Syracuse

Nous progressons dans le récit de notre roadtrip en Sicile, et arrivons en fin d’après-midi à Syracuse , sur la côte orientale de l’île, après avoir visité Noto la ville baroque. C’est encore un coin très riche d’histoire, puisque la ville fut fondée vers 733 avant Jésus-Christ par des Grecs doriens, exactement sur l’île d’Ortygie (Ortigia, « l’île des cailles »). Elle fut plus tard prise par les Romains, en 212 avant J.C.

Juste après avoir posé nos valises dans le b&b Mar Love, nous décidons d’aller directement sur Ortigia, l’île reliée au continent par trois ponts. C’est un des quartiers de la vieille ville de Syracuse, une île de 600 mètres de large et 1600 mètres de long à l’est du golfe.

Arrivant depuis le pont Santa Lucia, on repère tout de suite une très belle construction, à la façade ocre-roux …. un palazzo qui est en vente, et où nous apercevons, dans le jardin plus très bien entretenu, une chatte et ses petits. Le bâtiment du XIXème siècle est toujours en vente, dans sa totalité, pour 2.500.000 euros, comprenant le local commercial au rez-de-chaussée. Le poète et écrivain Enrico Cardile a paraît-il habité le palais.

En chemin, sur la piazza Emanuele Pancali, nous tombons sur des vestiges romains, un temple d’Apollon (appelé aussi temple d’Artemis) qui date du début du VIème siècle avant J.C., qui avait 6 colonnes sur sa largeur et 17 sur sa longueur. Il n’en reste plus grand chose hélas.

Poursuivant notre chemin, nous arrivons sur la Piazza Archimede, où se trouve la Fontana di Artemide (fontaine d’Artemis) , dessinée par l’architecte Giulio Moschetti , qui date de 1907. On y voit au centre Diane et son arc, la déesse de la chasse, protectrice de la ville d’Ortigia à l’époque. Plus bas, la nymphe Aretuse et le dieu Alphée. Le tableau est complété par quatre tritons et des hippocampes.

Nous arrivons ensuite sur la piazza del Duomo, où se trouve beaucoup de monde en cette fin d’après-midi. La majestueuse cathédrale la domine, le soleil lui donnant une couleur un peu rosée. Elle a été construite sur un site où se trouvaient déjà des temples grecs, l’un deux étant le temple d’Athena. Une partie des structures qui datent de cette époque ont d’ailleurs été ré-utilisées par les architectes de la cathédrale.

Endommagée par les tremblements de terre de 1542 et 1693, elle fut restaurée vers 1700 dans le style baroque, dont ne subsiste aujourd’hui que la façade, par Andrea Palma.

Nous pressons le pas en direction de la mer car nous ne voulons pas manquer le coucher du soleil …

Avant que les couleurs du ciel ne soient parfaites, on s’approche de la Fonte Aretusa, une fontaine naturelle circulaire en contrebas, entourée d’une balustrade. Des jeunes futurs mariés se font prendre en photo devant, il y a pas mal de monde tout autour. Selon la mythologie grecque, ce serait l’endroit où la nymphe Aréthuse (patronne de l’ancienne Syracuse) retourna sur terre après s’être échappée de sa maison sous l’eau en Arcadia. Elle se transforma en source après avoir été poursuivie par le Dieu fleuve Alphée, auquel elle se mêla finalement …. C’est un bel endroit, au centre de la fontaine poussent des bouquets de papyrus et un palmier …

Ça y est, le soleil file se coucher et après avoir admiré ce superbe spectacle, nous allons dîner dans un des restaurants de la presqu’île.

mais avant, on regarde les vitrines des pâtisseries ! Je vous conseille les amarettoni de la pasticceria Marciante (25 € le kg).

Pasticceria Marciante – Via Saverio Landolina 7/9 

Le lendemain, nous nous consacrons à la ville nouvelle, en empruntant pour commencer un bus rouge touristique, qui s’avérait plus pratique pour aller à notre destination. Nous étions un peu trop loin pour y aller à pied depuis notre logement …

Le mini-bus nous dépose non loin de la basilique Madonna delle Lacrime , (Madone des larmes) qui est donc une église catholique mais aussi un sanctuaire dédié à la Vierge Marie, édifié pour célébrer un petit miracle qui eut lieu en 1953, dans le foyer d’un jeune couple vivant à Syracuse. Une petite statue de plâtre représentant Marie s’est mise soudain à pleurer de vraies larmes, ceci à 58 reprises, ceci pendant trois jours. Ce miracle a été reconnu par l’Eglise, et on décida de construire un sanctuaire en 1957. La construction ne débuta qu’en 1966 … pour s’achever 28 ans plus tard, en 1994, avec une inauguration par le pape Jean-Paul II. Le retard dans les travaux a été causé par la découverte, lors de l’excavation pour réaliser les fondations, d’une zone d’habitations du VIème siècle avant J.C, ainsi que de la principale voie de communication du quartier d’Acradina.

