Que diriez-vous de retourner dans le beau département de la Drôme ? Suze-la-Rousse se trouve à quelques kilomètres au sud de Grignan, aussi vous n’avez aucune excuse pour ne pas vous y arrêter également. Je l’ai trouvé plus authentique que ce dernier car peu de restaurations ont eu lieu … c’est un des rares châteaux qui n’ait pas été démantelé à la révolution française.
Moins connu et de style totalement différent de celui de son voisin, le château de Suze-la-Rousse mérite une visite ; c’était au Moyen-Âge la ville la plus importante du Tricastin. A l’époque elle appartient aux Baux de Provence qui rendent hommage aux évêques de Saint-Paul Trois Châteaux, qui eux-mêmes rendent hommage au Saint Empire … c’est le principe de la féodalité et le système des seigneuries.
Suze devient domaine royal en 1349 puisque le Dauphiné est rattaché à la France à cette époque-là.
Déjà l’arrivée au parking est très agréable, une allée de chênes truffiers qui nous conduit à l’imposante bâtisse, incrustée dans la roche, avec ses immenses remparts défensifs, et des douves profondes. Difficile d’imaginer qu’il n’y avait là au départ qu’une simple tour en bois, une maison de chasse autour de 1200.
C’est Bertrand 1er qui fit construire ce château plus ou moins tel qu’on le voit aujourd’hui, un château fort avec tous les attributs classiques de l’époque, et aussi un puits et une chapelle. Il y avait un pont-levis, qui fut supprimé au XVIème siècle, et son ouverture également, trop étroite pour y faire passer des attelages. On a préféré créer ce « pont dormant », et cette entrée cavalière, perpendiculaire à l’allée dite « royale » dont j’ai parlé plus haut, nommée ainsi car elle fut empruntée par le roi Charles IX pendant son Tour de France pour connaître ses terres.
C’est par un mariage, en 1426, entre Marguerite des Baux et Louis-François de la Baume que le château devient la propriété des La Baume-Suze, originaires de Grenoble …. la famille le conservera jusqu’en 1958 ! La dernière propriétaire n’ayant pas d’enfants, à son décès, elle a légué ses biens aux Orphelins Apprentis d’Auteuil, une oeuvre caritative de la région parisienne. C’était un peu un cadeau empoisonné car entretenir un château ça coûte cher …. ils voudront s’en séparer assez vite ; le conseil régional de la Drôme se porta acquéreur suite à une vente aux enchères en 1965. Il est classé aux Monuments Historiques depuis 1964.
Dès notre arrivée nous intégrons le groupe d’une visite guidée, c’est le week-end des « Journées du patrimoine », aussi nous avons droit à une découverte qui sort un peu de l’ordinaire, direction la caponnière du château …. pour cela il faut descendre dans les anciennes douves dans le bas des courtines, au niveau des fossés, et pousser une porte qui visiblement n’a pas été ouverte depuis longtemps, qu’on appelle poterne (elle se trouve dans les fondations) !!! Y découvrirons-nous les squelettes des touristes qui sont venus l’an dernier ? 😀
La caponnière servait lors des sièges du château, elle abritait des chambres de tir permettant d’être à l’abri des tirs directs de l’artillerie.
Direction ensuite en contrebas, pour déambuler dans le village, toujours en groupe et avec notre guide. Le village s’est développé en même temps que le château ; à cause des guerres de cent ans, les villageois sont venus s’établir au pied de celui-ci, protégés par les remparts.
Ci-dessous, au centre : la nouvelle église (XIXème siècle)
Les figuiers donnent de beaux fruits, certains déjà éclatés au soleil, dont les oiseaux se régalent … on pénètre dans la chapelle Saint-Sébastien, désormais dédiée à des expositions ponctuelles, et le presbytère. On peut grimper sur la terrasse (qui est en fait l’ancien toit), pour profiter d’une très belle vue sur la façade nord du château ! Un peu bizarre cette volée de marches qui ne mène nulle part …
Le clocher de 1765 est surmonté d’un campanile du XXème siècle et son pigeonnier … et visiblement un figuier semble s’y être installé !
