Ce jour-là j’ai pris la ligne de métro « Q », comme je l’avais déjà fait, mais cette fois-ci je suis allée jusqu’au terminus, plein sud, arrêt « Coney Island ». Ces mots résonnaient en moi comme un doux rêve, je ne sais pas trop pourquoi, cela faisait longtemps que les photos de ce parc d’attractions et cette longue plage me faisaient rêver. Je n’imaginais donc pas un voyage à Brooklyn sans explorer cette partie de l’arrondissement.
Je suis loin d’avoir le talent du photographe Craig Easton, dont j’avais adoré la série qu’il avait réalisée là-bas. Mais j’ai fait de mon mieux 😉
Sortie du métro, les lettres accrochées se détachent de l’ouverture, un « L » un peu de travers, ça y est, j’y suis !
CONEY ISLAND
Le parc a fermé au public le week-end précédent, ça m’est un peu égal, je n’ai jamais aimé les grands huit ni la barbapapa ; il rouvrira au mois d’avril, seulement les week-ends, puis pendant la saison estivale même en semaine. Il y a tout de même des promeneurs, et surtout Nathan et ses hot dogs toujours ouvert.
C’est là que se déroule d’ailleurs le concours de celui qui mangera le plus grand nombre de ces sandwiches à la saucisse. On peut voir sur le tableau lumineux les scores des deux gagnants : Sonya Thomas 45 hot dogs, et Joey Chestnut, 74 !!! Cette compétition se déroule le 4 juillet, jour de fête nationale américaine.
Je me contente donc d’admirer la hauteur et les courbes vertigineuses du Thunderbolt , ce roller-coaster qui reprend le nom de l’ancien grand huit en bois qui a fait hurler d’effroi de nombreux passagers entre 1925 et 1982 (et rasé en 2000). Celui-ci n’en a gardé que le nom, il est bien sûr en acier et son tracé est complètement différent. Il y a un autre roller-coaster sur le site, le Cyclone, construit en 1927, et toujours debout. Le troisième, nommé « The tornado ride« , démonté en 1978 après avoir été endommagé par une tempête.
Voici la structure du « Parachute Jump », qui ne fonctionne plus depuis 1964, année où le parc a fermé … pour ne réouvrir qu’en 2010.
Voici à quoi cela ressemblait lorsqu’il était en fonctionnement (photo du site Carousel’s History). Maintenant il est tout de même allumé la nuit ! Les courageux montaient au sommet de la tour puis, sur une nacelle tenue par des filins, tombaient dans le vide avec un parachute ouvert.
Au bout de la promenade (boardwalk) côté ouest, un bâtiment au style hispanique attire mon regard : il s’agit du Ford amphitheater. On y donne des spectacles de tous genres, concerts, cinéma, …. à ciel ouvert. Heureusement il y a un toit qui peut se mettre en place en cas de pluie. La construction est récente mais sur ce même site se trouvait un restaurant, le « Childs restaurant » (1923), dont il a repris la structure principale …. et le style, avec ces médaillons style renaissance espagnole. Le restaurant ayant fermé en 1952, les murs ont hébergé une confiserie pendant 50 ans, puis laissés à l’abandon après sa fermeture. Cette salle de spectacle a ouvert en été 2016 et je trouve vraiment bien que le décor extérieur d’origine a été conservé … c’est grâce à la municipalité de Coney Island, qui a décrété le bâtiment comme « historique » (landmark) en 2002.
Quelle jolie fresque à l’entrée du parc Deno, sur Valerio’s Way, un portrait de sirène qui reprend les symboles du parc : coquillages sur le front qui évoquent le bord de mer, le Thunderbolt et le Cyclone, mais aussi le Parachute Jump en guise de couronne. Bravo Danielle Mastrion pour ce mur hommage, si coloré, qui retrace l’histoire de Coney Island.
Le parc Deno offre aux visiteurs 5 atractions pour adultes et 16 pour les enfants, la grande roue « Wonder Wheel » étant la vedette, une vieille dame construite en 1920.
Pas très loin, sur la promenade, elle a également peint ce magnifique poisson pour l’aquarium, qui nous alerte sur la quantité de plastique qui se trouve dans les océans. A l’arrière-plan, la Wonder Wheel , qui mesure près de 46 mètres de haut.
