Après mon voyage pour découvrir le street art à Rennes , je me suis rendue à Vannes mais avant de vous en parler, je tenais à vous montrer deux endroits où j’ai fait un petit stop, dans le pays de Redon, On y trouve en effet des friches qui sont le terrain de jeu idéal pour les adeptes d’art urbain qui y déposent de superbes fresques, fréquemment renouvelées.
Commençons par Saint-Nicolas de Redon (en Loire-Atlantique) et le spot incontournable de la friche du site du transformateur,
Au XVIIe siècle, les chantiers de construction navale fleurissent dans le port de Redon et à la Digue, à Saint-Nicolas-de-Redon.
Au milieu du XIXe siècle, l’activité périclite et laisse place à l’industrie du bois, notamment du pin maritime. Ce bois devient la matière première des scieries. En 1891, l’usine qui fabrique du tannin à partir de l’écorce de châtaignier pour l’industrie du cuir, est mise en service. L’activité s’arrête en 1931. Différentes sociétés se succèdent sur l’actuel site du Transformateur : les scieries Migaud et Pailhoux, Cahours et Cie, Renaud Machines à bois puis Sébilleau qui produisent alors caisses, parquets, manches à balais, casiers à bouteilles, etc. Ces activités, concurrencées par le plastique, déclinent à partir des années 1960, les dernières industries ferment leurs portes dans les années 90. Les entreprises Lecoq rachètent le site en 1994 pour en faire un entrepôt. L’activité est menacée par les inondations successives en 1995, 2000, 2001. Suite à ces événements naturels, il s’avère que le site présente un risque élevé pour les personnes et les biens et la Préfecture prononce une décision d’évacuation des activités industrielles.
Le Département de Loire Atlantique rachète le site en 2001, avec pour objectif de le requalifier en zone d’expansion des crues et de laisser la nature le reconquérir.
Une association a même été créée et se charge de faire vivre cette friche, en organisant des visites ou menant une action expérimentale de retour à la nature maîtrisé. Dans ce cadre, des portes ouvertes sont organisées régulièrement, et les visiteurs peuvent découvrir ce qui se cache ici …. car non, il n’y a pas que du street art !! Cet ancien espace industriel est classé Espace Naturel Sensible, situé entre l’espace urbain et les marais du Pays de Redon. Ruches, potager, plantation d’osier et même un troupeau de vaches occupent désormais ce vaste terrain.
Toutes les infos ⇒ http://le-transformateur.fr/
L’artiste le plus présent ici est Jef Graffik, qui signe de nombreux portraits, surtout féminins. Ils sont parfois agrémentés d’une série de chiffres commençant par « 123 … » dont je ne connais pas la signification.
Différents bâtiment abandonnés jalonnent la friche, celui-ci étant près de l’entrée. Sur le mur de droite sur la photo ci-dessous, sur fond rouge, l’oeuvre est de Michael Husser aka Mika (et à droite de Jef Graffik). Cet artiste est né en Alsace mais a vécu pendant quatre ans en Nouvelle-Calédonie. Passionné de dessin depuis son plus jeune âge, il est devenu un graphiste et illustrateur free-lance, puis a commencé à peindre sur des murs, des sujets plus grands. Son autre passion : le BMX, ce depuis son adolescence ; il travaille d’ailleurs pour une marque de ce secteur en tant que graphiste. Si vous vous dépêchez, vous pourrez voir l’un des anciens bureaux de la DDE à Vannes, qu’il a investi pour le projet le DéDalE .
Je ne suis pas certaine que l’oeuvre ci-dessous est de Jef Graffik. A votre avis ?
Je vous avais montré des fresques de WAR! dans mon article street art à Rennes. J’étais contente de le retrouver ici à Saint-Nicolas de Redon, sur le pignon d’une des maisons en limite de la friche. Cette fois-ci l’artiste a représenté un animal marin, une araignée de mer …
Ci-dessous à droite, un autre portrait de Jef Graffik. La mousse envahit le sol de l’ancienne usine …
Certaines machines sont restées sur place, tandis que la végétation s’immisce ici et là dans la pièce.
Mais oui, il est partout ! Le regard de ces belles jeunes femmes nous suit partout dans la friche … (Jef Graffik)
Voici encore un portrait de femme, mais cette fois-ci c’est Liam Decay aka La Rouille qui en est l’auteur, artiste autodidacte venu à la peinture sur le tard. Il paraît que cette oeuvre date de ses débuts (2015 ?), une madone qui tend la tête vers le ciel, aux contours estompés, lui donnant un côté énigmatique, on dirait un fantôme. L’artiste, dont le pseudo vient de sa couleur de cheveux, reste très discret mais en cherchant bien j’ai fini par trouver qu’il était tout de même présent sur Instagram. Il n’a pas une formation artistique et refuse les étiquettes ou de faire partie d’un milieu « street art »; né à Chambéry, il est installé à Caluire mais je vois peu de ses dessins en région lyonnaise, je ne vais peut-être pas aux bons endroits ?
Je n’ai pas trouvé le nom de l’artiste qui a peint ces jolies volutes bleu et jaune ; les mêmes se trouvaient au fond du portrait de la jeune femme aux cheveux bleus montré un peu plus haut.
Un peu plus loin sur l’observatoire, on retrouve WAR! avec cette fois-ci un poisson … la fresque a l’air assez ancienne.
Voici une fresque bien caustique à l’égard de Cyril Hanouna et de son type de « culture » télévisuelle, signée Lagorafob . Le message est clair : « Tous les jours, nourrissez votre cerveau avec la télévision française ! » … il montre l’animateur tenant un cerveau dans sa main, l’arrosant de ketchup.
