Nous continuons notre visite de Gdańsk en Poméranie par le volet street art, comme je vous le propose souvent dans mes périples à travers le monde. Il n’y a pas de fresques murales à se mettre sous la dent dans le quartier historique, mais rassurez-vous, il existe un quartier où les amateurs de peintures monumentales trouveront leur bonheur. Il s’agit de la banlieue résidentielle de Zaspa, au nord de la ville, à quelques kilomètres du centre.
Il s’agit d’un ensemble d’habitations en béton construit dans les années 1970 et 1980, donc pendant la période soviétique. Les différentes barres d’immeubles comprennent 4 à 12 étages, sont assez austères, mais il y a tout de même pas mal de verdure entre les différents blocs, heureusement.
Si les premiers murs ont vu le jour en 1997, il a fallu attendre 2009 pour que, grâce à la création du « Monumental Art Festival », d’autres façades soient peintes, par de nombreux artistes polonais, mais aussi d’autres venus d’autres pays.
On y va comment ?
Depuis la gare de Gdańsk, il suffit de sauter dans un train SKM ; une autre option est de prendre un tramway (lignes 2, 4 ou 8) et descendre à l’un des arrêts suivants : Zaspa, Startowa, Jana Pawla II, Zwirki i Wigury ou Bajana ; le voyage dure environ 20 minutes.
Plusieurs murs peints ont pour thème l’aviation, vous le remarquerez sûrement … Pourquoi ? Tout simplement parce que ces immeubles ont été érigés sur les pistes de l’ancien aéroport de la ville. Le dessin ci-dessous, exécuté par la polonaise Justyna Posiecz-Polkowska, a repris les personnages d’une photo d’archive, un cliché de l’Escadron 303 pris sur la base de la Royal Air Force de Northold à l’Ouest de Londres en 1940. À l’arrière-plan, un Spitfire, avion de combat britannique très utilisé pendant la deuxième guerre mondiale.
J’ai pris la photo ci-dessous depuis ce qui était à l’époque la piste principale de l’aéroport. On y voit à gauche une fresque d’ Ozmo, et sa créature visiblement assez énervée … cet artiste venu de Pise est le directeur artistique du désormais célèbre festival de street art « Wall in Art » qui se tient chaque année en Italie. Son oeuvre, appelée « Rock’n roll », a peint à l’occasion du 50e anniversaire du premier concert de rock en Pologne, dans le club Rudy Kot (le chat rouge) à Gdańsk.
A droite, on aperçoit une main noire qui tient délicatement un morceau (qui était rouge à l’époque, mais a un peu pâli) … c’est le suédois Ekta qui l’a peint en 2011 … un grand âge, mais la fresque est toujours d’actualité. C’est en effet le thème de « Narcisse » qu’il veut symboliser ici, qui veut goûter un morceau de lui-même ; cette fresque de 36 mètres de haut est la seule qui a été peinte sans assistant, quelle performance !
Installé désormais à Göteborg, il est vraiment polyvalent quant aux techniques et aux supports qu’il utilise : grandes murales, toiles en atelier exposées ensuite en galerie, travail sur textile ou animation, musique …
La deuxième édition du Festival d’Art Monumental s’est tenue en juillet 2010, avec pour thème principal « la liberté en temps de crise ». Celui-ci a été inspirant pour les artistes venus de Chine, d’Allemagne, d’Italie et de Pologne.
La murale ci-dessous a été peinte pendant l’année de célébration du musicien Chopin. Elle s’inspire fortement d’un portrait inachevé du compositeur, représenté avec George Sand. Le tableau avait été commandé à Eugène Delacroix qui hélas a eu du mal à s’accommoder des changements d’humeur et d’avis de Chopin, qui ne voulait plus que sa compagne y soit représentée. C’est donc ce qu’il a fait, et ce qu’on peut voir d’ailleurs au musée du Louvre. La partie abandonnée, où figurait George Sand, est exposée dans un musée de Copenhague. Finalement les deux amoureux se retrouvent ici à Zaspa, grâce à Piotr Szwabe !