Nous retournons par la « porte du dernier recours » à notre point de départ, pour enfin pénétrer dans l’enceinte du château. Cette porte date du XVème siècle et permettait de rejoindre le château depuis le village, une possibilité de repli en cas d’assault militaire. Un dernier coup d’oeil sur le village à nos pieds, et sa rue principale, les montagnes au loin …
On est ébloui par la cour intérieure de style Renaissance, qui date de 1551. C’est l’évêque d’Orange alors propriétaire du château qui a décidé cette transformation. On remarque qu’il y a beaucoup de fenêtres à meneaux et à double croisillon (traverses). Entre le XVIème et le XVIIème siècle le château a été embelli par la famille et a subi essentiellement des transformations décoratives.
Le château a également la particularité d’abriter depuis 1978 une « Université du Vin » en ses murs ; on retrouve d’ailleurs dans le musée une partie consacrée au patrimoine vini-viticole de la région. Depuis l’Antiquité la vigne fait partie de l’histoire de Suze la Rousse …
On traverse plusieurs pièces bien aménagées et où les explications sous forme de plaquettes qu’on peut emprunter est claire et en français et en anglais. Au premier étage se trouve un appartement composé d’une suite de chambres en enfilade, dont la « chambre du bailli ». Elle fait référence au bailli de Suffren qui était le vice-amiral de la marine française, vous avez sans doute déjà entendu ce nom.
Sa nièce avait épousé le comte Charles Louis de La Baume-Suze, c’est pourquoi la famille a souhaité lui rendre hommage en nommant cette chambre ainsi.
Dans une autre chambre, une bibliothèque accueille plus de 5000 ouvrages, qui étaient conservés par la marquise de Bryas-Suze, la dernière propriétaire privée du château. Elle fait partie de l’aile ouest, au dessus de l’entrée principale.
J’ai beaucoup aimé la pièce octogonale qu’on voit en photo ci-dessous, un salon appelé « le cabinet » et qui est situé dans la tour nord-ouest, décoré de grappes de raisin en stuc au plafond. C’est l’évêque de Viviers qui a souhaité cette décoration.
On voit également la salle à manger (où est exposée une collection d’assiettes, couverts et autres éléments d’arts de la table de l’époque) et l’antichambre : c’est là que patientaient les invités avant d’être reçus par le maître des lieux.
En retournant à notre véhicule, on déambule dans ce qui était une salle de jeu de paume, construite en 1564 par le neveu de l’évêque d’Orange, François de la Baume-Suze, pour le passage de Catherine de Médicis et de son fils, le roi Charles IX, sans doute pour les impressionner. Cette galerie couverte pouvait accueillir le public, mais il ne reste plus que les murs … j’ai aimé ce détail d’ouverture décorée de pétales rayonnants (oculus).
J’espère pouvoir préparer prochainement un article sur une autre voisine … la ville de Vaison la Romaine, très riche en éléments romains !
CHÂTEAU DE SUZE LA ROUSSE
26790 SUZE LA ROUSSE
Téléphone : 04 75 04 81 44
Site Web : http://chateaux.ladrome.fr/chateau-de-suze-la-rousse
Tarif : 5 € en visite libre, 6 € en visite guidée
5 réponses sur « Château de Suze-la-Rousse »
Voilà bien un département que je ne connais pas du tout, je n’arrive même pas à m’en faire une petite idée… Je suis donc ravie de cette très belle découverte, merci!
Une belle découverte pour moi qui ne connait que très peu ce département…
Quel joli endroit! Tes photos sont dignes de certes postales! 🙂 Bises!
Je ne me lasse jamais des visites, même virtuelles, des châteaux. Toujours passionnant je trouve. (:
[…] particulièrement, et vous dis à bientôt pour un autre article …. on se rendra notamment au Château de Suze-la-Rousse, superbe également […]