Non loin, et pas du tout dans son style habituel, on retrouve Jef Graffik, (peut-être avec Krapados ?) pour un dessin lui aussi critique, où l’on reconnaît les gilets jaunes, Emmanuel Macron, et un personnage symbolisant le grand capital.
Inutile de vous indiquer le nom de l’artiste qui a oeuvré sur les photos ci-dessous …. 😉
Je reprends ma voiture et j’arrive à Redon, me garant le long de la « La Halle Garnier » un énorme bâtiment loti entre la Vilaine et le port de plaisance, avec une capitainerie. Les murs de cette immense halle qui s’étendent sur plusieurs centaines de mètres sont progressivement devenus une véritable galerie d’exposition des graffeurs locaux et des leurs invités. La galerie est en perpétuelle transformation, mais les œuvres y sont respectées et peuvent rester en place plusieurs années. Ces entrepôts Garnier, portent le nom de l’usine qui fabriquait des machines agricoles avant de fermer en 1980.
Hélas d’après ce que j’ai pu lire, il semblerait cependant que cette halle soit amenée à être détruite dans un proche avenir … avec le projet Confluences 2030, les quartiers portuaires seront bientôt redessinés
Commençons par le passage Chet Baker, du côté du parking du Cinéma Manivel, aux multiples fresques, très différentes, où se trouve aussi un petit skate park. On reconnaît deux portraits représentant Frida Kahlo, l’un de 2016 (celui avec un cercle en arrière-plan, avec du rouge et du violet), et un plus récent (2018), toujours du même artiste Jef Graffik.
Je découvre ici les Oides, ces petits bonshommes bleus imaginés par Charles Cantin, de Saint-Nazaire, il y a trois ans (les Oides ce sont les doigts en verlan)
Ce sont des personnages gentils, familiaux, qui séduisent aussi bien les petits que les grands.
Cette fresque de Redon nous montre le coffre-fort de Picsou qui est devenu le terrain de jeu des Oides. Le personnage masqué en bas à droite serait de Jef Graffik. Vous les retrouverez également au DéDalE de Vannes.
Ce singe impressionnant n’est qu’un détail d’une grande fresque à laquelle a participé le collectif Moker Crew (qui fait plutôt du lettrage) ; hélas il n’y a guère de signatures …
la ZAD « Zone A Défendre » est devenue « zone à dessiner » et s’affiche et revendique aussi son côté nature, avec un joli triton … Visiblement beaucoup d’habitants ne souhaitent pas que ces anciens bâtiments soient détruits et surtout qu’on y construise des immeubles … ils se sont d’ailleurs regroupés en collectif pour défendre le lieu.
On l’avait vu à Rennes, le travail de Lélé … après ses études, il est parti plusieurs années en Amérique du Sud, c’est là qu’a commencé son amour pour les singes. Celui-ci est impressionnant dans son habit de cosmonaute !
Toujours sur le passage Chet Baker, au bout du mur, une grande fresque intitulée « Solidaires » (2018), avec un personnage au centre. Il s’agit de Yaya Diallo, un guinéen de 19 ans qui était menacé d’expulsion du territoire français, et qui devait retourner dans un camp de réfugiés en Italie. Plus de 1500 signatures ont été récoltées suite à la pétition qui a circulé, en soutien au jeune homme qui suivait une formation de maçon. C’est Diaspora Crew, collectif d’artistes bretons créé en 2014 par deux graffeurs lorientais, Kaz et Ezra, qui l’a réalisée. Si vous lisez mon article sur le DéDalE , vous verrez leur fresque « Fuck Monsanto », très impressionnante. Leur démarche artistique est basée sur la performance, l’originalité et la qualité technique, regroupant des artistes de Brest, Lorient, Saint-Brieuc, Vannes et Rennes.
Rejoignons le Quai Jean Bart pour d’autres fresques … hélas trois fois hélas je n’ai pas vu de nom pour celle-ci qui se détache du lot, par son style et sa thématique …
Jef s’est ici inspiré d’une BD anglaise dont l’héroïne est Tank Girl. J’avoue que je ne connais pas cette bande dessinée, mais le portrait est fort réussi.
Artistes inconnus pour le dessin ci-dessous, un peu futuriste …
Cette pièce a été peinte en vue des élections présidentielles de 2017. Le texte était : « 2017 : Votez pour un con ». Le slogan fut effacé, alors l’artiste a modifié le slogan en « Votez pour un con … fictif » et a ajouté une bulle au personnage disant « Putain cong ! ». Pour l’instant il ne reste que cette dernière ! Cela change des portraits féminins auquel son auteur nous avait habitués … (oui …. toujours Jef !)
Voici un dernier Jef Graffik avant de quitter Redon …
J’étais ravie de découvrir ces lieux aux fresques très variées en styles … et je vous donne rendez-vous très prochainement pour vous montrer le DéDalE de Vannes !
5 réponses sur « Street art en pays de Redon »
tu déniches toujours du street art à des endroits improbables ! well done miss !
Il y a des fresques vraiment canon, j’espère qu’elles vont rester …
J’adore, j’adore, j’adore! Je n’ai pas encore pris le temps d’aller à Saint-Nicolas mais le spot à Redon est une véritable petite pépite! Les fresques sont trop chouettes et le cadre est des plus sympas!
Bonjour,
Je souhaite savoir si le site du transformateur à St Nicolas de Redon est ouvert au public, peut-on y accéder quand on veut ? Ou y-a-t’il des horaires d’ouverture ?
Par avance merci de votre réponse
Bien cordialement
Chiristine
bonjour, quand j’y suis allée il n’y avait pas de problème pour entrer librement, sans horaires, j’espère que ça n’a pas changé. Bonne visite !