacer le précédent navire, le Lviv. Désormais sous pavillon polonais, Dar Pomorza a fait 102 croisières de formation et parcouru 500 000 milles nautiques … mais il est maintenant un bateau-musée, et fait partie du Polish Maritime Museum.

Au bout de la jetée, l’immense mémorial dédié à Joseph Conrad est certes un peu austère mais il a finalement bien sa place ici puisque ce célèbre écrivain britannique était aussi un marin, engagé très jeune dans la marine marchande … et était né en Pologne. Il a cependant rédigé toute son oeuvre en anglais, ce qui lui a été parfois reproché comme une trahison. Il est signé des sculpteurs Danuta, Zdzisław Koseda et Wawrzyniec Samp. À l’arrière-plan, sur la droite de la photo, l’autre sculpture, dont les différents panneaux de bronze évoquent les voiles des bateaux, fait 80 mètres de haut.

Nous avons ensuite rejoint le port, qui existe depuis 1923 et qui est lié à l’histoire de la ville et à son développement ; dès sa création, il a été mis en compétition avec les nombreux autres ports autour de la mer Baltique et de la mer du Nord :

Le musée de l’émigration polonaise se trouve sur le port, dans l’ancienne gare maritime, un bâtiment qui représente le modernisme de Gdynia ; il fut très endommagé pendant la seconde guerre mondiale. Ce lieu historique qui voit passer de nombreux navires qui vont dans le monde entier était le lieu idéal pour accueillir des expositions sur ce sujet, du XIXe siècle à nos jours. Beaucoup de polonais sont partis vers les Etats-Unis (pas mal à Chicago) mais aussi vers des pays d’Europe, pleins d’espoir d’une vie meilleure.

Musée de l’immigration – Polska 1 – ouvert de 10 h à 18 h – (nocturne le mardi, fermeture 20 h) – fermé le lundi – Tarif plein adulte : 18 PLN

Bon à savoir ⇒ Si vous visitez le musée, montez sur la terrasse au dernier étage, pour profiter d’une vue sur les grandes grues portuaires, les trains et les piles de charbon et autres marchandises en vrac. C’est d’ailleurs là que se trouve un des plus grands portiques d’Europe, avec des dimensions de 106 mètres de haut, 153 mètres de large et jusqu’à 3600 tonnes en poids.

Dans ce drôle de bâtiment bleu qui ressemble à une tour de contrôle, la capitainerie, tout près du musée … le balcon est bien fleuri !

En tant que passionnée de street art , j’étais ravie de découvrir quelques fresques murales réalisées il y a déjà plusieurs années, en 2013 et 2015, pour le Traffic Design Festival.  Beaucoup d’entre elles sont à thème maritime, forcément. Parmi les artistes présents, Sainer, Prozak, Greg Gonsior, 1010, Ripo, Aleksey Kislow … Elles sont certes assez dégradées, j’espère qu’une nouvelle manifestation d’art urbain verra prochainement le jour ici …

Bon à savoir ⇒ Vous trouverez la plupart des fresques dans ces rues du nord de Gdynia : ul Żeromskiego , ul Sw. Piotra, ul Portowa, ul Sw. Wojciecha

Si vous avez le temps, je vous conseille de faire un stop à la gare … au MacDonald’s !!! Pas forcément pour y manger, mais pour admirer les mosaïques magnifiques, sur les murs, et même au plafond ; je n’aurais jamais trouvé cet endroit sans mon guide Andreczj, qui connaît par coeur son pays ! Cette gare fut mise en service en 1955, mais le restaurant n’ouvrit que deux ans plus tard. Le plafond est résolument sur le thème de l’astrologie, avec les signes du zodiaque qui gravitent autour de l’astre solaire. Egalement dans le hall de la gare, de chaque côté de la porte d’entrée, des panneaux représentant des oiseaux, des poissons mais aussi des grues portuaires sont visibles.

… et pour rester en quelque sorte dans cette thématique, vous remarquerez sans doute plusieurs bâtiments de style Art Déco dans la ville, datant des années 1920 à 1930, cette architecture moderniste faisant parfois penser à des bateaux, avec des ouvertures rondes comme des hublots, des balcons comme des ponts au-dessus de superstructures, des terrasses vitrées comme des ponts de navire … cela m’a rappelé certains immeubles vus à Tel Aviv. On retrouve d’ailleurs cet esprit moderniste et d’avant-garde à la fois sur des édifices publics ou des villas … Le centre ville de Gdynia a d’ailleurs été classé par le président du pays « Monument d’Histoire », une reconnaissance certaine comme site historique.

Bon à savoir ⇒ il est facile de se rendre à Gdynia en train depuis Gdańsk ; par ailleurs, un ferry relie cette ville à Sopot et l’île de Hel.

