Street art Vitry-sur-Seine

Il était temps de vous montrer quelques unes des fresques de street art que j’ai pu voir avec ma comparse Virginie lors d’un voyage plus tellement récent à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. C’est un petit paradis pour l’art de rue, où de nombreux graffiti sauvages sont disséminés dans toute la ville.

C’est Christian Guémy, qui, s’installant à Vitry en 2008 pour se rapprocher de sa fille, remarque que même de vieux graffiti étaient toujours visibles sur les murs, et que la ville ne les nettoyait pas, une politique bien différente de celle de la ville de Paris. Il a donc fabriqué de nombreux pochoirs et déposé ses dessins un peu partout pendant tout l’été. Loin d’être réprimandé par la municipalité, il a été encouragé à continuer, et cela a mené à l’organisation de « Vitryjams », où l’artiste en invitait d’autres, pour peindre de concert sur tous les murs.

Après 2014, C215 a passé la main à l’association Vitry’n Urbaine (présidée par Jean-Philippe Trigla) pour gérer ce mouvement, valoriser l’art urbain contemporain dans Vitry, et garder un dynamisme de création et d’animation du graffiti, à travers des évènements, visites guidées (ou plutôt « balades urbaines »), recherche de murs disponibles, mise à disposition de matériel et de peinture, etc …

Pour mieux organiser votre visite, je vous conseille de visiter les sites / applications de Vitry’n Urbaine , street art cities, street heart ou encore trompe-l’oeil info qui vous aideront à localiser, identifier les oeuvres.

La première murale que nous voyons, juste en sortant de la gare RER, c’est ce drôle de bonhomme avec béret et baguette, par Pixel Pancho , un turinois qui aime bien peindre des robots …

Il était venu au printemps 2010 pour participer à l’un des premiers jams organisé par C215 à Vitry, réalisant ce personnage typiquement français, mais il a aussi fait d’autres dessins, comme ceux ci-dessous, un petit graffiti en hauteur qui représente une lampe-robot qui doit s’éclairer lorsqu’on branche la prise, et une fresque plus grande, sur le rideau de fer d’un garagiste, avenue de la République, où un petit personnage mi-robot mi-humain lance des petites voitures vers un gros robot.

Je n’ai pas trouvé d’informations sur 53i23 qui semble avoir signé cette fresque aux couleurs vives qui se trouve près de la gare et du lycée Jean Macé …

Bim ! Une des premières fresques n’est pas par un inconnu … c’est carrément Finbarr Dac l’irlandais plus connu sous le pseudo FinDac qui a signé cette jolie geisha à l’expression mélancolique, sur ce portail métallique. Rappelez-vous, il était présent à la première édition du festival Peinture Fraîche à Lyon. Ce dessin date de 2014 et je trouve que son style a beaucoup évolué depuis, même s’il reste dans la même thématique … Nous descendons l’avenue Couturier avec des étoiles dans les yeux, ne sachant où donner de la tête …

Il n’est pas étonnant, si vous avez lu mon préambule, que l’artiste C215 soit omniprésent à Vitry : impossible de mettre ici dans cet article tous les dessins rencontrés, j’ai fait une petite sélection … sans oublier les fameuses boîtes aux lettres, propriété du service des postes, qu’il a pu peindre en entier pour la première fois. La cote de l’artiste s’étant envolée, une de ces boîtes a même été volée dans le 7ème arrondissement de Paris en mai 2019, elle était peinte en l’hommage des soldats français de 14-18 ; elle représentait des figures de zouaves, poilus et tirailleurs. Je crois qu’on n’a jamais retrouvé celle-ci, qu’il avait réalisée dans le cadre d’une expo caritative (« Cent ans après ») au musée de la légion d’honneur, censée lever des fonds pour les orphelins de l’armée.

