Nous avons choisi par cette après-midi ensoleillée de nous rendre à l’ouest de Leipzig, et nous avons bien fait.
Les deux quartiers voisins de Plagwitz et Lindenau formaient le coeur industriel de la ville à la fin des années 1800 et au début des années 1900. Nous commençons par l’énorme site de la filature de coton Spinnerei, puis Kunstkraftwerk, et enfin Tapetenwerk. Nous avons eu l’opportunité de voir Feinkost dans le quartier sud un autre jour, pendant notre tour guidé gourmand.
SPINNEREI
Spinnereistraße 7, 04179 Leipzig, Allemagne
Site Web : http://www.spinnerei.de/
Après quelques difficultés à trouver l’arrêt du tram 14 sur Augustuplatz, nous voici débarquées au terminus S.-Banhof Plagwitz et à seulement quelques dizaines de mètres nous pénétrons sur un immense site qui ouvrait grand ses portes ce week-end là : la Spinnerei …. du coton à la culture. La gravure de l’époque (ci-dessous) vous donne une idée de la taille de cette usine …
A l’entrée de la Spinnerei, un plan permet de mieux nous repérer, tous les bâtiments sont numérotés et les différentes galeries d’art, bureaux ou cafés sont bien situés et identifiables. Visiblement beaucoup de Lipsiens sont venus en vélo, pour voir de nouvelles expos mais aussi profiter du soleil de fin d’hiver …
L’idéal est de commencer la visite par le premier bâtiment à gauche, où se trouve un bureau d’information mais aussi un petit espace-musée qui donne un aperçu de ce à quoi ressemblait le site pendant sa période d’activité, il y a un peu plus de 125 ans. Les grosses balles de coton arrivaient sur de petits wagons, pour être ensuite transformées en fil qui servait à la confection. Grosses bobines, bureau de chef d’atelier, photographies des employées, c’est un grand coup de nostalgie qui s’empare de moi en voyant comment les choses ont changé.
Entre 1840 et 1880, l’industrialisation programmée de l’Allemagne battait son plein ici, dans cette filature qui était la plus grande d’Europe. Il y avait non seulement l’usine, mais également tous les logements pour les ouvriers sur les 90 hectares dédiés à l’industrie, jusqu’à une gare créée spécialement pour l’acheminement des matières premières, et l’utilisation des canaux attirait également les firmes.
Voici une photographie des employées (un des nombreux ateliers je suppose) prise en 1909 … je suis toujours un brin émue quand je vois tous ces visages (plus ou moins souriants) et m’interroge sur ce que sont devenus ces personnes … vous aussi ?
A partir de 1920 l’activité a commencé à décliner, les forces se concentraient déjà sur l’industrie de l’armement, la spéculation des marchés n’arrangeant rien, puis la deuxième guerre mondiale, et enfin le déclin de l’économie socialiste de l’Est, même si cette partie de la ville a été épargnée par les bombardements.
La plupart des usines ferment les unes après les autres …. puis la chute du mur et la réunification de l’Allemagne sonnèrent le glas des industries à Leipzig, et avec ceci la désertification des nombreux logements qui avaient été construits pour les ouvriers, partis dans d’autres régions de l’Allemagne, et surtout à l’Ouest … comment être compétitif dans ce marché soudainement ouvert ?
Dans l’une des galeries, une exposition temporaire sur les Bahamas remporte un grand succès mais pour autant on n’est pas les uns sur les autres, tant l’espace est conséquent …
On s’est senties à l’aise dans ces grandes pièces qui n’ont pas l’atmosphère guindée et précieuse de certaines galeries d’art … Les enfants ne sont pas regardés de travers et sont au contraire les bienvenus.
Une dizaine de galeries d’art est installée ici, ainsi qu’un espace associatif dans le bâtiment 14. L’un des premiers artistes connus à installer son studio ici est Neo Rauch, issu de la nouvelle école de Leipzig.
KUNSTKRAFTWERK
Saalfelder Str. 8, 04179 Leipzig, Allemagne
Site Web : http://www.kunstkraftwerk-leipzig.com
Pour cette deuxième visite, nous avons rejoint Lindenau et cette ancienne centrale à charbon longtemps restée à l’abandon et transformée en galerie d’art (Kunstkraftwerk signifie « centrale de l’art »). Cet endroit, aux proportions bien plus modestes que la Spinnerei, conserve des éléments d’origine, ce qui fait son charme. Il fut construit en 1860 pour être d’abord une centrale à gaz (pour le chauffage des habitations et pour l’énergie des tramways), puis une centrale à charbon (toujours pour le chauffage) dans les années 1960, brûlant jusqu’à 6,5 tonnes de charbon par heure … Le site ferme brutalement au début des années 1990, car on ne lui livrait plus de charbon à brûler. Nous passons l’imposant portail en métal rouillé et longeons le bâtiment …
Nous sommes passées de pièce en pièce (deux grandes pièces immenses étaient la brûlerie et la salle des machines), appréciant surtout l’immersion totale « Immersive Art : Hundertwasser experience », une projection de d’animations sur les quatre murs. Cela m’a rappelé ce que l’on peut voir aux Baux-de-Provence.
