Au mois de mai dernier j’ai été invitée par l’office du tourisme du Portugal à venir découvrir la route du street art qui s’est développée récemment dans plusieurs localités de la région Centre. J’étais ravie de retourner dans ce pays, dont j’avais exploré récemment la région de l’ Algarve dans la partie sud. Depuis Lyon j’ai volé avec la compagnie Transavia jusqu’à Porto, vol sans encombre et très rapide !
Avec mon charmant guide Jose Manuel nous avons quitté rapidement Porto (promis, je reviendrai !) pour aller vers notre première étape, ESTARREJA 🙂
Là j’y ai rencontré les personnes qui s’occupent du festival ESTAU (une contraction de Estarreja et Arte Urbano) ; en leur compagnie, nous avons fait une visite à pied de la ville, passant d’une oeuvre à une autre, et j’étais surprise par la qualité des réalisations ! Ce voyage s’annonçait décidément très bien …. (à part un temps un peu capricieux).
Cette manifestation a été lancée il y a peu, en 2016, quand l’équipe organisatrice a invité quelques artistes. Ce fut une telle réussite que l’année suivante ils réitèrent l’expérience …. et cette année, toujours en septembre, il y aura l’édition 2018 ! Outre la municipalité, l’équipe de Mistaker Maker (plateforme artistique basée à Lisbonne et promouvant l’art contemporain) est fortement impliquée en motivant les artistes à venir se produire ici.
Nous commençons très fort avec ce grand oiseau de l’artiste portugais Bordalo II qui était venu initialement pour la manifestation ObservaRía , dédiée à l’observation des oiseaux dans leur milieu naturel, près de la rivière Aveiro. Comme ses autres énormes « trash animals« , il est confectionné en utilisant ce qui se trouve dans les poubelles ou les décharges. En effet, si le street art ne vous intéresse pas, il y a beaucoup d’autres choses à faire et à voir à Estarreja, comme découvrir le patrimoine naturel de la région à pied, en vélo, ou aussi en véhicule électrique. Vous pourrez voir par exemple des hérons pourprés (Ardea purpurea). Ce projet est développé et consolidé par la mairie de la ville.
Un peu plus loin, je découvre le trio de renard dessiné par Tamara Alves qui vient de Lisbonne. Je reverrai une de ses fresques à Covilhã , à la fin de mon voyage. Ses thématiques sont assez variées, et ne consistent pas uniquement en dessins sur la faune, elle dessine aussi souvent des corps humains, parfois des nus. Ces renards ont été peints pendant un atelier grand public destiné à échanger avec l’artiste et le regarder travailler.
Comment ne pas aimer les murs peints par Kruella D’Enfer ? Au-delà des couleurs vives, admirez le travail des ombres sur mur qui égaye ce coin de parking … cette fresque est inspirée du mouvement Art Nouveau et s’intitule « Diamant » . Cette artiste fera également partie de mes coups de coeur pendant cet itinéraire street art en région Centre Portugal.
On continue avec cette fois-ci un artiste qui n’est pas originaire du Portugal, Fintan Magee (dont j’ai vu une fresque lors de ma visite du Crystal Ship Ostende en avril). Cet australien réalise toujours des oeuvres monumentales, très impressionnantes, comme ce « head in the clouds » en Allemagne, Finlande, ou, comme récemment, en Polynésie française. (ci-dessous à droite)
En 2016, Isaac Cordal a réalisé pas moins de treize installations dans les rues d’Estarreja ! (ci-dessous à gauche) Pas facile de les trouver, ces petits bonhommes, mais vu le nombre, cela augmente les chances d’en débusquer quelques-uns ! A droite, ces deux murs de façades, dont on ne voit pas l’angle si on se trouve à un certain point … c’est une anamorphose du duo portugais Halfstudio « A nossa casa somos nós » (notre maison c’est nous) ; je vous invite à visiter leur site pour voir comment ils travaillent les lettres, le graphisme, c’est bluffant ! Ils ont été inspirés par le livre d’Egaz Moniz publié dans les années cinquante, où l’auteur décrit une partie de son enfance passée à Estarreja.