Sopot

Tout oppose Gdynia et Sopot … chaque ville a une personnalité très différente et c’est ce qui est très intéressant dans le voyage ! Quittons la ville portuaire et industrielle pour rejoindre cette station balnéaire chic et un peu désuète aussi. C’est le docteur Georges Haffner, un ancien chirurgien militaire français de l’armée de Napoléon, qui a eu l’idée de créer Sopot, première station de bains de mer, en 1823. Séduit par le site et ses huttes de pêcheur, il y a investi tous ses biens et le succès fut très rapide. Cette « Deauville polonaise » connut son apogée dans les années 1920, c’était la station la plus chic de la Baltique, une ville « Spa » où on aimait prendre soin de son corps.

Aujourd’hui, Sopot comprend 5 Spa spécialisés dans la cure thermale ; on y soigne les patients dans les domaines suivants : rhumatologie, hypertension, maladies des voies respiratoires inférieures, ostéoporose …

Dès mon arrivée j’ai été séduite par les maisons dans le quartier résidentiel où nous nous étions garés. On trouve pas mal de résidences d’été à bow-windows en bois ou à colombages, peintes en couleurs variées.

 

L’une des principales attractions de la ville, c’est cette magnifique jetée en bois de Sibérie de 512 mètres de long, qui date de 1928, et qui est très photogénique. Le lieu est tellement prisé qu’en été l’accès est rendu payant … ce n’était pas le cas en octobre. Depuis son extrémité, on a un très beau panorama sur la baie et la côte. La grande plage est très belle aussi et doit être très fréquentée en été, car ici dans cette baie protégée, l’eau est moins froide qu’ailleurs en mer Baltique.

La foule se presse à l’arrivée du galion sur la jetée … c’est vrai qu’il est magnifique ! À bord, attention, j’ai l’impression qu’il y a plein de pirates ! (le tour dans la baie de Sopot dure environ 45 minutes)

Même si je n’ai pas eu la chance d’y séjourner, j’ai ensuite apprécié une petite visite des salons du très bel hôtel de luxe Grand Hotel, désormais sous pavillon Sofitel. De nombreuses célébrités sont venues ici, comme l’atteste ce mur couvert de photographies encadrées. Parmi celles-ci, Greta Garbo, Charles de Gaulle, Prince, Omar Sharif et plus récemment, Annie Lennox ou The Weeknd.

Cet établissement a été construit dans les années vingt, et servit de quartier général à Hitler pendant la deuxième guerre mondiale. Un casino fut ajouté en 1990, et plus récemment, un « Grand Spa » accueille désormais la clientèle fortunée.

Sofitel Grand Sopot – Powstancow Warszawy St

Si vous avez bien lu mon article précédent, vous vous rappelez peut-être du café très mignon où j’avais pris un thé, le Mamma Mia. Du grand balcon, on a une superbe vue sur la mer, le beau phare et le Molo. Initialement, cette tour construite en 1903-1904 faisait partie de l’institut balnéologique. Apparemment il est possible de le visiter, ça doit être intéressant !

Les badauds continuent leur promenade sur la rue piétonne Bohaterów-Monte-Cassino, en prolongement de la jetée, où se trouvent beaucoup de cafés, et de magasins. Il ne faut pas manquer la maison tordue, où se trouvent un café et une galerie commerciale. Cette krzywy dom doit être le lieu le plus photographié de Sopot, c’est sûr … pour la petite histoire, les architectes se sont basés sur les dessins oniriques du graphiste polonais Jan Marcin Szancer et du peintre suédois Per Dahlberg.

Krzywy Domek – uBohaterów Monte Cassino 53

Avant de repartir, nous avons visité rapidement l’église Saint-Georges, qui se trouve sur un charmant petit square arboré. Celle-ci était dans ses premières années une église évangélique, puis elle a rejoint l’église catholique en 1945.

Eglise Saint-Georges – ul. Kosciuszki 1

Puis, avant le dîner, nous sommes allés voir l’exposition en cours dans la galerie d’art Panstwowa, une série de photographies très réalistes et parfois un peu dérangeantes, mais qui m’a plu. Peinture, sculpture, photographie, les expos se renouvellent régulièrement dans ce bel espace.

Panstwowa Gallery – Plac Zdrojowy 2

Si vous êtes à la recherche de (très) bonnes adresses pour déjeuner ou dîner, je vous renvoie à mon précédent article « Gdańsk gourmande« , où je dévoile les restaurants que j’ai pu tester pendant mon séjour, à Gdańsk mais aussi à Sopot.

Bon à savoir ⇒ par l’aleja Woska Polksiego , on peut rejoindre Gdańsk à pied ou à vélo, c’est une piste isolée de la route par des bosquets, qui longe la mer et qui est très agréable !

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Cet article fait suite à une invitation de l’Office National Polonais de Tourisme et de la région Pomorskie, mais je garde toute liberté éditoriale.

Office National Polonais de Tourisme
Site Web : https://www.pologne.travel/fr

Organisation Régionale du Tourisme de Poméranie PROT
Site Web : https://pomorskie.travel/en/

Office du Tourisme de Gdańsk
Site Web : https://visitgdansk.com/en/