La basilique est vraiment immense, avec un toit conique de plus de 94 mètres de haut, et une circonférence de 71 mètres. Ce sont des architectes français qui ont remporté le concours international lancé à l’époque, Michel Andrault et Pierre Parat (cabinet ANPAR). La capacité est de 11000 personnes debout (ou 6000 assises), rien que ça !

L’autel est réalisé en marbre blanc et en pierre de Modica. Comme vous le voyez sur la photo ci-dessous à gauche, il est surmonté de l’effigie miraculeuse de la madone, ainsi que d’un Christ sur la croix (du XVIIIème siècle).

Voici une photographie de la madone au moment de l’évènement expliqué plus haut.

On accède ensuite par des escalier au niveau de la crypte, sous la basilique. Là aussi les fidèles peuvent se réunir, il y a un autel et une fiole qui contient quelques larmes de ladite madone. La crypte est entourée de chapelles, on peut y voir aussi une colleciton d’ex-voto, mais ce qui nous a le plus intéressés ce sont les vestiges découverts lors de la construction, un hypogée (tombe) de l’antiquité tardive.

Comme à Lourdes, et la plupart des sites « miraculeux », des vitrines contiennent des béquilles, corsets et autres appareillages ou prothèses de personnes qui se sont retrouvées guéries après leur visite.

Basilique Madonna delle lacrime – Via del Santuario, 33 (entrée libre)

Le musée archéologique régional Paolo Orsi se situe en face de la basilique aussi il serait dommage de ne pas y faire un tour. Il est vraiment intéressant et on y voit abondance de vestiges historiques, couvrant les périodes de la préhistoire à la colonisation grecque et trouvés à Syracuse et les environs. L’organisation des expositions se fait en trois sections distinctes : la préhistoire sicilienne, la région de Syracuse et le reste de la Sicile (Gela, Agrigente autres colonies hellénistiques).

Il fut inauguré en 1988 et remplace celui qui était installé à Ortigia, devenu trop vieux et trop petit.

La collection d’objets, sculptures, céramiques, est vraiment impressionnante, et sont les témoins de civilisations passées ; c’est l’une des plus riches de toute la Sicile.

Musée archéologique régional Paolo Orsi – Viale Teocrito, 66 – Tarif adultes : 8 €

Par le viale Augusto, nous arrivons dans l’ancien quartier de Tyche où se trouve l’église San Giovanni Evangelista, ou ce qu’il en reste. En fait les ruines se dressent à ciel ouvert, au dessus de la crypte saint Marcien, qui était l’un des premiers martyrs (IVe siècle). Cette église byzantine fut détruite par un tremblement de terre et fut reprise par les Normands.

Le portique précédant la façade (photo ci-dessous) a été reconstitué avec des matériaux du XVème siècle.

Par la même occasion, nous allons voir les catacombes situées au même endroit, sous l’église. Il s’agit de galeries creusées dans une solide couche de roche calcaire, qui sont construites autour de la tombe de saint Marcien, s’organisant autour d’un axe principal rectiligne, d’où partent des galeries secondaires …. je n’aimerais pas m’y perdre !!! En fait les sépultures sont dans des niches surmontées d’un arc (arcosolium)  qui sont disposées le long des murs ; on pouvait y mettre jusqu’à trente corps.

Catacombes – visite guidée uniquement, durée 30 minutes

Si vous venez à Syracuse et êtes amateur d’histoire antique, je vous recommande de visiter le Parc Archéologique de Neapolis ;

Je vous conseille de faire un petit stop à l’entrée, dans l’Eglise San Nicolò, où se trouve désormais un centre d’informations touristiques.

L’ Anfiteatro Romano (1er et IIIème siècle après J.C.) est à peine plus petit que celui de Vérone, construit dans la roche. On y distingue au centre le tunnel destiné au passage des fauves ainsi que le promenoir, et plus haut la loge impériale. Hélas les espagnols ont détruit une grande partie du site au XVIème siècle, en utilisant les pierres de l’amphithéâtre pour construire les remparts d’Ortigia.

