Il m’arrive peu souvent de séjourner dans un lieu si chargé d’histoire, où authenticité rime si bien avec luxe mais aussi convivialité. A un peu moins d’une demi-heure de l’agitation lyonnaise, voici le Château de Bagnols, au coeur du Beaujolais. Je suis ravie de vous montrer un établissement de la région où je vis, où vous pourrez faire une halte plus ou moins longue, en pleine campagne, sans trop vous éloigner des axes de circulation.
Sans vous raconter toute l’histoire du château (car elle est plutôt longue : huit siècles !), je vous dévoilerai tout de même que celui-ci voit le jour en 1217, à l’initiative d’un certain Guichard d’Oingt, un seigneur très puissant de la région. Vu l’époque vous vous doutez bien que c’était davantage une forteresse à pont-levis qu’un château, ce n’est qu’à la fin du XVème siècle qu’on pratique des ouvertures sur les murs extérieurs. Sous l’influence de la famille des Médicis, Lyon devient une capitale commerciale et financière du royaume de France.
Au fil des années qui vont suivre et des propriétaires successifs, la forteresse deviendra donc un château, agrémenté d’une fort belle cour Renaissance, où les carrosses pouvaient rentrer et y déposer leurs occupants.
Après avoir été possédé par des familles prestigieuses comme la famille d’Albon, la famille de Balzac, Camus, Chavanis …. nous arrivons en 1987 où Paul et Helen Hamlyn en font l’acquisition. Ils vont mener de grands travaux de restauration, respectueux de l’histoire du lieu (le château de Bagnols avait été laissé à l’abandon après la fin de la deuxième guerre mondiale). C’est aussi le début d’un nouveau rôle pour lui : celui d’hôtel-restaurant.
En mars 2012, c’est le Groupe Lavorel qui rachète cette belle demeure. Il y poursuit les travaux d’embellissement pour en faire l’un des plus beaux hôtels de la région, et je trouve que c’est franchement réussi. Avant de visiter le reste, je vous propose de passer comme nous à table car il est déjà l’heure du dîner : dans la grande salle des gardes, on est irrésistiblement attiré par la cheminée monumentale qui revêt le blason de Charles VIII, qui a dormi ici en 1490. Cette cheminée gothique est paraît-il la plus grande de France, voire d’Europe !
Après une coupe de champagne et quelques amuse-bouches délicats (raviole de gambas à la pomme de terre douce et émulsion de céleri rave par exemple), nous profitons de notre menu « Seigneurs d’Albon ». Les artichauts « Poivrade » en entrée, puis le pigeon fermier « Bressan » au foie gras et graines de lin (ci-dessous) ou le blanc de sandre aux épices d’Orient. Les pâtissiers ont su me séduire également, avec le Saint-Honoré aux fruits exotiques et le Chocolat grand cru Manjari, un biscuit moelleux aux noix de pécan et noisettes, et son sorbet au cassis.
Le Chef Jean-Alexandre Ouaratta, d’origine réunionnaise, est derrière les fourneaux depuis 2013. Il a un très beau parcours puisqu’après un passage à l’Arc-en-Ciel à Lyon puis à l’Auberge du Pont de Collonges, il a travaillé chez les plus grands comme Marcel Ravin à Monaco puis Yannick Alléno au Meurice puis à Courchevel. Il a quitté le Royal Mansour de Marrakech pour poser ses casseroles dans ce beau cinq étoiles et l’on s’en réjouit, espérons que le Guide Michelin récompensera ses efforts ainsi que ceux de son équipe en décernant une étoile au 1217, le restaurant gastronomique.
** Edit du 3 février 2016 : 1ère étoile Michelin décernée par le célèbre guide, bravo Jean-Alexandre !! **
Le Café du Château avec un esprit plus bistrot, vous accueille dans la cour revêtue maintenant d’une belle verrière, avec des menus à 24 ou 28 euros à midi.
Passons maintenant à la visite de notre suite, nommée Dame Charrière de la Roche (suite n°7). J’ai oublié de mentionner que dans le Château on compte douze chambres, huit suites et un appartement. Il existe maintenant quelques chambres plus modernes, d’inspiration contemporaine, que je vous montrerai en fin d’article. Cette ancienne chapelle est très vaste (environ 35 m²), très sobrement décorée, murs blancs et peintures d’origine hélas partiellement présentes. Les tomettes au sol en auraient des choses à raconter ! Deux anges sculptés ont veillé sur notre sommeil ….
La salle de bain est située dans une tour, quelle bonheur de faire sa toilette dans ce lieu inondé de la douce lumière du matin 🙂 Mention spéciale pour les wc déguisés en trône sculpté dans le bois …
Les brumes se lèvent doucement sur la campagne, je suis restée longtemps à contempler la vue depuis nos fenêtres. Au premier plan, les nombreux cerisiers des jardins du château.
Avant de descendre prendre le petit-déjeuner, c’est un plaisir de déambuler dans les escaliers et salons … ci-dessous, le Grand Salon, de style Renaissance italienne. Ses tommettes dates du XVIIIème siècle. On peut prendre un livre dans la bibliothèque, et se prélasser dans les canapés pendant des heures !