Bossoletti a peint au moins trois fresques ici, je vous en montre deux (le deuxième étant bien caché (« Memorias »), j’ai pris la photo par la fente d’une boîte aux lettres). Cet artiste italien au coup de pinceau très classique est réputé, vous vous rappelez peut-être de la fresque en négatif que je vous avais montrée, dans mon article sur le festival d’ Ostende en Flandres.
Cette jolie dentelle orne la partie supérieure d’une maison qui avait bien besoin d’un petit coup de fraîcheur ! Voici la particularité de la polonaise NeSpoon (dont je reverrai un de ses travaux à Covilhã, mais sur céramique, bien différent et bien plus petit). C’est le thème qu’elle travaille, sous toutes ses formes ; cliquez sur son nom pour voir un grand nombre de ses oeuvres, toujours en blanc il me semble, c’est bluffant ! Street art, poterie, crochet, sculpture, joaillerie, comment fait-elle pour maîtriser toutes ces disciplines ? Cette année elle est intervenue à Alençon, sur la façade du musée d’arts décoratifs et de la dentelle ; le film est par ici : video youtube ; vous y verrez comment elle découpe tous ses pochoirs, et applique ensuite la peinture en bombe.
Et la fresque juste « woaw » par sa dimension et ses couleurs …. c’est celle de Bicicleta Sem Freio (bicyclette sans freins) dont j’avais vu le travail déjà à Montréal ; ces brésiliens peignent ici un mur de parking avec une variété de teintes, de motifs délirants … qu’on se plaît à étudier dans ses moindres détails ! Ils sont très influencés par la musique rock paraît-il …. le titre de l’oeuvre ? : « A música é uma fera invisível »
Style très différent, le barcelonais Manolo Mesa a choisi de peindre une scène du quotidien sur cette maison. « Yo vengo de todas las cosas » a été réalisée pendant l’édition 2017 de ESTAU. Son compte instagram : https://www.instagram.com/manolo_mesa/
Avant que la pluie ne commence vraiment à tomber nous sommes allés voir ces deux grands murs supplémentaires : On a utilisé ce terrain rempli de fleurs jaunes et de marguerites pour le premier plan de notre photographie, avec ce cliché pris dans un hôpital et reproduite en grand format sur la caserne de pompiers. C’est le marocain Mohamed L’Ghacham qui l’a choisie ; elle représente le Docteur Egas Moniz, psychiatre et neuro-chirurgien, natif d’Estarreja, et son assistante Deolinda (d’où le titre « Egas & Deolinda« ) ; ce médecin qui travaillait dans les années trente à l’hôpital Santa Marta de Lisbonne, et était passionné d’art. Ce moment de complicité fort bien capturé méritait un grand format !
Les couleurs vives utilisées pour ces portraits par le portugais AKACORLEONE égayent cette façade (ci-dessous à droite) réalisée en août 2017 (« rising sun« ) ; il a également peint une fresque à Viseu, une ville qui fera partie de mon périple et dont je vous parlerai plus tard. Il est très actif au Portugal, mais j’ai vu qu’il était allé également peindre à Manille aux Philippines, ou à Bangkok en Thaïlande.
Les réalisations d’Alexandre Farto aka VHILS sont toujours impressionnantes, et si elles s’apprécient davantage de loin, il est toujours amusant de s’approcher pour voir tous les trous faits dans le mur, ici il a enlevé la couche supérieure du mur pour faire apparaître les pierres, qui constituent la chevelure de Doña Florinda, qui travaillait dans les rizières aux alentours d’Estarreja. Un portrait saisissant !
Add Fuel est portugais et ça se voit dans son travail, qui reproduit de beaux azulejos … je les reverrai notamment à Figueira da Foz. C’est un exemple de petite taille ici, sur un compteur électrique ; plus tard à Figueira da Foz, je verrai un mur bien plus grand orné de ses carreaux peints.