Nous avons pu voir aussi quelques oeuvres récentes de l’artiste, car il était revenu début 2017 pour une exposition dans sa ville, dont il a profité pour ajouter des dessins sur les murs, visibles de tous … avec une thématique, les sportifs. Par exemple, place Jean Martin, ce portrait d’Alain Bernard, qui a battu le record du monde du 100 mètres nage libre en demi-finale des championnats d’Europe, puis devenu champion olympique plus tard. Cette expérience sera réitérée à Nice de février à Mai 2017, au musée national du sport, où il avait carte blanche, faisant la part belle aux sportifs français, mais pas que.

Le graffeur néerlandais Iamfake a laissé sur un mur ce duo singulier où un jeune garçon cache un bouquet de fleurs dans son dos, tandis que la petite fille cache une batte de base-ball à piques … il a décliné ce type d’ombre chinoise avec plusieurs fonds différents. Son dernier dessin représentant une infirmière portant un masque avec le logo « Superman » a fait le tour du monde, dans le contexte du Covid-19 …. les soignants étant tous des super héros pendant cette crise sanitaire majeure. Il a même été partagé par ObeyGiant lui-même sur son compte instagram !

Sur un portail métallique, je suis interpellée par ces créatures style zombies, peintes par un artiste britannique, Joseph Loughborough … passionné aussi par la culture skateboard, il représente souvent des personnages assez sombres (mais avec parfois des touches de couleur) et après avoir vécu à Paris puis à Berlin, il est installé désormais à Londres.

C’est plutôt une surprise de retrouver la sobriété des oiseaux de Roa ici, mais on s’en réjouit tout de même. L’artiste gantois reste fidèle ici à son dessins noir et blanc hyper précis, comme vu à Odense au Danemark.

Sur la place Jean Martin, on trouve beaucoup de C215 mais aussi d’autres artistes, comme Claire Pinatel , graphiste et illustratrice basée au nord de Strasbourg.

Une autre artiste que j’aime beaucoup, Alice Pasquini, a laissé plusieurs dessins dans la ville … toujours de beaux portraits, comme à Londres par exemple.

Restons avec les artistes féminines, et la talentueuse Kashink dont j’aime beaucoup le travail, très reconnaissable, avec souvent une double paire d’yeux, ce qui est assez dérangeant.

Je crois que ma fresque préférée dans cette cour d’immeuble place Jean Martin est celle d’ALEX, qui signe le plus souvent sous le nom d’Akhine (son nom d’artiste en galerie). Ce portrait de Mike Tyson en posture « penseur de Rodin » est très réaliste. Ce parisien est très attiré par le dessin, le rap, la culture hip-hop et le graffiti new-yorkais, et il travaille souvent avec Seyb qui fait partie comme lui du MAC Crew et du 3HC Crew. On voit ici par exemple le lettrage en couleurs servir de fond au portrait et le mettre en valeur.

Hopnn (aka Youri Rumagnoli) est un passionné de vélo ; il signe ici un beau tableau écologique et romantique, où le rouge est de rigueur ! Il était intervenu dans la tour Paris XIII , que je n’ai hélas pas vue … Outre son métier d’illustrateur, il signe aussi des oeuvres à ciel ouvert, à Vitry comme ailleurs en Europe. Hopnn est la version écrite en cyrillique de son prénom Youri ; cet italien est maintenant installé à Paris, où il pose ses personnages et ses vélos rouge et blanc !

Avenue André Maginot, je découvre une artiste que je ne connaissais pas, Indigo , qui est une canadienne installée au Cap en Afrique du Sud. Elle est pétrie de talent, puisqu’elle maîtrise la danse, la photographie, mais aussi l’écriture ou le pochoir. Depuis 2008, elle a recentré ses activités vers le visuel, s’intéressant principalement à l’art dans les espaces publics.
De son passage en France en 2011, quelques fresques sont toujours visibles dans les rues de Vitry. Celle-ci est visible sur un mur investi où sont peints de nombreux portraits par C215. Instants de tous les jours, passants dans la rue, sont ses thèmes favoris, qu’elle traite avec toujours beaucoup de poésie.