Je reviens sur mes pas, toujours sur promenade Riegelmann (qu’on appelle plutôt Coney Island boardwalk), le long du Coney Island channel. Je prends place dans la file d’attente devant le comptoir de Nathan’s famous qui donne côté plage ; il fait froid et le vent est glacial, mais ici pas le choix on mange dehors 😉 sur les quelques tables installées. Mon hot dog et mes frites sont vite englouties, et je prends la photo rapidement aussi car les mouettes sont à l’affût et profitent du moindre moment d’inattention pour chaparder le déjeuner des promeneurs distraits. Un seul me suffira, je suis loin du record dont je vous ai parlé en début d’article. Les frites étaient bonnes, le hot dog que j’ai pris était le basique, mais le pain était moelleux et la saucisse parfaite. Ce n’est pas énorme comme portion mais suffisant pour moi. Un présentoir à l’extérieur en libre-service avec de gros bidons pressoir permet aux clients de se servir en ketchup, moutarde, mayo ….
C’est Nathan Handwerker et son épouse Ida qui ont lancé leur premier restaurant ici à Coney Island en 1916 (là où vous voyez le grand panneau Nathan’s Original, à l’angle de Stillwell avenue et Surf avenue). Ce couple d’immigrants juifs a investi toutes ses économies dans celui-ci, grâce à la recette d’Ida et de sa grand-mère. Vendant le hot dog à 5 cents au lieu de 10 cents pour son concurrent et premier employeur Feltman, le succès fut immédiat et à l’aide de leur fils Murray, d’autres restaurants furent ouverts, lançant une véritable chaîne populaire, en propre ou en franchise. La famille Handwerker a vendu son affaire en 1987 à une autre société, mais la marque existe toujours ! A posteriori je regrette de ne pas être allée dans le restaurant original, ce sera pour la prochaine fois. Il est ouvert tous les jours de l’année ! Pour la petite histoire il n’a fermé qu’une seule fois et pour une raison hélas incontrôlable : l’ouragan Sandy … fin octobre 2012. Il a réouvert quelques mois plus tard, après quelques travaux.
Si vous passez trop tard l’après-midi sur le bord de mer et que ce stand est fermé, n’oubliez pas cet autre restaurant (l’original) près du métro, ouvert toute la journée, qui satisfera votre envie de hot dog !
J’aimerais bien aussi tester les lobster rolls de chez Paul’s daughter. C’est l’un des stands les plus anciens sur le boardwalk, tenu maintenant par la fille du propriétaire, Paul, qui a créé l’enseigne avec un associé, Gregory, en 1962, sous le nom « Gregory and Paul’s ».
L’ aquarium de New York est également une des principaux endroits que vous pouvez visiter ici (ou pas). Etant contre les zoos, cirques et autres lieux où les animaux sont en captivité, je ne l’ai pas visité, si vous êtes intéressé par ce type d’attraction (il y aussi des spectacles avec des cétacés) je vous invite à consulter leur site internet.
J’ai eu la surprise de voir une équipe de tournage lorsque j’étais sur place. Aucun visage ne m’était familier hélas … mais le lieu a souvent été mis à l’honneur sur le petit et le grand écran !
CONEY ART WALLS
Vous ne vous y attendiez peut-être pas, mais oui, il est possible de voir du street art à Coney Island ! Des panneaux mobiles sont en effet disposés côté ouest du parc (3050 Stillwell Avenue), il y en a un peu plus de trente. C’est plus animé en été (jusqu’à septembre) mais lors de ma venue mi-octobre on pouvait les voir, je ne peux que féliciter ceux qui ont eu l’idée de ce projet CONEY ART WALLS , Joseph J. Sitt & Jeffrey Deitch. Cliquez sur ces 3 mots et sur le site vous verrez tous les artistes qui y ont participé, il y a de grands noms comme Alexis Diaz, D*Face ou Nychos.
J’en ai pris quelques uns en photo, en voici un aperçu : Creatures of Coney Past and Present, (2017) de Marie Roberts, originaire de Brooklyn. Pourquoi des lapins me direz-vous ? En fait coney est un synonyme de rabbit (lapin). Les premiers migrants néerlandais installés ici appelèrent donc ce lieu l’île aux lapins quand ils s’installèrent sur cette péninsule. Les autres animaux sauvages font allusion à ceux exposés en cage ou utilisés lors de spectacles. J’ai vu sur Pinterest une photo datant de 1905 montrant une procession d’éléphants richement décorés, avançant sur la promenade.
CrashOne (John Matos) et le collectif TatsCru « the mural kings » a peint ce mur « Welcome to Coney Art Walls » – Art, drinks, food, music. Fondé par Wilfredo “Bio” Feliciano on y retrouve aussi Nicer, How et Nosm, également originaires du Bronx, ainsi que Totem, originaire d’Atlanta.
