Edit du 23 août 2021 : une grande partie du texte de cet article a été reproduit sans mon accord ni mention de la source par Madame Sophie Dorn dans ses stories instagram. Malgré deux messages envoyés, cette personne sans aucune éthique n’a pas daigné me répondre, et encore moins publier un rectificatif sur ce réseau.
En venant en Croatie je ne m’imaginais sûrement pas faire une petite séance d’URBEX (URBan EXploration) ! C’est un peu la magie d’internet, en fait nous cherchions une plage pas trop loin de Dubrovnik, en allant nous promener vers Cavtat au sud … je tombe sur la petite station de Kupari … puis de site en site, d’image en image, je découvre qu’outre la petite plage de galets, il y a sur le même lieu cinq hôtels abandonnés, qui ne sont pas condamnés et auxquels on a accès.
Ni une ni deux, je persuade maridou de poser notre serviette là-bas, et après quelques brasses dans l’eau turquoise et un peu de bronzage, nous avons exploré deux de ces hôtels (je serais bien allée les voir tous, mais la patience masculine a ses limites 😄 )
Mais avant de vous montrer les photos, il faut vous expliquer pourquoi ces hôtels se trouvent ici et la raison de cet abandon … et remonter à plusieurs années en arrière, quand Croatie, Bosnie, Montenegro, Serbie n’existaient pas en tant qu’états, réunis sous le grand pays Yougoslavie, dirigé par Tito.
Durant cette période, l’élite militaire du pays venait se reposer ici à Kupari, avec leur famille. L’armée populaire yougoslave (en slovène Jugoslovanska ljudska armada, JLA) était l’armée de la République fédérative socialiste de Yougoslavie avant son effondrement. Tous construits dans les années soixante, ces nombreux hôtels les accueillaient, il y avait le Goricina I, le Goricina II, le Grand Hotel, le Kupari, le Pelegrin, formant un « resort » très prisé le long de la mer Adriatique. 1600 personnes pouvaient y séjourner, et il y avait même un camping qui pouvait accueillir 4000 personnes supplémentaires. Même le président Tito avait une résidence d’été à Kupari !
Les années ont passé, la guerre entre serbes et croates a fait de grands dommages, et le long des eaux claires de la plage, ces grands hôtels en béton sont toujours dressés, stoïques depuis bientôt trente ans.
Avant de commencer, voici une photo panoramique de la jolie baie, avec à droite l’hôtel Pelegrin.
Nous avons exploré d’abord le Grand Hotel, qui est le plus ancien, il existait déjà dans les années 20, on le voit d’ailleurs en allant au sous-sol avec ces arches. J’ai retrouvé sur YouTube une vidéo avec les images actuelles du lieu, alternées avec des photos de l’époque.
Envahies de lierre, les façades n’ont plus le lustre d’antan, l’herbe ou les arbres ont poussé à l’intérieur, où il n’y a plus grand chose, tout ce qui a pu être volé ou démonté l’a été. Même les escaliers n’ont plus leurs marches, rendant leur « escalade » très spéciale (je n’avais jamais monté un escalier sans marches, c’est une sensation bizarre). On retrouve quand même les belles colonnes de part et d’autre de l’escalier au rez-de-chaussée (étonnant qu’elles n’aient pas été volées), et une tapisserie aux motifs floraux dans plusieurs salles. Le sol également a gardé ses carreaux, par endroits. J’imagine qu’ailleurs il y avait parfois du parquet, emporté aussi.
Le « Grand Hotel » fut le premier à être ouvert dans le village de vacances Kupari, en 1919, à l’initiative d’un promoteur immobilier tchèque. Comme je vous le disais en introduction, les autres établissements furent construits dans les années 60.
Bien que fascinant et excitant de pénétrer dans des endroits abandonnés comme celui-ci, c’est également assez triste et révoltant de voir comme tout a été saccagé, et j’imagine les belles soirées qui ont dû se dérouler ici avec grande nostalgie de mon imaginaire … le luxe, la fête, en fermant les yeux on pourrait entendre le son de l’orchestre.
Un coup d’oeil sur les caves à vin, qui datent maintenant d’un siècle … il devait y avoir quelques bonnes bouteilles je suppose.
Ensuite après notre petite baignade sur la ravissante plage, nous avons grimpé (non sans difficulté car toutes les marches, les blocs de pierre, ont été enlevés) l’escalier de l’hôtel Pelegrin (419 chambres), plus récent, qui est, malgré son piteux état, très imposant, côté nord de la baie de Župa. Avec sa drôle de forme en pyramide inversée, il nous intriguait aussi nous avons décidé d’aller à l’intérieur.
Nous avons eu un peu de mal une fois arrivés dans la grande pièce à laquelle menait cet escalier extérieur, à trouver un moyen pour accéder aux étages. C’est dans la grande cour intérieure (maintenant envahie de végétation) et en poussant un peu les branches d’un figuier, que j’ai découvert une rampe métallique, et un escalier étroit.
Les dommages sont nombreux ici aussi. Pendant cette guerre croate d’indépendance en 1991, pendant l’été, l’armée yougoslave menée par les Serbes décide de prendre la ville de Dubrovnik, par la mer. Ils envoient donc des bateaux et des forces armées à pied le long de la côte dalmatienne, et de façon assez ironique, a torpillé l’ancien site de vacances de leurs militaires, et en particulier ces hôtels où quelques résistants croates s’étaient réfugiés. Cela a duré vingt jours, et Kupari était devenue une ruine. Est venu ensuite le pillage : mobilier, installations, marbre, tuyaux en cuivre, acier, furent arrachés des ruines, et embarqués à bord des bateaux de guerre.
Un peu effrayant de grimper cet escalier … mais la structure béton a l’air toujours résistante, ouf il ne s’est pas effondré à notre passage.
Ces matériaux de valeur ôtés, les troupes à pied ont ensuite brûlé un à un chaque étage, avec des bombes au phosphore, d’où les murs des couloirs noircis. Ils se sont ensuite dirigé vers Dubrovnik, avec la suite qu’on sait. Cette dernière fut reconstruite petit à petit au fil des années, mais pas Kupari.
Outre ces deux hôtels vous pouvez également explorer le Goričina I (162 chambres) et son voisin le Goričina II (352 chambres) mais ils n’ont paraît-il pas beaucoup d’intérêt, il ne reste vraiment que la structure béton.
Il y a aussi le Kupari (le plus grand, 554 chambres) qui apparemment mériterait une visite,
Accès : en voiture (route D8) ou avec le bus allant vers le sud (vers Cavtat) en mentionnant au chauffeur que vous descendez à Kupari.
9 réponses sur « Urbex à Kupari »
Pas trop effrayant de t’aventurer dans ce genre de lieu ?
non pas du tout, il faut faire attention car par endroits il y a du verre brisé, mais sinon ce n’est pas glauque du tout comme endroit !
c’est en effet une visite originale 🙂
C’est magnifique et effrayant au même temps.
certes, en effet, on en ressort avec des sentiments partagés !
Super article,
Supers photos,
Super blog,
C’est un plaisir de voir des lieux et des expériences comme ça (ça change) ! Pleins idées et c’est hyper photogénique comme lieu (entre 2 temporalités). Merci pour les tuyaux. ;p
merci et bienvenue ici !
je n’en reviens pas qu’on ait copié ton article de la sorte, les gens sont vraiment relou …
Très bel article et jolies photos !!! ♥️