On découvre ensuite l’Ara di Gerone II (IIIème siècle avant J.C.) ou autel de Hiéron II, qui date du IIIème siècle avant J.C. Celui-ci était destiné aux sacrifices, et il était vraiment très long (198 mètres ! Le tyran pouvait sacrifier plus de 450 boeufs en même temps pour demander l’aide des dieux …

Juste au dessus du théâtre grec, en terrasse supérieure, se trouve la fontaine de la Nymphée ; je n’ai hélas pas trop de détails sur celle-ci.

Il reste peu de chose du Teatro Greco (Vème siècle avant J.C.), entièrement creusé dans la roche, mais c’est pourtant le plus vaste de tous ceux que nous a légué le monde grec. 15000 spectateurs pouvaient prendre place sur les 66 rangées de gradins, il y avait même des portiques qui protégeaient le public des intempéries.

Les romains l’ont modifié pour l’adapter aux combats de gladiateurs, l’orchestre est élargi et transformé en arène … mais il a aussi servi de carrière pour la construction des fortifications de la ville.

De plus il est défiguré par des structures en bois, qui permettent de recevoir le public, pour des spectacles qui cependant sont paraît-il d’une grande qualité, comme le festival annuel de théâtre classique, qui a lieu à la fin du printemps.

Les carrières de calcaire Latomia del paradiso ou jardin du paradis ont fourni les pierres qui servaient à construire la cité, ce depuis l’époque grecque. On y trouve de nombreuses grottes et citronniers, oliviers …. on y garda même prisonniers 7000 Athéniens capturés en 413 avant J.C.

Voici l’entrée de la Grota dei Cordari, dans la latomée du paradis, qui correspond avec celle que je vous montre juste après. Elle fut baptisée ainsi car les fabricants de corde s’y étaient installés pour exercer leur artisanat. Elle était hélas fermée lors de notre passage, peut-être pour de bon.

… mais voici la plus réputée, l’oreille de Denys ou orecchio di Dionisio ; rien à voir avec Dionysos le dieu de la vigne. On parle bien ici de Denys, le tyran grec. Si l’entrée de cette grotte peut rappeler en effet la forme d’une oreille, c’est surtout parce que la légende raconte que Denys se postait au sommet de la carrière, et se servait de l’acoustique quasi parfaite pour espionner ses prisonniers à l’intérieur, écouter ce qu’ils disaient.

Comme vous le voyez, les dimensions de cette grotte sont impressionnantes : 23 mètres de haut, 11 mètres de large et 65 mètres de profondeur. Le personnage sur ma photo vous en donne l’échelle !

Parc Archéologique de Neapolis – Viale Paradiso 14 – Tarif 10 € (musée archéologique compris)

Si vous êtes encore avides de découverte, vous pouvez reprendre la voiture et aller voir la Source de Cyané (fonte Ciane), les départs se font en barques depuis l’appontement du foro italico.

Nous avons terminé notre journée en retournant flâner un peu vers Ortigia, et profiter de la belle promenade sur le bord de mer. Locaux et touristes profitaient du soleil sur les grandes pierres plates, près de l’eau parfois turquoise et translucide …

Nous avons aussi pris un petit verre dans ce café de fortune aménagé sur les rochers :

Où dormir ?

Nous avons été très bien reçus à notre logement Mar Love, notre chambre donnait directement sur la mer … seul bémol, pas de petit-déjeuner servi sur place, mais un bon à valoir dans un café un peu plus haut dans la rue, dont le composition nous a un peu déçus.

B&B MAR LOVE – Riviera Dionisio il Grande, 76/A

Où manger ?

Nous avons diné à Ortigia le premier soir, difficile de choisir car il faut bien l’avouer il n’y a quasiment que des restaurants pour touristes … spaghetti alle vongole (aux palourdes), pasta al ragu, nos plats étaient bien bons mais l’attente un peu longue, beaucoup de monde en terrasse et pas assez de serveurs.

Trattoria Kalliope – Via del Consiglio Reginale, Corte Degli Avolio, 4

J’espère que ce récit de notre séjour à Syracuse vous a plu, vous pouvez lire ou relire mes autres articles sur notre roadtrip en Sicile. Et comme d’habitude, vous pouvez épingler ce post sur Pinterest !