Si vous venez dans cette région de Pologne, proche de la mer Baltique, vous dégusterez probablement des poissons, comme par exemple les harengs ! la fresque ci-dessous à gauche, baptisée « Baltic sea » a été peinte en 2011 par le polonais Emil Goś et représente une boîte de conserve ouverte, où sont serrés les uns contre les autres les poissons typiques de la Baltique : le hareng, la limande, la morue, la gobie. Cet artiste est l’un des plus productifs de la scène art urbain polonaise, il est issu de la Mural School locale, mais il est né à Wrocław, à l’ouest du pays.
J’étais contente de revoir ici à Zaspa les personnages si particuliers, toujours en noir sur fond blanc, de David de la Mano, vu à Djerbahood récemment, ici avec Pablo S. Herrero. Les deux espagnols ont choisi de montrer la communauté des humains comme un immense réseau, où l’homme malgré le progrès des technologies, fait toujours partie de l’environnement naturel, comme des arbres et leurs racines.
Des dessins collaboratifs sont aussi visibles, à moindre échelle, au niveau des entrées d’immeuble ; en voici un exemple, qui reproduit la silhouette d’un train de Wroclaw à Gdańsk. Il a été réalisé par des élèves de la Mural School, qui sont tous polonais. D’autres entrées ont été réalisées par l’Académie des Beaux-Arts de Wroclaw, et le City Culture Institute.
Une des plus récentes fresques, qui date de 2021, attire l’oeil avec son fond coloré en rose vif ; il a été réalisé pour le 25e anniversaire du festival feTa, qui est un grand évènement à Gdańsk. Ce festival international des théâtres de plein air, qui se déroule en juillet, remporte un grand succès auprès des résidents et des touristes et c’est sur Bajana 11, en périphérie de l’ensemble d’habitations (visible donc des automobilistes) qu’elle a été peinte puis inaugurée en novembre 2021. Avant de sortir son échafaudage et ses bombes de peinture ou pinceaux, l’artiste illustrateur Patryk Hardziej a fait un important travail de recherche dans les archives et des affiches, et a créé un design unique. On y voit sa réinterprétation des scènes sélectionnées, capturant des émotions qui ont accompagné les performances. Il a bien sûr gardé son style propre ; sur le mur, on voit des silhouettes d’acteurs du théâtre belge Les Primitifs et la silhouette d’un danseur aérien de la formation Duchamp Pilote.
Enfin, pour terminer, je tenais à vous montrer le héros national, le personnage historique de la révolte des chantiers de Gdańsk : Lech Walesa bien sûr. Cette murale a la particularité de se dévoiler assez peu à l’oeil nu ; par contre si vous la prenez en photo, les traits du personnage seront bien plus distincts. C’est également Piotr Szwabe qui l’a peinte, pour le 25e anniversaire de l’obtention du prix Nobel par le leader polonais. Il s’agit en fait d’une photographie très agrandie, ce qui explique qu’on voie si nettement les pixels la composant. Il faut également prendre du recul pour pouvoir apprécier le portrait, bien sûr.
La localisation de cette fresque murale géante n’est pas due au hasard, c’est dans ce bloc, au 17f de Pilotów, que Lech Walesa a vécu avec sa famille.
Pour voir toutes les fresques murales de Zaspa, il vous faudra parcourir environ 7 kilomètres … vous pouvez y passer largement la journée si vous voulez prendre votre temps. Vous pouvez télécharger le plan des oeuvres ici sur le site Gdańsk-Zaspa-Monumental-Art-Collection. Il y a une soixantaine de fresques à découvrir.
J’espère que vous avez apprécié la visite de ce quartier en ma compagnie, n’hésitez pas à me suivre également sur mon compte instagram dédié à l’art urbain : @atasteofgraffiti
Vous pouvez suivre aussi les murales de Zaspa ici : https://www.instagram.com/muralegdanskzaspa/
Cet article fait suite à une invitation de l’Office National Polonais de Tourisme et de la région Pomorskie, mais je garde toute liberté éditoriale.
Office National Polonais de Tourisme
Site Web : https://www.pologne.travel/fr
Organisation Régionale du Tourisme de Poméranie PROT
Site Web : https://pomorskie.travel/en/
Office du Tourisme de Gdańsk
Site Web : https://visitgdansk.com/en/
2 réponses sur « Street art à Gdańsk »
incroyables ces immenses fresques c’est géant !
ah oui, c’est carrément monumental !!! superbe, j’aimerais bien vivre parmi toutes ces fresques …