J’ai eu le privilège d’assister il y a plusieurs mois de cela à une séance photo pour le site en ligne de Point Gourmet, dans les studios lyonnais du photographe culinaire Julien Bouvier. C’était très intéressant de voir comment travaillaient le photographe et le styliste culinaire, même si le shoot ne concernait pas des plats cuisinés mais des produits.
Le cuisinier était à l’oeuvre avec son assistante pour réaliser des desserts pour le catalogue d’une marque connue, une autre personne retouchait sur l’ordinateur quelques images,…. une vraie ruche !
C’était bien sûr l’occasion de mettre gentiment sur le grill J. Bouvier et de lui poser quelques questions sur sa profession ! Il s’est gentiment prêté au jeu !
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ATOML : bonjour Julien Bouvier, merci de me recevoir … Vos activités couvrent plusieurs domaines, mais qu’est-ce qui vous a amené à la photographie culinaire ? Un créneau à prendre sur la région, un goût pour les bonnes choses ?
JB : Voilà plus de dix ans que j’exerce mon métier et je ne m’en lasse pas ! J’ai cette chance et croyez-moi j’en profite !
Ce qui m’a amené à la photographie culinaire est avant tout la passion :
Pour la cuisine en général, qui offre une telle diversité de produits de couleurs, c’est un univers où l’on apprend et découvre tous les jours, c’est passionnant !
Pour la rencontre de personnes pour qui j’ai un grand respect : les chefs, en général, car ce sont de vrais artistes, j’aime travailler et magnifier leurs créations au travers de mes photos c’est une manière de leur rendre hommage. Je dis toujours que je considère la cuisine comme le 8ème art ! Eh oui ! Pourquoi pas !?
Pour conclure, je pense que la passion est indispensable dans ce métier car elle vous apporte ensuite toute la créativité nécessaire à la réalisation de belles prises de vues.
Il n’y a pas de créneau en particulier nous avons juste le privilège de travailler dans une région qui compte de bonnes et belles choses à manger et donc à prendre en photo !
ATOML : Qui sont vos clients ? (restaurants, maisons d’édition, …)
JB : Toute notre activité est désormais concentrée sur le culinaire ! Elle repose sur plusieurs années d’expérience, donc autant dire que la liste de nos clients est diverse et donc très variée, cela peut aller d’un reportage pour un restaurant, un chef, à l’élaboration de recettes uniques à mettre en image pour un magazine, un livre, …. ou encore la couverture d’un évènement culinaire (Championnat de France de Desserts ).
Ce qui est intéressant avec nos clients, c’est la diversité que l’on peut avoir sur chaque prise de vue ; il faut continuellement remettre notre travail en question pour obtenir à chaque fois le bon visuel et surtout la satisfaction du client.
ATOML : Vous vous êtes récemment installé dans ce studio ; pouvez-vous décrire les lieux et votre équipement tant photographique que culinaire ?
JB : Mon studio est composé de quatre plateaux de travail entièrement numérisés avec un plateau en lumière naturelle (option importante dans le monde de l’édition) ; nous assurons également en interne un service de post-traitement, ce qui nous permet d’assurer les retouches de toutes nos photos.
Et puis il y a un élément indissociable du studio : la cuisine ! Entièrement équipée, elle offre tout le confort nécessaire au styliste et au chef pour la réalisation de recettes et pour des prises de vues spécifique qui nécessitent un environnement en cuisine (photos d’ambiance par exemple) …
Nous disposons également d’un stock important de vaisselles, fonds divers … nécessaires à la composition des visuels.
ATOML : Pouvez-vous nous expliquer comment se passe le shooting pour un livre de recettes par exemple ? Qui participe ? L’auteur, un styliste culinaire ?
JB : Une fois que nous avons le cahier des charges du client ( nombre de recettes, thèmes …), il faut impérativement faire plusieurs réunions de travail pour dégrossir le projet.
Tout commence par la réalisation des recettes à faire valider par le client ; cette étape terminée, on s’attache à créer l’univers du livre en composant les ambiances pour chaque recettes : choix des fonds, des contenants …
Il faut qu’il y ait une bonne émulsion entre le photographe et le styliste car cela ce ressentira automatiquement dans les prises de vues, c’est un vrai travail d’équipe !
ATOML : Quels sont les plats les plus difficiles à photographier, à rendre appétissants ?
JB : Les tartes en général ! Eh oui ça peut paraître surprenant, mais il est toujours très difficile de diversifier ce type de visuels, surtout quand vous avez tout un livre à réaliser sur ce thème, c’est là que la créativité prend tout son sens ! Et que le travail entre le photographe et le styliste doit être parfait !
ATOML : Dégustez-vous ensuite ce qui vient d’être photographié ?
JB : Toujours… ! Parce que je suis curieux ! …Mais surtout gourmand ! 🙂 et puis cela permet de s’imprégner gustativement de ce que l’on a shooté et de voir si ‘a bien interpréter le rendu de la photo … c’est la seule excuse que j’ai trouvé pour avoir le nez dans les casseroles !
ATOML : Y a-t’il un photographe culinaire que vous admirez particulièrement ?
JB : Deux photographes en particulier : Philippe Barret et Etienne Heimermann : deux styles différents mais qui prouvent par leur expérience que n’importe quel produit peut avoir sa propre identité visuelle.
ATOML : Pouvez-vous donner quelques astuces aux blogueurs culinaires pour améliorer leurs photographies ?
JB : Quelques astuces simples et efficaces :
1/ Privilégier la lumière naturelle : c’est une lumière qui vous apportera de bons résultats, n’hésitez à vous rapprocher d’une fenêtre, d’un endroit qui vous offre une lumière diffuse et douce. Eviter l’éclairage en lumière du jour directe car elle a tendance à « brûler » votre composition ; si vous voulez faire une effet surexposé il vaut mieux le créer avec votre appareil photo numérique, passez en mode manuel et descendez ou augmentez votre vitesse ( si vous optez pour cette solution, il est impératif de travailler sur pied )
2/ Travailler toujours en mode manuel, je sais qu’il n’est pas évident d’éplucher le mode d’emploi de son appareil photo mais cet effort peut s’avérer payant car il offre un maximum de possibilités et il ne limite plus votre champ d’action ; il ne faut pas oublier que c’est la technique de votre appareil qui se met au service de votre créativité. Il ne faut pas que l’usage de votre appareil devienne une contrainte.
3/ Ensuite, il faut analyser et comprendre votre composition : cela passe par la cohérence des couleurs, une règle simple : pas plus de deux couleurs !
Merci Julien d’avoir répondu à ces quelques questions, et merci pour votre accueil !
JULIEN BOUVIER
Site Web : http://www.julienbouvier.com/
3 réponses sur « Entretien avec Julien Bouvier »
Très belle rencontre. J’aimerai beaucoup les voir travailler ces photographes, ce doit être passionnant!
Article très intéressant ! Merci 🙂
Super ton article!
Et ce studio photo fait rêver 🙂