C’est avec une météo plutôt exécrable que je suis allée il y a quelques jours passer une journée dans le département de la Somme, pas très loin d’Amiens, pour découvrir l’avancement du chantier du futur Centre Sir John Monash près du village de Villers Bretonneux. Je n’ai pas connu de grand-père ou d’arrière grand-père ayant combattu pendant la première guerre mondiale mais je suis depuis toujours sensible aux récits de ceux qui ont vécu l’horreur de la guerre et je pense qu’il est important de ne pas oublier ceux qui se sont sacrifiés pour leur patrie ou comme ici une patrie alliée.
Nos souvenirs d’école sont peut-être loin ou le sujet n’a peut-être pas été abordé pendant nos cours d’histoire, mettant plus en avant la seconde guerre mondiale parfois. J’étais moi-même ignorante du fait que de nombreuses batailles avaient eu lieu dans la Picardie, et jusqu’en Belgique, contre les forces allemandes. Ce « front occidental » a fait de nombreuses victimes des deux côtés belligérants, et ce fut finalement la défaite pour l’Allemagne.
Mais revenons au sujet de cet article, et aux soldats australiens venus en France (l’Australie était britannique à l’époque je le rappelle). Entre mars 1916 et novembre 1918, ils étaient plus de 295 000 à servir au sein des Forces Impériales Australiennes, en France ou en Belgique. Ils furent 46 000 à y perdre la vie … (plus de 131 000 furent blessés) et c’est donc un Chemin de Mémoire qui leur rend hommage, un circuit aménagé par le gouvernement australien en partenariat avec les autorités française et belge.
Le mémorial de Villers Bretonneux est déjà en place depuis 1938, sur la route départementale 23 ; il est construit sur l’un des champs de bataille ; on y trouve de nombreuses tombes de soldats, et, gravés sur un mur, les noms de 10 700 australiens qui y ont péri mais qui n’ont pas de sépulture connue.
Nous voici parés de nos gilets et casques orange, nous engouffrant dans le futur centre d’interprétation Sir John Monash. Sa particularité est de ne pas faire d’ombre à l’actuel mémorial historique, car il est construit en partie sous le niveau du sol.
On y accède par des rampes inclinées qui font penser à des tranchées, bordées de murets en briques rouges ; comme vous le voyez, sur certaines d’entre elles, des mots sont gravés, évoquant la vie dans ces excavations. A l’intérieur, de nombreux éléments seront en bois, avec des essences qui proviennent directement d’Australie.
Timothy Williams nous guide dans cette visite privilégiée, il est l’architecte en charge du projet, confié à l’agence Cox, qui est derrière la conception du bâtiment. Mais pourquoi ce nom donné au centre ? John Monash, qui était à l’époque Général (et pas encore anobli par la reine) mena les forces australiennes sur le Front Occidental en 1918 et c’est grâce à sa stratégie, qui devint par la suite un modèle pour les futures opérations militaires, que ce fut une victoire rapide et incontestable le 4 juillet 1918 à Le Hamel.
Le centre est en fait un prolongement de l’expérience du Mémorial et du Cimetière, et clairement connecté à ceux-ci d’un point de vue abstrait et géométrique. Un occulus triangulaire permet d’ailleurs d’apercevoir la tour du Mémorial.
Voici un aperçu du centre tel qu’il sera une fois terminé ; une grande salle d’immersion visuelle faisant appel aux dernières techniques multimédia aidera les visiteurs à comprendre le rôle joué par l’Australie sur ce front ainsi que l’impact de la guerre et des lourdes pertes subies par cette nation encore émergente.
Sur ce croquis on voit bien le toit « champ flottant » qui a été choisi pour préserver le patrimoine du Mémorial, tout en laissant entrer la lumière naturelle.
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas tout dévoiler …. l’ouverture est prévue en Avril 2018 ; l’entrée est gratuite mais il est préférable de réserver si vous êtes en groupe.
A Villers Bretonneux j’ai pu également visiter le musée Franco Australien, qui présente de nombreux souvenirs de cette période. Il y a un lien très fort qui relie le village, détruit à 80 % pendant la guerre, à l’Australie. Ce sont en effet les soldats australiens qui ont libéré la ville, et ont aidé ensuite à la reconstruire entre 1923 et 1927, dans un superbe exemple d’entraide grâce à une collecte de fonds notamment dans les écoles du Victoria, une amitié qui est encore réelle aujourd’hui.
L’école aujourd’hui appelée « école Victoria » en est aujourd’hui le symbole, voyez ma photo ci-dessous, dans le préau, avec la phrase « Do not forget Australia« .
Costumes, affiches, armes … j’ai trouvé la visite très intéressante et instructive.
Il y a un bon nombre de belles photos en noir et blanc de soldats, prises souvent pendant leurs permissions.
Nous avons terminé cette journée en allant voir le site du mémorial de Le Hamel (photo du village ci-dessous).
Ce mémorial fait partie du circuit du Souvenir Australien sur le Front Ouest, dont font partie (entre autres) Ypres en Belgique, Pozières, Fromelles, ou Bellenglise.
Merci à l’agence Cohn & Wolfe, à Caroline Bartlett à Timothy Williams , à la mairie de Villers Bretonneux et l’office du tourisme de la région de Somme pour leur accueil.
CENTRE SIR JOHN MONASH
Route de Villers Bretonneux
80800 FOUILLOY
Site Web : https://sjmc.gov.au/?lang=fr
SOMME TOURISME
Site Web : https://www.somme-tourisme.com
3 réponses sur « Centre Sir John Monash »
Un article qui change de ce qu’on voit habituellement comme destinations …
Je connais bien la région pour y avoir vécu durant 7 ans, mais je connais assez peu ces lieux de mémoire. Je profiterai d’un prochain retour dans la famille pour visiter ce mémorial qui me parait vraiment passionnant!
Après la visite du centre John MONASH,vous pourrez découvrir le champ de bataille de LE HAMEL en vous rendant par tous les temps à tous les endroits stratégiques dans notre attelage 5 places tiré par PENSEE notre jument de trait boulonnais.
Nous proposons ce circuit depuis juin 2006,
Nous sommes membres du réseau Somme battlefield partner.
Nous irons visiter le centre John MONASH avec SBP le 17 avril 2018