Le site fut acheté en 2012 par deux partenaires férus d’art, Markus Löffler et Ulrich Maldinger, dont l’idée était d’en faire un lieu artistique, mais aussi tourné vers la science. Ouvert en 2016, les expositions s’y succèdent avec grand succès.
TAPETENWERK
Lützner Str. 91, 04177 Leipzig, Allemagne
Site Web : http://www.tapetenwerk.de
Troisième site, cette fois-ci ancienne fabrique de … papier peint, fondée en 1873. C’était la deuxième entreprise de papiers peints d’Allemagne, en activité jusqu’en 1990, elle a ensuite fabriqué des sets de table pour la compagnie aérienne Lufthansa, mais cela n’a pas duré très longtemps.
L’architecte Jana Reichenbach-Behnisch (RB architects) et son mari ont racheté les lieux en 2007, et après réhabilitation des espaces,on y trouve maintenant des galeries d’art, studios, une cantine commune (là même où se trouvait la cantine de l’usine), tout ceci sur 6000 m². Les artistes, designers, architectes … y ont accès à des espaces de travail avec des loyers modérés, un esprit d’émulation réside ici dans ce véritable pool d’idées créatives.
On a pu y voir un peu de street art, commandé par les désormais propriétaires des lieux, réalisés par les artistes Elmar Karla, Clara Reichertz, Uwe Arnold, Bond Truluv, Vesuv, FalkLand, Dennis Klatt (Hifi) and Rene Meyer.
FEINKOST
Site Web : http://www.feinkostgenossenschaft.de
Feinkost signifie « épicerie fine », ou « delicatessen » … c’est d’ailleurs juste à côté d’une enseigne lumineuse en néon mettant en scène la famille cuillère que vous trouverez cet ensemble reconverti, devant laquelle quelques tables et chaises sont installées pour un biergarten improvisé aux beaux jours (entre mai et septembre).
Dans la petite cour colorée se trouve un artisan qui fabrique des chaussures sur place (Fussgaenger) , une échoppe de vêtements féminins, un très beau hangar où on peut trouver du mobilier vintage (magnifiques suspensions, bureaux … – hélas photos interdites, mais voici leur site : https://www.goldstein-interieur.com/de/ ) ; le marchand de jouets Capito est tout petit mais a plein de choix, Mrs Hippie vend des vêtements de créateurs faits à Leipzig à des prix raisonnables.
S’y déroule régulièrement un marché de street food (26 août – 18 novembre sont les prochaines dates annoncées), qui attire beaucoup de monde, ainsi qu’une brocante sur toute l’avenue Karl Liebknecht, appelée par les locaux « Karli ». En tous cas j’ai adoré l’ambiance qui règne ici, vraiment créative et inspirante !
Leipzig a encore beaucoup de lignes de son histoire à écrire … l’abondance de logements à un prix raisonnable, de même que les lieux qui peuvent accueillir des entreprises, en fait un lieu privilégié de découverte où peut-être s’installer pour construire un futur peut-être sans industrie mais toujours dynamique. Surveillez le blog car je veux aussi vous montrer que la nature est très présente dans la ville, grâce à de grands parcs …
LEIPZIG TRAVEL
Site web : http://www.leipzig.travel/
TOURISME ALLEMAGNE
Site Web : http://www.germany.travel/fr/index.html
7 réponses sur « Leipzig arty »
Voilà un voyage qui me plairait bien Merci pour la visite.
j’espère que tu auras l’opportunité de la découvrir à ton tour prochainement ! En Saxe il y a aussi Dresde, pas très loin !
Encore une fois quel plaisir que de replonger dans les souvenirs de ce si joli voyage. Et si nous retournions savourer une bière au soleil à la Spinnerei avant d’aller flâner dans ses galeries ? Et bonne route pour ta prochaine destination.
oui ça me tenterait bien ! c’est une ville qui vaut le détour … merci Virginie !
Quel joli aperçu de la ville! 🙂 Bises
Encore une ville allemande qu’il me faudra découvrir (et qui me changera de Stuttgart ;-)) !
Je suis totalement fan de ces lieux réhabilités où l’art s’expose!