Gros coup de coeur pour le style très innovant de The empty belly (cela m’a fait penser au générique de Doctor House d’ailleurs) en blanc sur fond noir, avec plein de détails (peinture de petits points blancs). De son vrai nom Tiago Francez, cet artiste de 27 ans a reproduit une angiographie du cerveau, faite par le docteur dont je vous ai parlé juste avant !
On termine la visite avec ce superbe héron rouge réalisé par Ana María , la boucle est bouclée puisque nous avions commencé le parcours avec le superbe oiseau de Bordalo II. Elle a peint également un poisson dans la ville, mais je ne l’ai pas vu. C’était pour ESTAU 2017.
J’adresse un grand merci à la ville d’Estarreja pour son accueil et bravo à eux pour ce festival qui est de grande qualité, et que je vous encourage à aller voir …
Et pour conclure, voici un film réalisé par l’équipe Mistake Maker sur ESTAU 2017 :
https://vimeo.com/249159926
Alors, rendez-vous du 15 au 23 septembre pour ESTAU 2018 ?
ET EN DEHORS DU STREET ART ?
On trouve quelques maisons anciennes avec de beaux azulejos, comme cette maison de 1911 !
Je conseille de s’éloigner un peu du centre pour se rendre sur le site d’une ancienne usine de décorticage du riz, qui tenait une grande place dans la vie sociale de la ville d’Estarreja. On peut y voir d’ailleurs une installation très intéressante de la photographe Camilla Watson, dont j’ai beaucoup aimé la démarche : elle a contacté d’anciens employés de cette « fabrique » et échangé avec douze d’entre eux, récoltant des souvenirs par la parole, l’échange, mais aussi les souvenirs écrits, (certains ont écrit leurs souvenirs sur des pierres plates) et de vieilles photographies, qu’elle a reproduites puis appliquées sur la façade d’un des bâtiments. L’activité a cessé en 1985, et laisse un grand vide ici … plusieurs générations y ont travaillé. Entre la première et la deuxième porte en partant de la gauche, un portrait de Carlos Marques Rodgrigues, le fondateur. Non loin de là vous verrez le VHILS dont je vous parle plus haut.
Cette vieille dame a 92 ans et elle tient cette épicerie depuis des dizaines d’années. J’avais l’impression d’être téléportée dans les années cinquante ou même avant ! Notre passage fut l’occasion de rencontres avec certains clients pittoresques, habitués des lieux, visiblement.
Connaissez-vous le centre du Portugal ? A bientôt pour la suite de mon voyage, passez de bonnes vacances si vous en prenez !
VISIT PORTUGAL
Site Web : https://www.visitportugal.com/
CENTRO PORTUGAL
Site Web : http://www.centerofportugal.com/fr/
ESTAU FESTIVAL
Site Web : http://www.cm-estarreja.pt/estau
Facebook : https://www.facebook.com/estarrejaarteurbana/
8 réponses sur « Estarreja »
quelle profusion d’art dans cette ville, je ne m’y attendais pas
J’adore ta première photo avec cette vue aérienne !
oui c’est chouette hein ? C’est en arrivant à Porto, peu avant d’atterrir !
Merci pour la visite, je ne connaissais pas du tout cette ville du Portugal (j’en avais même jamais entendu parler). Il y a de sacrées oeuvres à découvrir. J’adoire l’oiseau réalisé à partir de déchets, ça apporte pas mal de texture. J’ai aussi énormément les trompe-l’oeil en azulejos et celui sur la maison qui fait disparaitre l’angle du batiment.
Ce n’est pas une ville très connue en effet, et le festival ESTAU est encore assez jeune … mais très prometteur !
Whaou j’adore 🙂
C’est coloré et flamboyant ! Magnifique !
hello ! contente de te revoir ici, cela faisait si longtemps … Merci pour ton commentaire, oui ce fut une belle découverte, on a fini sous la pluie hélas ! A bientôt pour la suite de mon voyage dans cette belle région du Portugal, si prolifique en street art !