Voici donc la cour intérieure, où est servi en buffet le petit-déjeuner. Bien sûr l’équipe en cuisine peut préparer vos plats à la demande, notamment les oeufs, sous toutes ses formes. Si vous êtes intolérant au gluten il vaut mieux prévenir avant votre arrivée, afin que du pain adapté soit commandé au boulanger qui fournit le château. Tout était parfait, j’ai apprécié le jus d’orange fraîchement pressé, le yaourt d’une laiterie artisanale, les pains variés et les viennoiseries bien fraîches, ainsi que la confiture de cerises du château. Les autres confitures de fruits sont de la marque Alain Milliat (Orliénas).
En remontant à notre chambre, j’observe les marques de tâcheron, ces signes gravés dans la pierre dorée par les tailleurs de pierre. Cependant lorsqu’ils s’agit d’une croix, c’est le symbole de la bénédiction par l’Eglise. Cette montée d’escaliers comporte une des premières mains courantes taillées dans la pierre, l’ancêtre de nos rampes actuelles.
Avant de rejoindre la réception pour une visite personnalisée, nous avons choisi de nous relaxer un peu au tout nouveau spa. Avec ses pierres apparentes, il est vraiment très chic, avec des cabines de soin accueillantes. Une petite piscine est doucement éclairée par les fenêtres en hauteur. C’est un endroit très relaxant, dommage qu’il y ait si peu de place, seulement trois transats. Des casiers fermant à clef garderont vos effets personnels, et des peignoirs, serviettes et chaussons vous sont remis à votre arrivée. Salle de fitness avec télévision et hammam complètent cet espace aménagé dans l’ancien Cuvage du XIXème siècle.
Après cette séance de relaxation dans le bassin chauffé, il était temps de se rhabiller car j’avais rendez-vous avec Monsieur Jean-Michel Lazarrelli, Chef de Réception, pour un tour du domaine. En l’attendant on feuillette l’album photo qui retrace les différentes étapes de restauration de cette bâtisse à l’histoire si riche.
C’était très intéressant de se faire raconter l’histoire si riche du Château par quelqu’un qui y travaille depuis longtemps. Dans la cour sont plantés des arbres de Judée, garnis de fleurs roses au printemps, ainsi que des mûriers, des arbres très à la mode auparavant à Lyon car les Canuts Lyonnais s’en servaient pour nourrir leurs vers à soie. Nous y reviendrons tout à l’heure pour y visiter quelques chambres, dans les bâtiments qui la longent.
Direction la belle allée des lavandes, dont les fleurs sont récoltées tous les ans, mises en bottes, séchées, pour embaumer les chambres de l’hôtel. Le château était équipé de sa propre glacière pour conserver les aliments. On y abrite aujourd’hui quelques chambres froides.
Surprise de taille, cette piscine romaine chauffée ouverte durant les mois d’été, qui ressemble davantage à un bassin italien, entourée de tilleuls aux feuilles d’or à la saison de ma visite.
Notre guide nous montre ensuite quelques suites « Jardin », aménagées dans les annexes du château. Elles ont chacune une personnalité propre, des volumes impressionnants. Elles font entre 35 et 110 m² de superficie.
Pour terminer nous avons découvert l’une des quatre nouvelles suites créées dans l’ancien cuvage, près du Spa. Ce sont les suites « Chai », de 35 à 40 m². Bien que très contemporaines, leur décoration aux couleurs sobres mais néanmoins chaleureuses, où on retrouve la pierre et le bois, m’a beaucoup plu. Les salles de bains sont très fonctionnelles également.
Je suis sûre que vous me croirez si je vous dis que j’ai eu du mal à quitter le Château de Bagnols, on ne reste pas indifférent à ce type de demeure historique …. Encore désolée pour l’article si long mais il y avait tant à raconter et à montrer ! Un dernier regard sur la campagne environnante …. puis fermer les yeux pour imaginer les différentes familles qui ont vécu ici …. boucler la valise et s’en aller, en espérant revenir aux beaux jours …. au-revoir mon beau Château !
Suite Dame Charrier de la Roche (Suite « Château »)
CHÂTEAU DE BAGNOLS
69620 BAGNOLS
Site Web : http://www.chateaudebagnols.com/fr
* INVITATION *
5 réponses sur « Château de Bagnols »
Merci pour ce revival.. j’ai tellement adoré le château de Bagnols. Nous avions séjourné dans l’ Appartement Madame de Sévigné. Je suis ravie de découvrir le côté « moderne » , j’aime aussi beaucoup les suites « Chai ».. C’est sûr, nous y retournerons. Beau mardi Argone 😉
Merci à toi pour ton commentaire 🙂 Oui c’est une étape si romantique et charmante !
Un seul mot : Wahou! C’est vraiment impressionnant, je n’ai pas de mot devant ces lieux majestueux!
J’ai fait un séjour là bas également, et le lieu est magnifique… c’est exceptionnel de dormir dans un endroit qui a traversé le temps. et c’est majestueux. Très belles photos 🙂
Superbes photos. Je ne connaissais pas le Château de bagnols mais si un jour je vais dans le coin, je ne manquerai pas de m’y arrêter. Belle découverte.