Cette bannière « Spook-a-rama » fait allusion à l’un des manèges du parc Dino. C’est un manège obscur qui fait peur à ceux qui le traversent, avec plein de terrifiants personnages (squelettes, fantômes …) qui surgissent au détour d’un virage … Peint par Chris Daze Ellis (aka Daze) et le collectif Thrive (school murals), le personnage est un « Cycloptic Merman« , bien sûr ! Daze n’est pas un petit jeune, commençant par des graffiti sur les trains de New York dans les années 70 et 80, exposant aux côtés du célèbre Basquiat, disparu trop tôt, ou Keith Haring. C’est un peintre prolifique, dont les oeuvres sont collectionnées par des célébrités comme Madonna ou Eric Clapton, c’est dire …
Le collectif Thrive implique des jeunes étudiants dans la réalisation de fresques, celle-ci fut réalisée pendant l’été 2016. Si on regarde attentivement les petits dessins autour du personnage central, on y reconnaîtra le fameux hot dog, certains manèges, des poissons …
Apparemment gentils mais un peu inquiétants quand même, ces quatre personnages de Ron English : Otto Topsy, Grinnin’Mc, Grinnin’ mouse et B-Rex. Lequel préférez-vous ? Ce dessinateur est aussi créateur de jouets, qui l’eut cru ? J’ai vu qu’il avait participé à l’une des éditions du festival NuArt à Stavanger en Norvège.
Cocorico, l’artiste française Kashink est là aussi, avec ces quatre têtes un peu effrayantes ; son style est reconnaissable, avec des traits épais et des couleurs vives. Je me rappelle de son superbe mur représentant des gâteaux (nommé « 50 cakes of gay« ), vu à Montréal dans le quartier du Village gai. (oui je sais je n’ai toujours pas publié mon article sur le street art à Montréal, honte à moi !). Même si cette graffeuse vit à Paris, elle voyage beaucoup car elle est très sollicitée pour réaliser des murales un peu partout. Ce mur est plutôt bien conservé, puisqu’il date de 2015 – intitulé Memento Mori.
Je regrette beaucoup de ne pas avoir vu le Ronald Mac Donald peint par Nychos, il est vraiment terrifiant. (cherchez avec Google)
BRIGHTON BEACH
Si ce quartier n’a rien d’extraordinaire au niveau architectural, il est amusant de s’y promener quelques minutes pour se trouver transporté immédiatement dans un autre univers. En effet, Brighton Beach , est le quartier où de nombreux juifs d’Ukraine sont venus s’installer au début du XXème siècle, suite aux pogroms russes et aux persécutions nazies. Un bon nombre venaient d’Odessa, aussi ils ont donné ce surnom à leur nouveau foyer.
C’est une zone très commerçante, avec un nombre impressionnant de marchands de primeurs. Je n’en ai jamais vu autant au mètre carré ! Les étiquettes sont en russe, (en anglais aussi parfois), c’est ce qui fait le charme de cette promenade, c’est très dépaysant. Il y a beaucoup de personnes âgées, avec un déambulateur ou un petit chariot pour ranger leurs courses. Il paraît que la mafia russe s’est également installée ici, mais je vous rassure, en tous cas en journée, c’est parfaitement sûr et pépère.
En 1905 Brighton Beach avait elle aussi son parc d’attractions, qui s’appelait Brighton Pike, avec promenade, spectacles, manèges, grand huit … après un incendie en 1919 le parc été en grande partie détruit et n’a pas été reconstruit.
Dans un magasin, des livres d’enfant en russe …. on ne démarre jamais assez tôt l’apprentissage d’une langue !
Envie de rapporter une icône russe comme souvenir ? Why not !
Les élections des sénateurs étant proches, des affiches étaient collées sur les vitrines des magasins, incitant à voter pour le candidat David Krainert, le candidat républicain aux origines russes. (il sera hélas battu par la démocrate Diane Savino.
Astuce : si vous préférez commencer votre promenade par ce quartier, je vous conseille de descendre à Brighton Beach (ligne Q ou B).
→ Si vous avez plus de temps : visite de la brasserie Coney Island – 1904 Surf Avenue (attention c’est ouvert uniquement du jeudi au dimanche, l’après-midi. voir les horaires sur leur site)
Ne manquez pas mon prochain article (qui sera le dernier sur Brooklyn) consacré à Red Hook !
Voyage en collaboration avec XL Airways
XL AIRWAYS
Site Web : https://www.xl.com/fr
7 réponses sur « Coney Island et Brighton Beach »
chouette balade , à faire la prochaine fois que j’irais à New-York !
merci pour ton commentaire et bienvenue ici ! Je suis ravie de t’avoir fait un peu voyager !
J’adore te suivre pendant tes voyages aux Etats-Unis … on a l’impression d’être avec toi ! Continue !
merci c’est trop gentil !
Une ambiance tellement particulière….
j’ai adoré la journée passée là-bas, même s’il faisait un peu frais !
Que d’histoires à raconter sur ce parc ! C’est passionnant …