Avenue de l’Abbé Roger Derry, nous arrivons ensuite sur un spot avec de nombreux murs décorés, c’est l’occasion à nouveau de découvrir certains artistes inconnus pour moi, comme Vusuel ci-dessous. Il fait pas mal de calligraphie, mais place aussi des petits personnages colorés dans des situations parfois satyriques comme ici où il critique l’omniprésence des écrans dans notre vie quotidienne.

ou encore l’artiste brésilienne Drika Chagas un peu plus loin … Elle est originaire de Belém et signe ici un beau portrait de femme au cou tatoué, portant un curieux chapeau, et de nombreux colliers et lanières sur le buste.

Ce coin est une vraie mine d’or puisqu’on y retrouve (avec joie) un dessin du collectif lyonnais Birdy Kids, Photobomb assuré par monsieur chat ! Le knar (revendiqué par Pec-1) a pris la forme d’un petit beurre Lu semble-t’il !

Enfin, trois oeuvres que j’ai beaucoup aimées, il y en a une cependant pour laquelle je n’ai pas retrouvé l’auteur, cette drôle de carte de Vitry, en couleurs vives ..

A gauche, un portrait of Djamel assez saisissant peint par « JDL » ou Judith de Leew , une jeune femme basée à Amsterdam, qui est intervenue sur LeMur à Epinal dans les Vosges récemment, et dont vous avez peut-être vu les fresques à la Défense aussi. Elle travaille toujours en couleurs noir, blanc ou gris. Au centre, un plan urbain coloré par l’enfant de Vitry, Serge Bacheré, et à droite vous aurez reconnu peut-être SteW, qui a déposé ses beaux oiseaux au jardin perché situé sur le toit du parking de l’Auchan Caluire en début d’été 2019.

J’ai vu peu de fresques abstraites à Vitry, mais celle-ci est fort belle, elle est d’une artiste allemande, MadC (Claudia Walde). Ces grands coups de pinceaux qui se croisent font naître de nouvelles teintes …. Une de ses oeuvres majeures est le 700-wall (en fait il fait 639 m²)  qui s’étend le long de la ligne ferroviaire entre Berlin et Halle (d’ailleurs je vous prépare un article sur le street art à Halle, en ligne prochainement). Elle a mis quatre mois à la peindre !

Finalement j’ai vu beaucoup d’oeuvres de femmes à Vitry ! J’étais contente de retrouver Zabou, qui vit maintenant à Londres, mais passe toujours de temps en temps à Paris ou en région parisienne pour déposer ses portraits … ici celui d’ Edith Piaf jeune …

Un autre portrait féminin, peint par Andrew Wallas en collaboration avec Kristx, mais très différent et bien plus coloré, rue Antoine-Marie Colin, hélas avec quelques poubelles devant. « Santa Muerte » est une figure d’un mouvement religieux mexicain, rejeté bien sûr par les catholiques ou les autres églises … J’avais pu voir une des chambres de l’hôtel 128 à Street Art City décorée par Kristx.

Il y a peu de grandes fresques à Vitry, aussi il ne faut pas manquer les immenses guerriers Bantus peints par Kouka sur les côtés de ces grands immeubles. Kouka Ntadi, de son nom complet, est un artiste franco-congolais qui vit à Paris, après avoir fait l’école des Beaux-Arts d’Avignon. Ces fresques ont été réalisées en 2014, vous les verrez en remontant l’avenue Henri-Barbusse jusqu’au Mac-Val.

Terminons cette balade street art à Vitry par cette jolie place ombragée, où nous découvrons une collaboration entre les artistes Mantra et Takt , (du crew 3HC, graffiti artiste mais aussi architecte) . Mantra est davantage connu pour ses boîtes de papillons épinglés, en 3D … comme il a peint par exemple au Groupama Stadium près de Lyon dans la Offside Gallery .

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